Le premier fut un amour platonique. Durant sept longues années j'ai soupiré après lui, rougi comme une collégienne lorsque je le voyais, faisant en sorte de croiser sa route "comme par hasard". Il n'y avait pas encore d'images dans ma tête, juste le désir que quelqu'un m'aime, quelque part. Il était un garçon doux, au sourire timide et au regard gris bleu interrogateur. Pendant longtemps son visage a hanté mes nuits, imprimé dans mon imaginaire nocturne de tendres émois et des rêves de princesses délivrées de sa tour par un preux chevalier sur son destrier blanc. Un amour adolescent, pur. Nous nous sommes le plus souvent fourvoyés dans des non dits, des silences pesants et des gestes ambigus laissant un goût d'inachevé. J'en garde un souvenir tendre, ému, nostalgique. Il m'a permis de comprendre que mon coeur aussi était digne d'aimer et d'être aimé.
Puis l'âge adulte et la terrible passion qui vous dévore, vous détruit dans une relation malsaine faite de haine et de dégoût de soi. Au début, l'amour était là, le plaisir du flirt, de la séduction, des frôlements qui vous donnent des frissons, des mains qui s'égarent comme des lèvres qui s'approchent un peu trop dangereusement du cou. L'excitation de se sentir un objet de désir aux yeux de quelqu'un. Puis l'histoire s'est transformée en cauchemar dont je subis encore malgré moi les conséquences. Celui-là m'a amené vers les rives de la folie et fait croire que l'amour n'était que haine ou souffrance. Celui-là m'a bloqué le coeur durant trois longues années.
Et il y a eu toi. Une fille... non une femme. Spirituelle, à l'humour ravageur et à l'intelligence acérée. Je n'ai pas vraiment compris ce qui m'arrivait. Je me suis posée des questions. J'étais désorientée, n'osant pas mettre de mots sur les sentiments que je commençais à éprouver à mon coeur défendant. J'ai bien lutté mais la fatalité l'a emporté sur tous mes préjugés, qui n'en étaient pas en vérité. C'est par le biais d'une froide machine que je t'ai rencontré et voulu te connaître davantage. Nous n'avions rien en commun et pourtant tout en commun l'une et l'autre. Repliées sur nous mêmes dans une ascèse des sentiments. Tu allais ton bonhomme de chemin sans savoir qu'en me répondant j'allais être un grain de sable sur la belle route droite que tu t'étais tracée. Après des nuits où j'ai douté, j'ai fini par m'avouer vaincue : oui, je t'aimais. C'est l'amour de la maturité. Libéré des contraintes, du quand-dira-t-on, des regards inquisiteurs, bien pensants - te prendre la main dans la rue comme si c'était la chose la plus naturelle au monde, puisqu'elle l'était. Je t'ai entouré, aimé avec une foi inébranlable, de manière constante et assurée. Je voulais t'apporter plus mais tu n'en a pas voulue, hélas. Tu m'as appris le désintéressement, le don et l'acceptation de soi. Mon coeur a longtemps battu pour toi....
J'ai aimé très peu, mais j'ai aimé fort. J'ai été amoureuse mais c'était différent.
11 Avis intrépides:
Une bien jolie confession... L'amour, un sentiment pas toujours facile à comprendre... Comme c'est compliqué! Il est bon de se dire qu'il faut profiter des moindres instants de bonheur, mais ce n'est pas toujours évident à appliquer. J'aime beaucoup lire les "témoignages", les bouts de vie d'autres personnes, afin de comprendre ma propre vie. Merci de nous faire partager tes émotions.
Tout ce que je sais, c'est que l'amour est la plus belle et aussi la pire chose.
Sa beauté on ne sait pas suffisemment la saisir quand elle nous entoure...Et lorsque l'amour s'achève, la douleur est juste la chose la plus douloureuse qui paraisse. On voudrait s'amputer. Je voudrais m'amputer de la douleur, et ne garder que les étoiles qui furent.
Trés beau texte petit Colibri.
@ Lu : il n'est pas facile de se dévoiler même si on se retrouve derrière un relatif anonymat. Je suis comme toi : j'aime lire le parcours des gens.
@ Bouclette : l'amour est si simple et si compliqué ! La douleur finit par passer avec le temps. Tu sais que je suis là.
Où s'arrête l'Amitié? Où commence l'Amour?? Merci d'être toi aux travers tes écrits...Bonne journée dame Martienne
:'( J'avais écrit un beau message qui s'est égaré dans les surcharges réseau de blogger
je résume donc : joli texte, exercice difficile, bravo !
(çà c'est du résumé !)
Joli texte... J'aime particulièrement la troisième partie, les questions, doutes... je les ai connus aussi. Depuis deux ans j'ai la chance d'aimer et d'être aimée, mais plusieurs fois cela a été à sens unique, évidemment...
@ Anonyme : c'est un exercice plus difficile de se livrer de cette façon mais bon, je me lance :).
@ Plume : tiens, j'ai eu le même tour en essayant de poster un commentaire chez toi. merci du compliment.
@ Marine : les doutes je ne les ai plus, c'est certain. Je sais qui je suis... enfin.
Bravo un magnifique récit ou pour ma part je me suis reconnue dans la première partie!
Un amour fort mais très douloureux qui m'a laissé des séquelles à tout jamais...
Un jour on rencontre le vrai, le fusionnel et là tout change !
Bonjour Petit fée, et merci de ta visite.
Pour ma part j'ai vécu cet amour-passion et je n'ai pas vraiment envie de le revivre. je regarde à deux fois et je m'emballe moins on va dire...
Très beau texte. Toi qui au debut hésitait à parler de toi, je trouve que c'est une très belle confession qui remet à sa place la notion d'"amour" qu'on les gens et qui emploient ce terme à tord et à travers.
Mes respects.
Merci Seb. Se dévoiler c'est comme quand tu rentres dans l'océan : d'abord une jambe, ensuite l'autre...
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