vendredi 18 novembre 2022

Comme dans une comédie romantique...

En fait, le titre est trompeur et indique tout le contraire.

La vie, ce n'est pas comme dans un de ces innombrables téléfilms de noël dégoulinants de bons sentiments jusqu'à l'écoeurement. Non, moi dès que j'ai une idée un peu romantique, ce n'est certainement pas cette perfection que l'on voit dans ces romances à l'eau de rose. On est chez l'intrépide pas dans Love Actually, même si j'adore ce film. 

Mettons du contexte pour comprendre la chose et souligner mon côté Gaston Lagaffe.

Mon amoureuse étant partie pour une semaine au loin pour son travail, le temps me semblait long. Très long. Même si les moyens de communication permettent de garder ce lien. Comme on dit, un seul être vous manque... Son avion atterrissant en fin d'après-midi, j'ai eu l'idée de la surprendre et de l'attendre dans le hall de l'aéroport.

Dans l'absolu c'était une très belle idée. Le film parfait, moi une rose entre les dents ; elle, sous le coup de l'émotion en voyant que je suis là.  Mais je m'emballe.

A chaque fois pourtant c'est imparable : la surprise que je pense parfaite dans ma tête prend un coup dans l'aile, sans mauvais jeux de mots. Sans doute la loi de Murphy ; celle où étrangement il pleut juste au moment où l'on sort. Techniquement, j'étais dans les temps. Son avion avait pris du retard et j'étais pile à l'heure selon mon planning pensé dans les moindres détails. 

Sauf que...

Au lieu de prendre le bon bus, je me suis plantée, une nouvelle fois. Entendons-nous bien, le bus était le bon - je m'en étais assurée. Mais pas dans le sens qui convenait, hélas. En effet : au lieu de m'amener vers l'aéroport je faisais demi-tour. Je revenais à mon point de départ donc. C'est ballot ça ! Si je ne suis pas la reine des truffes, je m'approche dangereusement du titre.

Maladroite un jour : maladroite toujours.

Bref, il fallait que je rattrape ma boulette.

Mais les dieux ne l'entendent pas de cette oreille. Ce saligaud d'Eros faisait la grève en me laissant me démener et courir comme si je m'apprêtais à faire le marathon de New York. 

Loi de Murphy bis : quand on tente de reprendre la correspondance, les portes se referment sous votre nez et vous êtes bons pour prendre le prochain, prévu dans quatre minutes. Ce qui normalement devrait le faire.

Oui, mais c'est que vous ne connaissez pas les aléas des transports en commun à Bruxelles et les joies du trafic de 17 heures 30, un vendredi soir. Tout le monde se barre.

Bref, je vais faire la faire courte : le bus suivant jouait avec nos nerfs en affichant une attente complètement anarchique. Et ça n'en finit pas d'afficher une minute, puis trois, puis deux, une et de nouveau trois, et ainsi de suite. Il était bloqué dans les bouchons ou coincé dans la quatrième dimension : nul ne le saura jamais ! Le temps défile et mon coeur fait la samba dans la poitrine à force de s'énerver, de tempêter.

Comme je ne suis pas folle - enfin, un petit peu quand même,  j'ai tenté par tous les moyens de prévenir ma dulcinée que j'étais en route et qu'il fallait qu'elle ne bouge pas. Je sais : point de surprise au bout du compte. Mais la dernière fois que j'ai sauté dans mes baskets pour la chercher en gare de Bruxelles Nord, j'ai loupé le coche : la surprise étant totale, on s'est ratées, de peu. Ce qui m'a valu par la suite un drôle de voyage retour dans le fameux tram 25 de la mort, celui que tu évites tard le soir,  à côté d'un type qui clairement  n'avait pas la lumière à tous les étages et avec qui je me suis crue dans street fighter. Le genre d'abruti qui s'en prend à tout le monde. Peut-être l'objet d'un autre billet. Parce que c'était plutôt cocasse avec le recul. Je suis petite mais je sais ouvrir ma gueule.

Donc, point de surprise c'est vrai. 

N'empêche que le geste n'en était pas moins romantique. La suite je la garde pour moi, comme un souvenir dans ma boîte à bonbons. 

Hey, vous les scénaristes ! Oui, vous : prenez en de la graine et mettez en scène un truc enfin réaliste !


mercredi 16 novembre 2022

Harcèlement immoral

On parle toujours de moral quand il s'agit de harcèlement. Moi je pense le contraire. D'où qu'il vienne et quoi qu'il en soit, le harcèlement est toujours un acte immoral car il sape toute confiance en soi. Il en faut du travail sur soi et des années avant de remonter. 

J'en ai été hélas la victime. Même si ce mot "victime" me répugne au plus haut point.

Remontons le temps à quelques années. Bien avant que je change de domaine et de métier. 

Quand on a une personnalité forte telle que la mienne, c'est toujours curieux de voir toutes ces attentions qui se cristallisent autour de soi. Et quand  je parle d'attentions il ne s'agit certainement pas de bienveillance. Le fait est qu'on ne harcèle pas une personne faible mais bien celle qui a un caractère en dehors de la norme, qui se démarque non pas pour être différente mais juste parce qu'elle est incapable de penser autrement, de rentrer dans un moule ; celui que la société veut nous imposer afin que nous faire croire que nous aussi on a droit à notre part du gâteau. 

