samedi 13 novembre 2021

Novembre

Il y a un terme en psychiatrie qu'on appelle sidération. Et je  pense sincèrement que c'est ce sentiment que nous avons tous vécu cette nuit là, il y a six ans ;  dans cet étrange fragment de temps, nous nous sommes tous sentis Parisiens. 

De tous les attentats que le monde a  vécu, et aura encore à subir, hélas, ce qui s'est passé au Bataclan est pour moi celui qui me traumatise le plus. Et pourtant, en cette triste début d'année 2015, on avait déjà vécu l'horreur, l'indicible - je suis Charlie. Le mot est fort sans doute, traumatisme, mais je ne vois pas quel autre terme utiliser. Je ressens ce qui s'est passé comme un évènement qui me hante encore maintenant, et pourtant je n'y étais pas. Mais c'était à une heure de train de là où j'habite. C'était loin et si proche à la fois. J'étais juste la spectatrice impuissante, zappant frénétiquement entre toutes les chaînes, tentant de comprendre ce qu'on nous montrait sur l'écran ; presque minute par minute.

Il est inconcevable qu'on puisse faire un carnage parmi des terrasses, tandis que les gens sont ensemble afin de boire un verre ; ou encore qu'on massacre, délibérément, impunément,   une foule venue là pour s'amuser et écouter son groupe favori. Moi qui aime tant la musique, et le rock.

C'était un vendredi soir. Je m'en souviendrais à jamais. Je travaillais encore à l'époque à Saint Amand. Vélo train, train vélo, et il me semblait tout naturel de souffler ce vendredi là, allongée sur mon vieux canapé, dans ma position préférée. Je crois même avoir reçu un SMS me demandant si j'avais vu ce qui se passait à l'instant.

C'est à ce moment là que j'ai pris ma télécommande et que je suis passée d'une chaîne à l'autre, ayant du mal à croire que l'incroyable se produisait sous mes yeux, impuissante. Voilà, c'est le maître mot de cette funeste soirée : l'impuissance.

Et la sidération.

Fluctuat nec mergitur (Il est battu par les flots mais ne sombre pas), telle est la devise de Paris. Tel est également le nom du documentaire en trois parties que vient d'être diffusé sur la TNT et qui m'a insufflée ce besoin viscéral de parler du 13 novembre 2015.

Malgré moi, encore aujourd'hui, en regardant les témoignages, je n'ai pas pu empêcher les larmes de couler à flots comme cette nuit-là où, lui aussi sidéré sans doute, mon ancien voisin et ami, est venu toquer à ma porte pour savoir comment j'allais. Parce que lui aussi n'allait pas mieux que moi. Et que nous pleurions tous les deux dans les bras dans de l'autre. 

Cette image reste gravée. Deux êtres qui se consolent comme ils peuvent de la douleur du monde ; de la cruauté des êtres qui peuplent cette planète.

Et de l'incompréhension.

J'y pense encore.  J'y pense tellement que j'en écris une histoire. Je ne sais pas si je la terminerais. En tout cas, et comme à chaque fois que ma plume se fait impérieuse, cela me sert de catharsis.

Novembre est un mois où la tristesse se mêle à la mélancolie, pour bien des raisons. L'une en tout cas est cette perte de foi en l'humanité toute entière.

A la fin du visionnage de ce documentaire, pourtant, je ne retiendrais qu'une chose de l'une de ces survivantes : l'amour triomphe toujours à la fin. 

Et parce que j'écoute cette chanson en boucle ; que les paroles me parlent et me ramènent à cette soirée - chacun l'interprète comme il le veut bien sûr mais pour moi c'est ce qui s'est passé ce soir-là, et les jours d'après quand les gens viennent se recueillir sur le béton froid ensanglanté. Cette soirée qui fait si mal à notre propre humanité.





Hier, j'ai déposé des fleurs
Des roses blanches sur le béton
Ou le silence sur le désert
Où nos cœurs pleurent à l'unisson

Hier, j'ai déposé des fleurs
C'est la paix que j'venais courtiser
Des fleurs de toutes les couleurs
Des bleues, des blanches, des rouges séchées

Novembre à froid, c'est le brouillard sur la ville lumière
Nos cœurs dans l'coma, se remettent d'hier

Hier, j'ai déposé des fleurs
Chez la vieille dame sous ses grands airs 
Elle est courbée mais n'a pas peur
Qu'est-ce qu'elle est belle, la dame de fer

Hier, j'ai déposé des fleurs
Désarmés, la peur et ses guerriers
L'amour comme seul anti-douleur
Mon bouquet d'fleurs comme bouclier

Novembre à froid, c'est le brouillard sur la ville lumière
Nos cœurs dans l'coma, se remettent d'hier

Hier, j'ai déposé des fleurs
J'ai aussi fait crier la musique
Ses plus beaux airs, les grands classiques
Pour que se taise la terreur

jeudi 4 novembre 2021

Vie de merde.com (le retour)...

 ... ou comment j'ai fait mon coming out par inadvertance, ou plutôt par maladresse.

Je sais. Le titre est long et à vrai dire, il n'y a pas de quoi en faire un drame. Mais plutôt sourire, voire rire à mes dépends à cause de ma maladresse légendaire. On appelle ça communément un acte manqué, ce désir inconscient que j'avais de faire un joli coming out à la seule personne de mon équipe qui n'était pas au courant de ma situation sentimentale, désertique pour le moment malgré mes velléités de me vendre sur un site.

Commençons par le commencement.

Il y a peu, je me suis inscrite sur un célèbre site qui commence par Mee et qui finit par tic. Enfin non, j'ai plutôt réactivé mon profil délaissé depuis quelques temps comme un champs en jachère et j'ai fait un uptdate pour me vendre au mieux et attirer le chaland. D'ailleurs il faudrait que je songe à indiquer que j'ai une réelle passion pour la cuisine et nourrir les gens. Il parait que l'appel du ventre, ça marche plutôt bien. 

Depuis que Gayvox a fermé ses portes, toutes les lesbiennes de France, de Navarre et d'ailleurs ont migré sur cette plateforme. 

