jeudi 26 octobre 2023

Dinosaure de l'informatique

Je suis une fondue d'informatique, une vraie geekette à lunettes. 

Je me souviens parfaitement avoir économisé sou à sou pour m'offrir mon premier PC. Comble de l'ironie, moi qui n'aime pas commander sur internet, je me suis pourtant fait livrer un ordinateur de bureau de l'autre bout de la France, Nice. 6.000 francs à l'époque, une véritable fortune. Je n'avais pas de travail, j'était chômeuse à temps complet et, pour aider ma sœur, durant 9 mois j'ai été la nounou à domicile de mon neveu. En échange du vivre et du logis, je mettais de côté mes indemnités et, enfin, m'offrir le cadeau de mes rêves, sans savoir que j'allais mettre la main dans un dangereux engrenage. 

Dans les années 90 déjà, j'étais fascinée. Je collectionnais alors les magazines spécialisés dans l'informatique. Il étaient vendus avec des CD contenant des logiciels, des jeux, ou encore des systèmes d'exploitation - mes débuts avec les environnements Linux se sont d'ailleurs faits par le biais de "PC Achat" ou "PC Magazine". C'est notamment grâce, ou  à cause des publicités pour les sociétés spécialisées dans la vente à distance, que j'ai eu l'idée et la volonté de m'offrir moi aussi un de ces jouets qui allaient devenir terriblement à la mode. Un pentium 4.86 avec 786 méga-octets de disque dur ce qui, pour l'époque, était le top du top. Maintenant, au vu des bestioles que je possède, cela me fait doucement rire mais il y a près de 30 ans, avoir un PC chez soi n'était pas si répandu que cela. D'ailleurs cela m'aurait bien aidé quand j'ai travaillé sur mon mémoire en histoire médiévale plutôt qu'une machine à écrire, certes électronique, mais qui était un vrai cauchemar pour taper les 133 pages de mon travail de fin d'études. Mention bien, ce n'est pas rien finalement. 

A l'heure où je vous parle, j'écris sur un PC portable que j'ai upgradé. Pourtant mon premier ordinateur était un bête PC tout d'un bloc avec un gros écran. C'est à partir de là pourtant que mon côté geek est ressorti et mon amour pour l'informatique jamais démenti, parfois fluctuant mais cela revient toujours comme un boomerang. 

Je suis passée par tous les stades : du MS-DOS austère au Windows 11, en passant par une des innombrables versions de Linux. J'ai même récemment acquis un Mac, dernier bastion de ma soif de découverte, que j'utilise peu à vrai dire, c'est dommage. 

Par ailleurs, et je sais que c'est un cliché de penser que seuls les mecs sont capables de s'intéresser à ce domaine, je suis la réparatrice en chef de ma famille. C'est simple, je ne ne compte plus le nombre de PC que j'ai retapé pour frères ou sœurs, ni même réinstallé, nettoyé, boosté. Parfois c'est un peu compliqué quand vous voulez passer un week-end car il y aura toujours quelqu'un pour me poser cette question récurrente "Hey, tu peux pas jeter un œil sur mon ordi ? "

Quand je parle de clichés, voici une petite anecdote bien sexiste. J'avais fais maint et maint tours dans cette grande surface nordiste que je ne nommerais pas pour acquérir une mini-tour. J'avais jeté mon dévolu sur une configuration qui cochait toutes les cases de ma to-do-list. C'est sans compter le vendeur-conseil qui rodait par là et qui a voulu faire son malin avec moi en essayant de me fourguer une bestiole moins puissante juste parce que c'était un processeur Intel. Il a bien essayé le bougre mais devant mon entêtement et ma connaissance certaine de ces machines, il a fini par céder. D'ailleurs, quand nous sommes passés devant le tiroir-caisse, enfin son poste de travail pour conclure la vente et éditer le bon d'achat, il m'a juste posé cette question : "je suppose que vous ne voulez pas d'extension de garantie" en soupirant d'un air fatigué ou déjà résigné, que sais-je. Ce à quoi j'ai évidemment répondu qu'il supposait très bien d'un petit air frimeur, je dois reconnaître. Moralité : méfiez-vous des petites brunes à lunettes qui ont l'air d'intellos. 

