mardi 19 octobre 2021

History of violence

C'est en cliquant sur un lien de mon fil Facebook que j'ai eu envie de raconter mon expérience et mon ressenti. Sur ce lien en effet, on parlait du traitement réservé aux femmes qui osaient passer les portes du poste de police pour déposer plainte pour viol. Et ce qui m'a choqué le plus c'est cette question : "avez vous joui pendant l'acte ?" d'une violence inouïe, particulièrement choquante quand on songe que la personne traumatisée vient déposer plainte. Parce ce que non, porter plainte contre quelqu'un n'est jamais chose facile. Et j'en sais quelque chose.

En ces jours sombres, où l'on parle sans arrêt des violences faites aux femmes, on constate cependant que la situation évolue très lentement. En vérité rien ne bouge.

On parle de double peine dans ces conditions. Celle de se faire violence malgré son trauma et de se sentir jugé(e) car pas écouté(e) et c'est ce que je reproche essentiellement à certains de nos amis de la maison Police. Un manque cruel de formation et une absence totale de psychologie ou d'empathie. 

Je parlerais du sombre connard une autre fois. Celui qui m'a détruit ; détruit ma confiance envers les autres encore aujourd'hui. Je doute souvent malgré mes dehors de caractère fort. Je suis quelqu'un d'anxieux qui  a besoin qu'on la rassure. Et je charme à tour de bras pour me convaincre que j'en vaux la peine.

Notre histoire s'est terminé de la manière la plus glauque qui soit. J'ai écrit cette histoire, que j'ai fait lire à peu de monde, pour exorciser tout ce mal. Et même encore maintenant, je suis sure que tout cela a été un beau gâchis. De celui où je me suis refermée,  méfiée de tout le monde.

La violence verbale quand elle est suivie de violence physique est une autre double peine. 

Quelqu'un force la porte de chez votre chez vous, là où vous êtes censés vous sentir le plus à l'abri, et vous frappe au plexus pour récupérer le dernier objet qui vous lie à lui. Vous avez beau vous défendre, vous ne faite pas le poids. Vous perdez, même si vous luttez de toutes vos forces. On vous frappe si fort que la douleur vous plie en deux instantanément.

Même encore maintenant, j'ai du mal à dire "il".

Avoir une côte froissée et le souffle coupé, sans compter la violence de ce qui vient de se passer, restera gravé en vous jusqu'à la fin de vos jours. C'est une scène que vous ne pouvez pas occulter.

Le pire dans tout ça ?

C'est ce qui arrive après, parce que ce n'est que le début de l'enfer, alors que vous ne voulez pas rester une statistique incapable de se défendre avec les moyens légaux qui vous sont données.

 Vous agissez. A chaud. Et personne n'est là pour vous accompagner...

Vous essayez de rassembler vos esprits, malgré la douleur qui vous vrille, pour prendre les transports sous les regards indifférents et vous passez la porte de ce commissariat central  ; ce que vous regrettez après coup parce que vous êtes brisée et dans l'affect le plus total. 

Oui, parce qu'en plus, il faut vous détacher de toute émotion afin de livrer un témoignage le plus complet qui soit. 

Celui qui prend votre déposition semble contrarié de ne pouvoir regarder le match de foot qui est diffusé ce jour là ; qui semble douter de vos paroles ; qui vous reproche carrément de vous être défendue parce que vous avez serré vos mains sur le cou de la personne qui vous agresse CHEZ VOUS ! Après coup, vous vous dites que vous auriez bien voulu lui balancer à ce flic si peu empathique : "pourquoi, il aurait fallu que je me fasse tuer pour être crédible, entendue et crue ?"

Oui, j'aurais sans doute du venir porter plainte le lendemain. Peut-être que je serais tombée sur quelqu'un de plus à l'écoute où je n'aurais pas été jugée. Mais on ne peut pas changer l'histoire. C'est celle-là qui m'a fait devenir le personne que je suis maintenant. Certainement plus dure qu'elle ne le voudrait l'être en vérité mais c'est mon système de défense, cette attaque, cette méfiance naturelle, parfois cette agressivité que je peux avoir. 

Au moins, je ne me suis plus considérée comme une victime. J'ai agi. J'ai fait quelque chose même si ce quelque chose a échoué. La plainte a été instruite et envoyée mais, faute à un mauvais adressage, cela n'a jamais abouti. Je sais pourtant de source sûre que le sombre connard a eu un électrochoc quand ce courrier a été remis en mains propres par son ancien meilleur ami quand il est repassé relever le courrier. C'est une bien maigre consolation.  

C'est ce qui vous permet de vous affranchir de cette histoire de violence.

Ça et l'écriture.

Toujours. Qui a agi comme une véritable catharsis...

dimanche 10 octobre 2021

Carence

Je suis en déficit d'affection. C'est un fait. Depuis que je suis gamine. Cette carence est pire que la B12 puisqu'elle me pousse dans des retranchements insoupçonnés.

Mais c'est un fait.

Petite, et encore maintenant, hélas, triplement hélas, je monnaie l'attention des gens à mon égard. Pas en monnaie sonnante et trébuchante. Ce serait trop facile et, finalement, ne me ressemblerait aucunement. Mon degré de serviabilité est largement supérieur à la moyenne. J'anticipe des demandes qui n'existent pas. Je les crée, peut-être. sans doute. Je pense aux autres avant moi. Je ne suis pas assez égoïste. C'est un autre fait.

Tout cela remonte à mon enfance. Enfance vécue à l'ombre d'une fratrie nombreuse. Enfance où il fallait se démarquer pour grappiller ici et là un peu de cette affection qui me fait encore défaut maintenant. On a beau dire que ce n'est pas vrai, que les parents ne font pas de différence, qu'on a pas de préféré(e)s.... On a beau dire que le temps guérit les blessures de l'enfance, mais c'est faux. Alors on essaie de bricoler un truc dans son coin, une cuisine interne qui colmate les brèches pour quelques temps. Mais cela ne dure justement qu'un temps. On fait semblant. Et on se rend indispensable par bien des manières, dont le verbe « donner » .

Je donne sans compter. Même quand on ne me demande rien. Je ne suis pas avare de mon temps, au détriment de mes désirs profonds. Cela me frustre. Je le sais. Pourtant. Et c'est plus fort que moi. Je donne sans compter. Je reçois peu. Je n'ai plus l'habitude. Je ne sais plus comment me comporter.

Au fonds de moi je suis restée une enfant sauvage, une enfant qui ne sait pas comment se démarquer, qui ne sais pas comment se faire aimer. Je n'en ai pas idée. Je n'ai pas eu la bonne clé ni reçu les bonnes cartes. Ou le jeu a été truqué à ma naissance, comme si la roue de la chance avait cessé de tourner pour moi. Je suis restée le Petit Poucet du conte défait.