Après quelques conversations avec une certaine M., comment dire, cela s'est fini en eau de boudin. Bref, je me suis pris un râteau. 

Du coup, j'en parlais sur WhatsApp avec une de mes collègues qui est parfaitement au courant de mes inclinaisons. 

Petite aparté, je ne cache pas vraiment qui je suis mais je n'ai pas envie non plus de crier sur tous les toits au boulot, qui est quand même un milieu particulier même si, là où je travaille, la société à une position plutôt gay friendly. Garde toi de mes ennemis, mes amis je m'en charge. 

Ma collègue donc, me demande ce que M. m'a répondu. Je lui envoie donc une copie d'écran de notre bref échange avec ladite M. Sauf que...

Sauf que je n'avais pas fait attention et que j'ai envoyé ce printscreen à la mauvaise destinataire, en l'occurrence la seule personne à qui je n'avais pas fait mon coming out et qui n'a sans doute rien compris de ce que je lui baragouinais avant de supprimer les messages et d'en envoyer un tout dernier,  lui souhaitant de bonnes vacances et qu'elle ne devait sans doute rien comprendre à ce que je lui avait dit quelques minutes auparavant. Tout cela, avec un gros smiley mort de rire.

Parce que, vous savez quoi ? J'étais vraiment morte de rire quand j'ai compris ma bévue.

La prochaine fois que nous nous reverrons, au retour de ses vacances donc, quand nous serons toutes les deux en présentiel l'une et l'autre, j'aurais sans doute un sourire et confirmerais ce dont elle se doute déjà.

Dans un grand sourire ou même un grand éclat de rire et sans gêne ou malaise.

Comme un acte manqué quoi...

 Ah qu'ils sont traîtres ces moyen de communication modernes ! ;)


mardi 19 octobre 2021

History of violence

C'est en cliquant sur un lien de mon fil Facebook que j'ai eu envie de raconter mon expérience et mon ressenti. Sur ce lien en effet, on parlait du traitement réservé aux femmes qui osaient passer les portes du poste de police pour déposer plainte pour viol. Et ce qui m'a choqué le plus c'est cette question : "avez vous joui pendant l'acte ?" d'une violence inouïe, particulièrement choquante quand on songe que la personne traumatisée vient déposer plainte. Parce ce que non, porter plainte contre quelqu'un n'est jamais chose facile. Et j'en sais quelque chose.

En ces jours sombres, où l'on parle sans arrêt des violences faites aux femmes, on constate cependant que la situation évolue très lentement. En vérité rien ne bouge.

On parle de double peine dans ces conditions. Celle de se faire violence malgré son trauma et de se sentir jugé(e) car pas écouté(e) et c'est ce que je reproche essentiellement à certains de nos amis de la maison Police. Un manque cruel de formation et une absence totale de psychologie ou d'empathie. 

Je parlerais du sombre connard une autre fois. Celui qui m'a détruit ; détruit ma confiance envers les autres encore aujourd'hui. Je doute souvent malgré mes dehors de caractère fort. Je suis quelqu'un d'anxieux qui  a besoin qu'on la rassure. Et je charme à tour de bras pour me convaincre que j'en vaux la peine.

Notre histoire s'est terminé de la manière la plus glauque qui soit. J'ai écrit cette histoire, que j'ai fait lire à peu de monde, pour exorciser tout ce mal. Et même encore maintenant, je suis sure que tout cela a été un beau gâchis. De celui où je me suis refermée,  méfiée de tout le monde.

La violence verbale quand elle est suivie de violence physique est une autre double peine. 

Quelqu'un force la porte de chez votre chez vous, là où vous êtes censés vous sentir le plus à l'abri, et vous frappe au plexus pour récupérer le dernier objet qui vous lie à lui. Vous avez beau vous défendre, vous ne faite pas le poids. Vous perdez, même si vous luttez de toutes vos forces. On vous frappe si fort que la douleur vous plie en deux instantanément.

Même encore maintenant, j'ai du mal à dire "il".

Avoir une côte froissée et le souffle coupé, sans compter la violence de ce qui vient de se passer, restera gravé en vous jusqu'à la fin de vos jours. C'est une scène que vous ne pouvez pas occulter.

Le pire dans tout ça ?

C'est ce qui arrive après, parce que ce n'est que le début de l'enfer, alors que vous ne voulez pas rester une statistique incapable de se défendre avec les moyens légaux qui vous sont données.

 Vous agissez. A chaud. Et personne n'est là pour vous accompagner...

Vous essayez de rassembler vos esprits, malgré la douleur qui vous vrille, pour prendre les transports sous les regards indifférents et vous passez la porte de ce commissariat central  ; ce que vous regrettez après coup parce que vous êtes brisée et dans l'affect le plus total. 

Oui, parce qu'en plus, il faut vous détacher de toute émotion afin de livrer un témoignage le plus complet qui soit. 

Celui qui prend votre déposition semble contrarié de ne pouvoir regarder le match de foot qui est diffusé ce jour là ; qui semble douter de vos paroles ; qui vous reproche carrément de vous être défendue parce que vous avez serré vos mains sur le cou de la personne qui vous agresse CHEZ VOUS ! Après coup, vous vous dites que vous auriez bien voulu lui balancer à ce flic si peu empathique : "pourquoi, il aurait fallu que je me fasse tuer pour être crédible, entendue et crue ?"

Oui, j'aurais sans doute du venir porter plainte le lendemain. Peut-être que je serais tombée sur quelqu'un de plus à l'écoute où je n'aurais pas été jugée. Mais on ne peut pas changer l'histoire. C'est celle-là qui m'a fait devenir le personne que je suis maintenant. Certainement plus dure qu'elle ne le voudrait l'être en vérité mais c'est mon système de défense, cette attaque, cette méfiance naturelle, parfois cette agressivité que je peux avoir. 

Au moins, je ne me suis plus considérée comme une victime. J'ai agi. J'ai fait quelque chose même si ce quelque chose a échoué. La plainte a été instruite et envoyée mais, faute à un mauvais adressage, cela n'a jamais abouti. Je sais pourtant de source sûre que le sombre connard a eu un électrochoc quand ce courrier a été remis en mains propres par son ancien meilleur ami quand il est repassé relever le courrier. C'est une bien maigre consolation.  