Revenons donc à mon Pentium 4.86 flambant neuf que je m'étais fait livrer chez ma sœur et envoyé du fin fond de la France, en provenance du "Sud".  

Je ne suis pas du genre tête brûlée ni à prendre des décisions à la légère, et pourtant j'avais commandé un PC rubis sur l'ongle, en versant la modique somme de 5.995 francs (soit un peu moins de 1.000 euros) sur un compte dont je n'étais pas sûre à 100% qu'il soit professionnel. Bref, j'avais peur de me faire escroquer. Je ne suis pas de celles qui commandent via internet. Je n'ai jamais fais appel à Amazon ou autres temples de la vente online pour me faire livrer quoi que ce soit chez moi. Même si cette semaine je m'apprête, enfin, à commander ce foutu support pour ma smart TV qui tient grâce au mur, et à la bibliothèque - un dommage collatéral de mon déménagement. Là, pour le coup, ce n'était pas un petit objet mais bien un gros truc qui pèse une tonne et qui allait changer ma vie. Mais heureusement pour moi, j'ai eu affaire à une vraie société pas bidon du tout qui m'a livré mon précieux une semaine plus tard.

Soupir de soulagement donc. 

Je pensais donc commencer à explorer le monde merveilleux de l'informatique à portée pour tous et m'initier aux joies des commandes MS-DOS (dir:/c, edit, CLS ou encore CHKDSK), un langage que les jeunes boutonneux abreuvés aux smartphones et Windows 11 ne connaissent pas, mais c'était sans compter ma famille, enfin ma sœur, qui prenait invariablement assaut de mon PC afin de jouer à des jeux vidéos. Rien d'extravagant non plus. Je me souviens vaguement des maigres jeux qui étaient livrés avec ce Pentium 4.86 mais j'étais tous les soirs mise en échec, attendant patiemment que l'on me cède le clavier. Je ne savais pas dire non. Maintenant, heureusement, quand je dis non, c'est non. 

Bref, tout cela pour vous dire que j'ai dû attendre de réintégrer mes pénates avant de me consacrer pleinement à ce nouveau jouet fantastique qui allait bouleverser le monde car enfin à portée de "presque" toutes les bourses. 

Peu de personnes dans mon patelin possédait un ordinateur. Il m'a rendu service et j'ai rendu service aussi, en rédigeant des notes de synthèse pour des ami(e)s ou en transférant des données sur des disquettes, qui ne permettait tout au plus qu'enregistrer que peu de données à vrai dire. Rien de comparable avec les clés USB ou les disques durs d'aujourd'hui.

Je suis donc ce que l'on qualifierait de "dinosaure de l'informatique" même si je ressemble peu ou prou à un T-Rex, ou plutôt non, si l'on prend un point de comparaison dans Jurassic World, je serais plutôt un brontosaure eu égard à mes habitudes alimentaires.

C'était il y a 30 ans et je m'en souviens encore comme hier, de ma joie, ma fierté de posséder ce haut sommet de la technologie. Je vous parle du siècle dernier, des années 90.

Ma collection s'est agrandie avec le temps. Je ne compte plus les PC portables ou les ordinateurs de bureau qui sont passés entre mes mains avant de passer dans celles de mes frères ou sœurs en guise de "cadeau" de dépannage tandis que j'achetais un nouveau joujou bien plus puissant, bien plus rapide.

Au dernier inventaire, j'ai l'heur d'avoir dans mon cheptel... enfin dans mes possessions : 4 pc portables tous upgradés par mes soins (barrettes de mémoires, nouveaux disques durs plus performants comme les SSD), sans compter un 17 pouces que j'ai boosté à ma convenance et qui ne sort hélas pas souvent de sa sacoche ; sans compter depuis peu également un Mac Book pro qui lui non plus ne voit pas souvent la lumière du soleil et, enfin, dernière acquisition grâce à mes écochèques, un Notebook très léger (1,2 kg à la dernière pesée) qui me permet de le glisser dans mon sac à dos de ville et que je transbahute parfois à Cook & Book ou chez mon amoureuse pour continuer d'écrire. Last but not least : une mini-tour avec ses trois emplacements pour disques durs et que je peux connecter à ma télé afin d'en faire une véritable centrale multimédia. Je ne compte pas ceux que j'ai mis dehors au bon vouloir des passants désireux de faire de la récup quand j'ai fait un gros ménage par le vide l'année dernière avant d'atterrir à Bruxelles, ni mon serveur que je n'ai jamais réussi à faire marcher correctement.