Des études ont été faites à ce sujet sur la typologie des harceleurs et des harcelés. Je n'invente rien. 

Je suis pourtant une personne simple. J'aspire à peu de choses en vérité. Juste faire mon trou et me sentir bien dans mes baskets à défaut de ma peau.

C'est dans le cadre du travail que j'ai subi de plein fouet cette attaque permanente, insidieuse. Il y a plus de de dix ans déjà. Ce genre de choses vous marque, comme la fois où vous avez été le souffre douleur de toute une classe. A croire que ce genre de phénomène vous colle comme une ombre où que vous alliez.

Au début vous n'y prêtez pas attention. Mais quand ça se répète dans le temps et la durée, ça change la perspective. 

Ce sont des remarques où, sous couvert de dire que c'est normal que votre salaire soit plus élevé - à chaque réunion de l'équipe -  parce que vous travaillez avec une clientèle différente, vos collègues commencent à vous regarder différemment, avec envie certainement. Comme si les maigres sommes ajoutées à votre salaire au ras des pâquerettes étaient dignes d'un cadre. Un peu au dessus du SMIC en vérité alors que vous générez du chiffre d'affaires. Or, vous avez été embauchée expressément pour ces raisons et à ces conditions. 

On croit que votre chef vous soutient devant tout le monde. Mais c'est pour mieux vous descendre dans votre dos, mon enfant.

Cela s'intensifie dans le temps. Cela dure des mois. Deux ans en fait. Des remarques, des piques, des mauvaises conditions de travail dans le bruit des travaux pour agrandir le magasin. La goutte d'eau : on ose vous dire que vous êtes tombée malade au plus mauvais moment. Non, vous êtes restée en incapacité de travail durant toute une semaine pour coups et blessures. Et non, ce n'est pas une maladie. C'est la violence des propos et de cette société  malade, qui vous repousse dans vos retranchement, vous met plus bas que terre juste par ce que l'injustice est la chose qui vous révolte le plus au monde.  

Alors vous éclatez, devant témoins. 

Puis ça se tasse. Vous vivez un court répit.

Le chef change. L'ancien est trop mou et a reçu une pseudo-promotion. Vous comprenez alors que le nouveau est là pour faire le ménage. Vous faites partie des poussières à déblayer. Entre quatre yeux, sans témoin bien sûr, il n'a aucun scrupule à vous dire qu'il est là pour un but bien précis tout en vous fixant du regard. Il va recadrer tout ça. 

Et la guerre larvée, de sourde devient tempête. 

Je ne vais pas entrer dans les détails. Peu de gens ont bien voulu témoigner en ma faveur. On a toujours peur d'être celui sur qui le harcèlement se reporte. J'en suis consciente. Les menaces dans le bureau par un collègue qui vous manipule : le responsable des ressources humaines qui vous fait du chantage parce que vous êtes une épine dans son pied : tout cela je l'ai vécu. Et bien plus encore. Nous ne sommes pourtant pas dans un épisode de Dallas. Le harcèlement est bien plus répandu que les gens veulent le croire. 

Avant de déménager, je possédais un dossier gros comme mon bras que j'avais présenté à mon avocat afin qu'il représente mes intérêts. Les mails ; les lettres reçues ; celles envoyés à mon tour ; les notes de services qu'on imprime comme preuves ; les quelques témoignages de profs en votre faveur pour dire qu'ils apprécient votre travail et votre personnalité. Beaucoup de paperasse - tout un bottin.  Mais ça fait son effet. C'est fou : dès qu'on fait appel à un avocat, le discours en face n'est plus le  même !

On parle de prud'hommes. De dommages et intérêts. A 5 chiffres. On marque des points indubitablement dans ce bras de fer qui vous épuise depuis deux ans. 

Je ne suis pas allée au bout de la procédure. Je ne sais pas si c'est une bonne chose. J'ai choisi mon chemin en tout connaissance de cause : je voulais juste partir à mes conditions et c'est ce que j'ai obtenu. Changer de vie. Prendre un nouveau départ.  Nul ne peut juger de la façon d'appréhender les traumas s'il ne l'a pas lui même vécu. Et parfois tout ce qu'on veut  c'est juste se tirer vite fait de cet enfer. 

Tout ce que je peux dire, c'est que la librairie - pour ne pas la nommer, a fermé ses portes à peine 24 mois après mon départ. Je suis partie du Titanic avant qu'il ne coule dans les eaux profondes de l'Atlantique nord .

On appelle ça le Karma. Moi je crois au Karma. Tous les actes bons ou mauvais vous reviennent comme un boomerang. 

Alors faisons en sorte que notre courte existence sur Terre se passe le mieux du monde. N'acceptons jamais ce qui nous semble immoral. 

C'est dur mais le jeu en vaut la chandelle. Il s'agit de ne pas corrompre ses idéaux.

Et son âme.