C'est ce qui vous permet de vous affranchir de cette histoire de violence.

Ça et l'écriture.

Toujours. Qui a agi comme une véritable catharsis...

dimanche 10 octobre 2021

Carence

Je suis en déficit d'affection. C'est un fait. Depuis que je suis gamine. Cette carence est pire que la B12 puisqu'elle me pousse dans des retranchements insoupçonnés.

Mais c'est un fait.

Petite, et encore maintenant, hélas, triplement hélas, je monnaie l'attention des gens à mon égard. Pas en monnaie sonnante et trébuchante. Ce serait trop facile et, finalement, ne me ressemblerait aucunement. Mon degré de serviabilité est largement supérieur à la moyenne. J'anticipe des demandes qui n'existent pas. Je les crée, peut-être. sans doute. Je pense aux autres avant moi. Je ne suis pas assez égoïste. C'est un autre fait.

Tout cela remonte à mon enfance. Enfance vécue à l'ombre d'une fratrie nombreuse. Enfance où il fallait se démarquer pour grappiller ici et là un peu de cette affection qui me fait encore défaut maintenant. On a beau dire que ce n'est pas vrai, que les parents ne font pas de différence, qu'on a pas de préféré(e)s.... On a beau dire que le temps guérit les blessures de l'enfance, mais c'est faux. Alors on essaie de bricoler un truc dans son coin, une cuisine interne qui colmate les brèches pour quelques temps. Mais cela ne dure justement qu'un temps. On fait semblant. Et on se rend indispensable par bien des manières, dont le verbe « donner » .

Je donne sans compter. Même quand on ne me demande rien. Je ne suis pas avare de mon temps, au détriment de mes désirs profonds. Cela me frustre. Je le sais. Pourtant. Et c'est plus fort que moi. Je donne sans compter. Je reçois peu. Je n'ai plus l'habitude. Je ne sais plus comment me comporter.

Au fonds de moi je suis restée une enfant sauvage, une enfant qui ne sait pas comment se démarquer, qui ne sais pas comment se faire aimer. Je n'en ai pas idée. Je n'ai pas eu la bonne clé ni reçu les bonnes cartes. Ou le jeu a été truqué à ma naissance, comme si la roue de la chance avait cessé de tourner pour moi. Je suis restée le Petit Poucet du conte défait.

 

dimanche 19 septembre 2021

Out of control

J’ai eu une adolescence à rebours. Et très longue à vrai dire.

Je considère en effet en être sortie depuis peu ; depuis deux ans en fait. 

A l’âge ingrat, celui où chacun de nous teste un peu tout, un peu n’importe quoi, j’étais même le prototype de la bonne élève du premier rang, celle sur qui on ne s’arrête jamais, ou juste pour lui lancer l’insulte suprême : « T’es la chouchou du prof ! ». Parce qu'il y avait plusieurs clans : les cools, fringués des pieds à la tête avec les marques les plus tendances - de vrais porte-manteaux ambulants ; les rebelles, qui s'en foutaient de la mode avec leur clous et leur cuirs, arborant des croix autour de leur cous pour certains - les new wave auxquels j'appartiendrai plus tard ; et tous les autres, ceux dont on se moquait allégrement dans la cour de l'école parce que vêtus de fringues informes, de celles qu'on hérite des aînés.

Avant de me montrer moi aussi comme le mouton noir que je resterai encore longtemps - à vrai dire, je n'en suis pas vraiment sortie et ça me joue des tours, j'appartenais donc à ce dernier clan des sans styles. J’avais la panoplie intégrale d’ailleurs : lunettes aux verres « culs de bouteilles » et montures signées par ce cher styliste très en vogue des années 80 – j’ai nommé la Sécurité Sociale ; une jolie constellation de boutons d’acné sur le front et l’arrête du nez ; vêtue la plupart du temps de sweat shirts informes et de jeans velours côtelé. Je ne dramatise pas : c’était ma dégaine en ce temps là. Bref une vraie Ugly Betty pas trop mal lotie niveau cerveau mais totalement à la ramasse question sociabilité. Depuis j’ose croire que les choses ont changé, même si je n’aurais jamais la plastique de rêve d’Adriana Karembeu ou tout autre top model. Je suis tout de même à l’aise dans mes baskets. Je ne suis pas et je ne serais jamais de ces filles sur lesquelles on se retourne mais je m'en fous à vrai dire. 

La plupart du temps.

J’étais donc une ado qui ne comprenait pas les us et coutumes de ses congénères, pas plus que je ne comprenais quelle mouche les piquait à s’agiter ainsi tous les week-end en beuveries et autres saines occupations lycéennes. J’étais une extra-terrestre venue d’une planète monochrome dédiée aux bonnes notes et la vie studieuse. Bien sûr, un peu plus tard, je me rendis moi aussi dans ces hauts temples de la culture et du BPM (beat per minut) avec une joyeuse bande d’amis, d’amis d’amis et de cousins ; bien sûr nous décimions nous aussi quelques bouteilles mais jamais pour ma part au point d’être out of control.

Toutefois, à l'instar d'un bon millier de jeunes gens bien avant moi, ce n'est pas une nouveauté ni très original : nous nous cotisions pour acheter plusieurs de ces bouteilles de vin mousseux, pas chers mais dégueulasses, puis nous nous garions dans les champs, non loin de la boîte de nuit sur lesquelles nous allions furieusement nous balancer au rythme de ce qui allait devenir la techno, et nous nous passions ce vin mousseux que nous buvions au goulot.

Bref, l'objectif était clair : arriver déjà ivres en boîte. 