Vous allez me demander : mais comment fait elle ? Elle à un compte en banque extensible ou elle braque des banques ? Au risque de vous décevoir, rien de tout cela : j'achète tout simplement d'occasion, en seconde main via le Bon Coin ou tout simplement en reconditionné. 

Je pense avoir une case, légèrement, voir toutes les cases de l'échiquier... 

Parce que oui, à cette collection un peu déraisonnable, il se trouve également que je ne compte plus le nombre de disques durs blindés comme pas possible.

Je suis un peu cinglée non ? Geek à lunettes ? 

Faites vos jeux !



mardi 17 octobre 2023

Les temps sombrent...

Cela me dépasse. 

Le monde de violent, est devenu barbare. Enfin pas le monde, mais les humains qui l'habitent et qui se combattent comme si c'était la première et la dernière chose à faire avant de mourir. Toute cette haine  déversée au nom d'une hypothétique entité invisible qui nous regarderait d'en haut. Un vieillard à la barbe blanche, omnipotent, qui joue aux dés avec les vies humaines, des fourmis qui sont incapables de construire quoi que ce soit. 

Et pas un pour rattraper l'autre. 


Quel Dieu a dit qu'on devait prendre des armes et tuer au hasard en Son Nom ? Qui croit vraiment que c'est ce qu'Il veut ? Et d'abord pourquoi se réfugier derrière une religion pour abreuver les autres de sa haine constante, indéfendable, illogique ? 


Je suis déiste et parfois je flirte avec l'agnosticisme. Je crois certes en quelque chose mais qui n'est pas forcément ce Dieu vorace dont se réclament les terroristes de tous bords quels qu'ils soient. La foi est personnelle. Et la foi est tellement subjective aussi. Les livres saints ne sont après tout que des récits, des contes de fées transmis de générations en générations, parfois déformés au fil des temps, pour se convaincre que nous ne sommes pas là par hasard et qu'une force nous gouverne, gouverne nos vies, et nous demandera des comptes au jour du jugement dernier.


Alors dis-moi camarade humain pense-tu vraiment que le paradis t'attend en massacrant celui qui ne pense pas comme toi ? Qui veut juste vivre en paix avec son voisin pourtant si différent de lui ? 


Non, je ne comprends décidément pas. L'humain plus que tout me fait peur. Je crois de moins en moins en l'humanité.


L'humanité est un parasite qui s'inocule lui-même les pires des maladies : l'intolérance, la violence. 


Je déteste ce que je vois. 



lundi 2 octobre 2023

V.H.S.

 

Je suis une nostalgique. A bien des égards, certaines choses de mon enfance ou de mon jeune âge adulte me manquent. Le paquet de bonbons à 10 francs est l'un des plus frappants exemples. Nous sommes désormais constamment abreuvé d'informations dans tous les sens de la stratosphère. On consomme de la culture, des films ou des séries sur des plateformes, de la VOD, d'un simple clic de souris ou en tapant OK sur sa télécommande, de manière irréfléchie. Jusqu'à la nausée.

 J'ai une collection de plus d'un millier de films à l'heure actuelle. Je parle bien de cet étrange objet que l'on extrait de son boîtier rectangulaire et que l'on insère dans un lecteur prévu à cet effet. Comme au cinéma, parfois on a les bandes annonces, sans le pop-corn. Je suis une vraie collectionneuse dans le sens premier du terme. Je suis en constante recherche de la petite perle qui m'avait tapé dans l'oeil quand j'étais jeune et innocente, qui m'avait envouté, et que je recherche désespérément. Parfois, malheureusement, à force d'être dans le prêt j'en arrive à ne plus pouvoir récupérer l'objet de mon affection. Je repense notamment "Aux ailes du désir" de Wim Wenders, sublime narration poétique dans un Berlin intemporel en noir et blanc avec un Peter Falk qui ne joue pourtant pas au détective avec son éternel cigare et son pardessus beige. 