A 30 ans, je connus ce que l’on appelle communément une adolescence à retardement. Moi qui n’avait tiré que 2 ou 3 taffes de toute ma vie, je commençais à prendre la fâcheuse habitude de m’acheter un paquet de cigarettes ici et là. Je pratiquais alors une sorte de « fumer c’est cool » - la cigarette mondaine. Comme d'autres pratiquent l'alcoolisme mondain. Puis j'eus une véritable épiphanie lors d'une soirée très arrosée et très fumeuse . Vous est-il jamais arrivés de comprendre l'univers en un instant ? Un de ces instants rarissimes qui vous plient en un éclair de lucidité, que vous ne retrouverez sans doute jamais mais qui vous terrifient tout en vous attirant ?

Cela n'arrive que quelques fois dans toute une vie, pour ceux qui ont constaté cet étrange tutoiement avec les anges. Il n'y a pas si longtemps, alors que je suis une adulte  bien ancrée dans ma vie maintenant, de celle qui paie ses impôts et suit les règles, plus ou moins, je me suis retrouvée la tête dans la stratosphère ; parmi les étoiles. Ne me demandez pas ce que j'ai consommé ce jour là, mais il s'agissait de quelque chose d'illégal bien évidemment. 

Durant vingt années, je devenais donc une de ces adolescentes out of control qui ne se met pas de barrière pour tester jusqu'où elle peut aller. Mais pas out of limits : il y a certaines choses que je refuse de franchir. J'ai mon propre Rubicon.

Ce qui est terrible dans tout ça, c'est que parfois, lors de ce type de soirées, vous vous retrouvez à quatre heures du matin à recevoir plein d'appels parce que vous avez insisté que l'on vous texte pour vous informer que vos invités sont bien rentrés. Tandis que vous dormez d'un profond sommeil, celui de l'alcoolique de la soirée. Circonstance atténuante, ou non, je fêtai ce soir-là mon anniversaire. 

Quand, comme moi, on a toujours été considérée comme l'intello de la famille, de la classe, de la pièce, avoir autant de liberté d'un coup - vous découvrez la vie, ça fait tourner la tête assurément. Qui sait comment ma vie aurait évolué, si j'avais eu une adolescence normale ? Mais je n'ai jamais fonctionné selon les schémas plus ou moins dictés par la société.

Mais revenons à nos moutons, cette fameuse soirée de mon épiphanie. La première. 

J'habitais alors à Douai. Je faisais mes premières armes en tant que libraire. Je découvrais ce que ça faisait d'être enfin une adulte qui travaille pour assurer sa subsistance. 

Je m'intégrais dans un petit cercle d'amis. Je rentrais rarement chez mes parents. Pensez, j'avais enfin mon propre lave-linge et n'étais donc plus obligée de ramener mon barda du temps où j'étais étudiante. 

J'avais donc convié mes amis à un couscous. Nous étions quatre. En ce temps-là j'étais omnivore, encore, et mon meilleur ami deviendrait végétalien en partant sur Lille quelques années plus tard, m'entraînant dans sa chute avec lui - mais qu'elle est drôle, cette intrépide !

J'aime recevoir. J'aime nourrir les gens. C'est un de mes défauts de fabrication. 

Je n'avais pas lésiné sur les quantités qu'elles soient solides ou liquides. Autrement dit, il y avait à manger pour un régiment et à boire pour un escadron de soiffards. Plein d'alcools divers et variés. J'aimerais bien retrouver cette bière canadienne que l'on doit mettre au congélateur au moins vingt minutes avant de la déguster. 

A trop mélanger, le cerveau là-haut, fait des cabrioles. Bugue ou pète un fusible. A vous de choisir le terme qui convient.

C'est en tirant sur un cigare non pas cubain mais américain, tout en buvant mon bourbon de huit ans d'âge - en essayant de refaire le monde, que la musique de Moby m'a cueilli. Bien avant que l'artiste ne soit connu mondialement, il était punk. J'ai un drôle d'attachement à cet album "Animal rights". 

J'ai débloqué. Littéralement. 

J'ai regardé mes amis complètement hagarde, je suppose, leur indiquant que je comprenais tout. Que l'univers ne m'était plus une sombre inconnue de mon équation mais que j'étais en osmose. Pour celui qui n'a pas vécu ce type d'expérience, il est difficile d'en transcrire les émotions. Je résumerais donc à ceci : une expérience chamanique.

La suite fut nébuleuse : la redescente est bien plus abrupte. 

Le lendemain, je me réveillais sur le lit, toute habillée. 

Mes amis me confirmèrent que j'étais partie dans des théories fumeuses, la veille, qu'il m'avaient mis au lit tant bien que mal une fois que la chape de plomb s'était abattue sur moi ; qu'ils avaient fait  la vaisselle en devisant tranquillement ; et qu'ils étaient partis en claquant la porte, tout simplement, sur le coup de trois heures du matin, parce qu'il n'avaient pas les clés. Et moi, je dormais comme une bienheureuse, comme un bébé, après ces élucubrations. 

Cette nuit là, je fus donc vraiment out of control. 

 

mercredi 25 août 2021

Mes années 80

1981 : je vais avoir douze ans. C'est l'avènement de Mitterand le grand, le roi de tous les français. Je constate l'excitation dans les rues et sur la place de la Bastille. Sans m'en rendre compte, je commence à avoir une conscience politique. Cet intérêt ne m'a jamais quitté même si parfois, je suis atterrée de voir comment tout cela évolue, ces prises de pouvoir sans finalement oeuvrer pour le bien commun. Après les promesses, les politiques ont la fâcheuse manie de n'oeuvrer que pour leur bien... Mon coeur est déjà à gauche et il le restera quoi qu'il en soit. Je suis toujours du côté des opprimés, des laissés pour compte. Cela est un point commun avec mon père : la politique. Il n'était pas rare que je regarde avec lui les débats chez Michel Polac et ses fameux droits de réponse. 

1982 : je découvre la musique pop par le biais des ondes qu'on appelle désormais FM, après avoir été longtemps dites libres. A la radio, un groupe me transperce les tympans dans le bon sens du terme. J'achète alors mon premier vinyle avec le maigre argent de poche que j'économise chaque dimanche - à l'époque, il s'agissait de francs. Plus tard, Alides Hiddings et ses Bandit du Temps, ou Time Bandits en référence aux Monty Python, proclamerait qu'il était l'homme à la voix d'or et je l'écouterais en boucle bien volontiers. Encore maintenant, il m'arrive de les écouter. C'est plus facile avec YouTube...

En parallèle, je reste une enfant sauvage que seuls les livres et la musique délivrent de ses peurs primaires. Je continue à faire des fiches sur tout et n'importe quoi à l'aide des encyclopédies familiales.

1983 : je continue dans ma lancée en me gorgeant de musique. Pour la timide que je suis, c'est une porte de sortie. Ce sera certainement l'une des plus grandes histoires d'amour de ma vie. La musique sous toutes ses formes. Enfin presque. J'ai quand même mes limites.

1984 : je découvre la new wave et la cold wave. Alphaville devient l'un de mes groupes préférés. Joy Division puis New Order entrent dans mon walkman, sans compter The Cure, Siouxie and the Banshees, Echo and the Bunnymen - que des noms fantastiques et fantaisistes. C'est également le début de l'euro-dance, et le boom de Depeche Mode. Mais qui connait encore Erasure, Alison Moyet, Frankie Goes to Hollywood à part moi ? 

Mes goûts en matière de musique s'affinent et je sais que j'adorerai pour toujours ce courant musical anglo-saxon. Encore aujourd'hui, je ne lasse pas de passer un titre des Smiths. Car il y a toujours une lumière qui ne s'en va jamais*

C'est également l'année où le 1984 de George Orwell se confond avec la réalité temporelle. Même si ses prédictions ne verront le jour que quelques vingt ans plus tard avec les prémices de la téléréalité et l'explosion des réseaux sociaux. Big Brother will watching you. 

Don't matter what you do. 

1985 : j'ai seize ans et sonne l'heure de mes premiers émois adolescents. Oui, je sais, je n'ai jamais été précoce dans certains domaines. C'est aussi le moment où on se comporte de manière très irrationnelle en faisant exprès de passer devant la maison de celui pour qui son coeur bat. Je ne connais même pas son prénom. Je ne le connaîtrais jamais son nom. Je me souviens seulement qu'il avait les cheveux blonds comme les blés.

Mais c'est également l'année où tout une classe me prend pour cible par des quolibets incessants, des moqueries sur mon nom de famille, complet, dont je suis fière désormais ; cet épisode me marquera à jamais. 

1986 : c'est donc l'année de la renaissance et de la rébellion. Mon style vestimentaire détonne parmi tous ces coincés bourgeois de ce lycée de Cambrai.  Je porte des treillis et des blousons militaires et j'emmerde tous ceux qui me toisent. Après avoir été le souffre-douleur de toute une classe, je me libère littéralement et je me promets de ne plus jamais me laisser faire. Le premier qui vient à ma rencontre en me parlant de mon nom, banal pour une portugaise, je le recadre direct. Pourtant il n'a aucune mauvaise intention à mon égard et nous finirons par devenir amis. 

Comme quoi, ça laisse des traces, cette manie qu'on les humains de se foutre en meute pour harceler ceux qui ne leur ressemble pas.

Moi c'est devenu ma force. 

Entre deux, nous allons à des boums. Oui c'est bien le mot qu'il faut utiliser. Nous prenons la route sur trois kilomètres, à pieds, pour nous rendre dans une de ces salles des fêtes et danser sur des rythmes binaires. Je fuis le quart d'heure américain par contre. 

Même encore maintenant, je ne suis pas une fana des slows. 


1987 : Je n'ai rien à dire ou presque pas. Je tombe de nouveau en grâce ; amoureuse cette fois, ce n'est plus un crush d'adolescente. Un amour platonique qui restera longtemps en moi. Parfois, j'ai une certaine nostalgie. Je regarde la page Facebook, puis je reviens vers le présent. 

C'est l'année où je suis monitrice en centre aéré. A moi les sorties en groupe, en boîte. Je danse comme une folle sur the belgium sound ; le son du Boccacio.

1988 : la new beat bat son plein. Mon style évolue. Je m'habille souvent de sombre. Je pique des vestes masculines que j'agrémente de chaînes où pendent des croix. Je suis définitivement new wave même si j'adore moi aussi dépenser toute cette énergie sur les pistes de danse du Loft ou encore du Space et  ses trois ambiances sonores. Nous découvrons émerveillés les acrobaties de celui que nous appellerons "le révolutionnaire" tant son style est singulier à la fois dans les vêtements et les mouvements de son corps tandis qu'il ressent ces fameux BPM.

1989 : j'ai vingt ans. On dit que c'est le plus bel âge mais j'ai des doutes. Je suis en fac d'histoire. C'est le moment des nouveaux horizons ; des nouveaux amis et mode de pensées. Nous devenons de jeune adultes. Mon style est un mix entre la gouaille du titi parisien et la recherche de l'originalité, avec mes bretelles, mes casquettes et mes pantalons pied de poule.

En novembre, une sorte de frisson s'empare de moi quand je découvre, à travers l'écran cathodique, là-bas à plusieurs milliers de kilomètres de ma petite ville de province, que les gens détruisent pierre par pierre un mur de la honte. Je ne sais pas encore que cela signera aussi mon amour pour cette ville, vers laquelle je suis attirée sans cesse. Berlin et tout ce que cette liberté annonce. 

1990 et celles qui suivent : nous passons une décade. Je continue mes études en histoire médiévale. Je prends un peu plus d'autonomie et ne reviens plus aussi souvent chez mes parents. C'est le début du grunge et de Nirvana ; le début du trip hop et des ses principaux représentants : Massive Attack, Archive et Portishead que j'écoute encore régulièrement. J'entre dans la catégorie des jeunes adultes bientôt sur le marché de l'emploi. Je ne sais pas encore toutes les galères qui vont me tomber sur la gueule.

Je suis confiante. Pleine d'optimisme. 

Ensuite, je deviens cette adulte qui essaie de trouver un boulot et prendre son envol, et qui  galère comme des millions d'autres avant moi. Mon diplôme ne me sert pas à grand chose à vrai dire.

Une chose est certaine cependant : je reste définitivement, et à jamais, une enfant des années 80.