  Ces milles films, ou peu s'en faut, sont pourtant une partie visible de l'iceberg.  Je ne compte pas les disques durs gorgées de pépites du 7ème art. Le support a changé mais pas ma passion qui, elle, reste intacte. Ma collection a pourtant commencé bien avant. Tandis que le ciné club de la 2ème et 3ème chaîne, respectivement le vendredi soir et le dimanche soir, je tannais parfois mon père pour qu'il m'enregistre les films que je désirais voir plus tard. Je pense à Stephen Frears, Neil Jordan ou encore Jean Cocteau. A l'époque le replay n'existait pas.  J'économisais pour m'acheter ces précieuses cassettes V.H.S que vendaient alors les grandes surfaces par paquets de cinq. Parfois, j'avais des déconvenues : mon père s'étant tout simplement servi d'un de mes précieuses cassettes pour enregistrer par-dessus alors que je n'avais pas encore vu le film pour lequel j'avais demandé l'enregistrement.

  Quand j'ai déménagé à Lille, j'ai peu à peu abandonné ces V.H.S, trouvant mes films préférés sur un nouveau support, le DVD puis, plus tard, le BluRay. 

Pourtant, ce qui me peine en fait, me rend nostalgique sans nul doute, c'est la mort pure et simple des clubs vidéos. Qui se souvient encore de Vidéo Futur, cette chaîne de magasins implantée un peu partout dans les grandes villes ? Pour le prix de quelques minutes, il fallait juste s'inscrire et on avait une belle carte plastifiée qui nous permettait de louer jusqu'à trois films par semaines pour une somme modique. Les nouveautés, les blockbusters étaient bien sûr les plus recherchés et partaient comme des petits pains. Il fallait prendre patience avant de pouvoir regarder le film dont tout le monde parlait au lycée ou au boulot autour de la machine  à café. Mais à l'époque, on cultivait l'art de la patience, l'ère du zapping perpétuel n'était pas encore ancré dans les mentalités. 

 J'aimais bien mon petit club vidéo de quartier, au coin. Je descendais tongs aux pieds et j'y restait trois bons quarts d'heures, parfois moins, parfois plus. Je n'arrivais pas à me décider entre tel ou tel film. Je compulsais tous les résumés au dos de la jaquette. Je n'avais pas d'idée préconçue, seule mon envie me guidait : une rom-com si mon humeur cherchait de la légèreté, un drame quand je voulais me plonger dans le cœur de l'âme humaine. J'y mettais un temps infini avant de me décider et parfois le choix était cornélien. Qui sait, si je ne prenais pas tout de suite le film qui était mon quatrième choix,  je pourrais l'emprunter une semaine plus tard  ? Qui sait si celui-ci n'aurait pas déjà été emprunté par quelqu'un de moins indécis que moi ? C'était le jeu. Un jeu de dés. 

 Souvent aussi, je voyais des hommes, et quelques femmes également, pousser les portes marrons, en regardant autour d'eux si quelqu'un ne comprenait pas leur petit manège. Il s'agissait bien sûr du rayon réservé exclusivement aux plus de 18 ans. 

 Ma collection de films s'est, à partir des années 2000, étoffée de manière vertigineuse, exponentielle car je pratiquais l'art de la duplication mais chut, il ne faut pas le dire. Cela ne m'a jamais empêchée d'acheter des films, de fréquenter assidûment les magasins d'occasions, des Converters pour ne pas les nommer, et d'aller de temps en temps au cinéma. Le prix galopant du billet a toutefois mis un frein à ces sorties pop-corn sur grand écran. Et pourtant, j'y allais toutes les semaines, dans mon petit cinéma de quartier quand j'habitais encore Douai. Mais c'était un petit cinéma justement, et pas un des ces immenses complexes. On pouvait aussi bien voir le dernier blockbuster que le film d'auteur inconnu. 

 C'est bien dommage que les nouvelles générations n'aient pas eu la chance de connaître ces vidéos clubs. Tout est à portée de main désormais. Finalement, ce n'est les vidéos qui ont tué les radio stars* mais bel et bien l'art du fast lu, fast vu, fast écouté.




* Clin d'oeil évident à cette vieille chanson de la fin des années 70. A vous de faire vos recherches sur Youtube.