* Traduction de "there IS a light that Never goes out" des Smiths. Définitivement ma chanson préférée 

mardi 17 août 2021

Terriens

C'est en discutant avec une amie sur Instagram que j'ai eu l'idée de ce post. Celle-ci  avait mis sur sa story un truc sur le saumon en élevage ; ce à quoi j'ai répondu "faut-il manger du saumon, voire du poisson tout court ? Voire même des animaux ???". Je précise que cette personne est végétarienne et que nous avons déjà eu quelques discussionss IRL sur la question.

Elle m'expliquait qu'elle essayait d'éveiller les consciences petit à petit là où moi j'ai une furieuse envie de donner un gros coup de pied dans la fourmilière.

Entendons-nous bien : chaque méthode est valable tant qu'on amène certaines personnes à se poser des questions, surtout les gens moins réfractaires. Il y a d'autres pour qui c'est une cause perdue. Ceci-dit, au bout de dix années de végétarisme, suivi de véganisme imparfait, j'utilise des moyens un peu plus musclés on va dire. Même si je ne daigne pas apporter de la bouffe végane quand il le faut. Non parce que le cri de la carotte ou sucer des cailloux. Sérieusement il va falloir vous mettre dans la têtes, chers amis omnivores, que la cuisine végétale est loin d'être triste. Au contraire, c'est une explosion de saveurs et de texture, ainsi qu'une palette de couleurs dignes de l'arc-en-ciel. Va falloir vous réveiller les gars et admettre que vous êtes de mauvaise foi. Parce que moi, votre steak-frites basique, je vous les laisse. 

Recentrons le débat, même si pour ma part il n'y a aucun débat à avoir : éthique 1 - mauvaise conscience 0.

Il faut dire que j'ai été à la bonne école. 

Je dis que mon déclic a été le 7 avril 2012. Je ne me souviens plus de la date exacte. Je mets cette date de manière symbolique. Mais comme ça s'est passé en avril et que j'aime le chiffre 7 pour ce qu'il représente mystiquement parlant...

Donc mon électrochoc a été un documentaire par le biais de mon meilleur ami à l'époque L. Qui m'a littéralement "obligé" à regarder Earthlings. De Shawn Monson. texte récité par Joaquin Phoenix et musique signée par Moby.

Une vraie claque que je me suis prise dans la gueule ce jour-là. Une claque qui allait changer ma vie du tout ou tout. 

Je ne suis pas la seule pour qui ça a fait ça. Revoir son mode de pensée et remettre tout en question ; tout ce qu'on m'a appris depuis que j'étais gamine ; de ce que la société et les industriels de la bidoche voudraient nous bourrer dans le crâne pour oublier. Oublier ce qu'il y a dans notre assiette, et faire le lien. Ce lien entre l'animal et les morceaux de cadavres qu'on découpe comme le gigot du dimanche de papy. 

Croyez-moi, pour tout ceux qui sont devenus végétariens ou végétaliens par éthique il y a comme un déclic, comme si la lumière se fait et qu'on fait justement ce lien très important. La plupart des gens en ont conscience mais le mettent sous le tapis pour ne pas avoir à y penser, comme si c'était de la poussière et rien d'autre. Tous vous le diront : quand tu fais le lien, il est difficile de revenir en arrière.

J'appelle ça déconstruire. Et bien, ce jour là, j'ai déconstruit tout ce que l'on m'avait été enseigné, inculqué, pour réapprendre à voir différemment. Dès lors, il m'était impossible de faire l'impasse sur ce que je venais de découvrir.

Je sais bien que tout le monde ne peut pas devenir végane ; j'en ai conscience. Mais certains reçoivent le message et font en sorte que ce monde soit un peu moins dégueulasse. Nous sommes des grains de sable mais des millions de grains de sable, ça forme une plage. 

Je vous avoue qu'à compter de trois quarts d'heure de documentaire éprouvant, dite par la voix douce et inflexible de Joaquin Phoenix, cet acteur que j'admire tellement, je n'ai pas pu m'arrêter de pleurer jusqu'à la fin. 

Earthling a été pour moi ce coup de pied dont j'avais grandement besoin. 

Et comme beaucoup, l'un de mes regrets c'est de ne pas l'avoir eu, ce fichu déclic, plus tôt.


Par la suite, j'ai voulu chercher l'info. J'ai continué à me documenter, non pas pour ne pas faiblir, mais parce que c'est dans ma nature de savoir.

Aussi, cette petite liste non exhaustive de tous les livres que j'ai lu pour ma part. Il y a beaucoup d'autres disponibles, je vous laisse le soin de faire vos propres recherches si le sujet vous intéresse :

- "Faut-il manger des animaux ?" de Jonathan Safran Foer. Il s'agit du premier livre que j'ai lu traitant de ce sujet. Il explique le cheminement de la pensée de Safran Foer, comment il est arrivé à faire ce fameux lien dont je parlais plus haut. Écrit de manière agréable. On commence le livre et on ne s'arrête pas avant la fin. Il me semble que Natalie Portman voulait s'en inspirer pour réaliser une série de documentaire. Natalie Portman quoi !

- "No steak" d'Aymeric Caron. Très bon ouvrage de vulgarisation. Je l'ai même prêté à ma mère. Ensuite, si on se sent d'attaque, on peut enchaîner sur "Antispéciste" du même auteur. Un poil plus dense et plus complexe.

- "Bidoche, l'industrie de la viande menace le monde" de Fabrice Nicolino. Ici nous sommes dans une enquête ultra détaillée de la filière de la viande. Beaucoup de chiffres mais passionnant de bout en bout.

- "Voir son steak comme un animal mort" et "les animaux ne sont pas des êtres comestibles" de Martin Gibert. Également de bon ouvrages de vulgarisation. Et surtout témoignage de quelqu'un qui est tombé du côté de la force lumineuse. 

- "Yes Vegan ! Un choix de vie" de Catherine Helayel. Juriste spécialisée dans le droit des animaux.

- "La planète Vegan" d'Ophélie Véron. Blogueuse plus connue sous son nom Antigone XXI. Il s'agit plus d'un manuel pratique avec beaucoup de réflexions éthiques (par ex. peut-on avoir des animaux quand on est vegan ? Moi je prends le parti d'adopter des lapins abandonnés)

- "Un éternel Treblinka" de Charles Patterson. Pour moi, il s'agit véritablement d'un livre fondateur sur le véganisme. Comment as t-on érigé la systématisation de la mort de millions d'animaux en une machine implacable ? Très controversé, mais s'appuyant sur des faits historiques. Pour la petite histoire, le titre du livre est tiré d'un ouvrage de Isaac Bashevis Singer, écrivain ayant connu les horreurs des camps de concentration. Et si je parle de ça, ce n'est pas un hasard. Définitivement le livre qui m'a fait basculer dans l'abolitionisme. Si vous préférez une étiquette, en voilà une : "je suis une végane, certes imparfaite, antispéciste et abolitionniste". C'est ma  Bible,  je  n'ai pas d'autre mot plus fort pour faire comprendre à quel point il est fondamental pour moi.




A côté, il y  a également pléthore de livres de recettes. Je cite par exemple la cuisine de Jean-Philippe, Marie Laforêt, Sébastien Kardinal et sa compagne Laura VeganPower. Sinon, je recommande chaudement le blog d'Insolente Veggie qui a commis plusieurs livres tirés de son blog. C'est très drôle, très grinçant et très bien vu.



Pour terminer, tout le monde a sa propre histoire à raconter. Comment s'est faite cette transition. Pour ma part, c'est le mot empathie qui prime sur tout. Il faut avoir un cœur bien accroché pour ouvrir son âme.

Comme l'a dit le Mahatma Gandhi "Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde !". 

Et je l'appliquerais à : soyez-le dans tous les domaines de votre vie. Le monde ne s'en portera que mieux. 

mercredi 11 août 2021

Le démon de la danse

Nulle incantation ou évocation d'un quelconque démon issu des enfers. Mon démon à moi est bien plus coloré et inoffensif.

Je suis ce genre de personnes qui adore particulièrement danser et je ne suis pas la dernière à être sur la piste à me trémousser.

Je vis le casque vissé aux oreilles tandis que je me dirige vers la station de métro la plus proche ou quand je télétravaille. Dans ces cas là je mets mon enceinte Bluetooth. Ou encore les dimanches quand je prépare le déjeuner comme ce midi et que je lance ma playlist Chemical Brothers sur la grosse enceinte.

Mais souvent, quand je rentre le soir de ma journée de présentiel ; ou pour entamer mon week-end, je n'ai pas fait un mètre, ayant largué mon sac à dos sur le canapé, que je finis invariablement par danser sur la musique qui tourne sur le moment. De temps en temps, quand on faisait du télétravail H24, je mettais de la musique et me dandinais dans le salon pour me défouler parce que  j'en pouvais plus de ces logiciels. Un exemple comme un autre^^

Généralement il s'agit de l'électro.

Encore heureux que mes rideaux occultent la vue sur mon salon, sinon les passants auraient un drôle de spectacle ! Oui parce que j'habite au rez-de-chaussée et les gens ont tendance à penser qu'il n'y a personne derrière, jusqu'au moment ou j'entrouvre ces fameux rideaux ; que j'allume le plafonnier dans ma cuisine ou que je ferme les volets électriques. Ça surprend tout le temps !

Parfois, j'ai aussi la brutale envie de danser dans la rue. Et ça, ça la fout mal, je sais. Aussi je me contente de tapoter, chantonner et marcher de manière un peu plus chaloupée.  Ou quand il s'agit des caisses aux supermarchés tandis qu'on attend de déposer ses courses sur le tapis.

Les gens doivent me prendre pour une folle mais je m'en fous : la musique c'est la vie et danser c'est bon pour mon karma.

Lors des deux dernières soirées que j'ai organisé chez moi, dont l'une pour fêter mon anniversaire à coup de tequila paf, mojito maison faits par mes soins, je n'étais pas peu fière que l'ensemble de mes invités se soient mêlés à moi pour se trémousser eux aussi sur la piste.

Peu importe qu'on ne danse pas en cadence : l'important, c'est de s'amuser.

Ou, comme aurait dit ce cher Pierre de Coubertin, l'important c'est de participer. 


NB : à l'heure où je publie ce billet, je suis quasiment toute seule à mon étage, au travail, et je peux donc laisser libre court à ma sale manie :p Sur du Chemical Brothers, ça fait toujours son effet...

 

dimanche 8 août 2021

Du berger à la bergère

Comme promis, J., je poste à mon tour les réponses à ce petit questionnaire que tu as voulu partager bien que, techniquement, il faudrait dire dans le titre "de la bergère à la bergère" pour éviter de mégenrer.

37 questions quand même : tu n'y vas pas avec le dos de la cuillère ! Mais soit, je me prête volontiers au jeu. 

Voilà mes réponses :

1.    La vertu que j’estime le plus : la bienveillance. C'est elle qui conditionne notre relation avec le monde humain, non humain et végétal. Malheureusement, on en manque cruellement en ce moment. Il n'y a qu'à voir les réseaux sociaux.

2.     Ma qualité préférée chez les autres : la franchise. Comme je le suis moi-même, je n'attends pas moins de mes ami(e)s.

3.     Mon trait de personnalité le plus révélateur : ouverte. Je suis quelqu'un de positivement curieux sur plein de sujets. J'aime cette stimulation intellectuelle. J'espère ne jamais la perdre.

4.     Ce que j’apprécie le plus chez mes amis : qu'ils me disent quand je déconne. Et qu'ils m'accordent leur pleine et entière confiance comme j'en fais de même.

5.     Mon principal point fort : je sais exactement ce que je veux. Je n'ai plus peur de dire ce que je ressens.

6.     Mon principal point faible : Colérique. Vulnérable parfois. Je doute énormément.

7.     Mon occupation préférée : Écrire, m'abreuver de films et de séries. Passer des soirées improvisées avec mes amis. Prendre des photos et voir ce que d'autres ne voient pas.

8.     Mon idée du bonheur : c'est une idée fugace, qu'on atteint vraiment jamais. Je ne sais pas donc. Sinon, dire je t'aime à quelqu'un, parce que la vie est courte, tout simplement.

9.     Mon idée du malheur : rendre les armes parce que la vie ne me fait pas de cadeaux. Ceci est mon histoire personnelle. J'ai cru il y a longtemps que j'allais les rendre, ces armes. Mais à qui ?

10.  Si je n’étais pas moi-même, qui aurais-je aimé être ? Je n'y ai jamais pensé. Pas sûre que je voudrais être quelqu'un d'autre. Je pense que j'aime qui je suis sans que cela soit péché d'orgueil. On doit tirer parti des cartes qu'on nous donne à la naissance. Donc, je fais acte.

11.  Où aimerais-je vivre ? Pas difficile du tout comme question. Berlin, Berlin et encore Berlin. Quoi que, je suis sûre que San Francisco me plairait aussi. Ce genres de villes où tu te sens libre ; ça  n'a pas de prix. Bruxelles et son cosmopolitisme m'ont toujours tenté. Et Amsterdam n'est pas très loin non plus...

12.  La couleur que je préfère : le bleu et le rouge. Le bleu parce que je m'habille souvent en bleu, comme un Schtroumpf j'ai l'impression. Et le rouge, parce que c'est une couleur qui attire les taureaux. Comme c'est mon signe... Sinon, le noir rend tout élégant.

13.  La fleur que je préfère : la tulipe et l'orchidée blanche.

14.  L’oiseau que je préfère : le rossignol (se référer aux contes du prince heureux de Wilde)

15.  Le plat que je préfère : tout ce que je peux véganiser bien sûr. Mais j'ai une préférence pour le hachis végétal comme le parmentier que faisait ma maman mais cruelty free. La cuisine italienne également. J'adore les pâtes. Les pâtes c'est la vie. Et les pizza aussi. Je crois que je suis une tortue ninja...

16.  La boisson que je préfère : comme je suis une fille du nord, je vais dire le Houblon. Mais j'aime le vin aussi, Bordeaux Bourgogne, cote du Rhône, vins californiens et africains. L'eau également, pétillante ou plate, qui désaltère.

17.  Le son/le bruit que je préfère : la pluie qui tombe quand je sais que je ne dois pas me lever, à l'abri dans mon lit. Mais attention, une pluie fine de printemps, pas un gros orage qui dévaste tout et dont les éclairs me foutent la trouille. J'ai une peur panique des éclairs.

18.  La saison que je préfère : le printemps. La saison où je suis née et où tout revit. On sent un commencement de promesse. 

19.  Le mot que je préfère/que je déteste le plus : que je préfère le plus : l'acceptation. A contrario, je n'aime pas le mot tolérance. Comme si quelqu'un était grand prince de tolérer la personne que je suis. J'ai un peu de mal avec ce mot, tolérance.

20.  Mes prénoms préférés (féminin/masculin) : Raphaël parce que Dieu guérit (traduction littérale). Globalement je suis sensible aux prénoms d'origine hébraïques ou celtes. Pour les filles, j'ai toujours aimé Camille.

21.  Mes auteurs/autrices préféré.e.s : Oscar Wilde pour son De Profundis, mais pas que, Philip K. Dick, Dino Buzatti  et pour les femmes,  je dirais Anna Gavalda dont j'aime la petite musique et l'attachement aux personnages, et Anne Rice parce que, putain, sa chronique des vampires c'est quand même quelque chose. Pour la poésie : Baudelaire (la mort des Amants !) et Rimbaud. Emily Dickinson que j'ai découvert dans la série du même nom. "Split the Lark".

22.  Mes héros préférés dans la fiction : le Docteur. Cet alien vieux de 1000 ans qui voyage à travers le temps et l'espace. The mad man in a blue box dont le point d'orgue est le changement, n'en déplaise aux haters. (message personnel pour Jodie Witttaker, le dernier docteur en date ;))

23.  Mes héroïnes préférées dans la fiction : Nikita de Luc Besson. J'ai une faiblesse pour les filles badass. Et Willow, la puissante sorcière dans Buffy. Son évolution  dans la série est la plus intéressante à mon sens.

24.  Mes musicien.ne.s/chanteurs/-euses préféré.e.s  Un paquet. Archive. Muse. The Smiths. Alphaville. Damien Saez. Portishead et la magnifique voix de Beth Gibbons. Massive Attack. The Beattles, indétrônables.

25.  Mes films préférés : Pareil. Beaucoup trop. J'ai un tendresse particulière pour les vieux films en noir et blanc. Mais Jules et Jim reste mon film préféré de tous les temps. A cela s'ajoute Les enfants du Paradis. Tout Monty Python. Je vous avoue un truc : j'adore le cinéma. Je dois avoir un bon millier de film en "physique". Sans compter tous ceux qui sont sur disques durs. Je rajoute le fantôme et Madame Muir et "la terre s'arrête de tourner" (celui des années 50). Tout David Lynch, Ridley Scott, Stephen Frears, Neil Jordan et Kathryn Bigelow. La liste est trop longue.

26.  Mes séries préférées : facile.  Dr Who sur la première place du podium - tout ce que les britanniques peuvent nous produire de plus dingue et de plus original, je suis définitivement fan. Puis Sherlock version UK, chapeau melon et bottes de cuir. La Quatrième Dimension (the Twilight Zone en VO). X-files. Buffy contre les vampires dont le sous-texte reste étonnamment moderne malgré les monstres de carton-pâte (je déconseille le film par contre). Et récemment deux claques de Netflix que je voue aux gémonies  - Netflix, pas ces deux séries qui auraient mérité un meilleur sort : The OA et Sense8. Pareil que pour les films : je dois en avoir au moins une bonne centaine en physique. Côté français, j'adore "10 pour cent". NB: j'ai oublié Killing Eve!


27.  Mes livres préférés : 1984 d'Orwell. Les Chroniques de San Francisco (l'intégrale) d'Armistead Maupin, Virgin Suicides et Middlesex de Jeffrey Eugenides. Lestat le Vampire de Anne Rice. Le K de Dino Buzzati. La ballade de la geôle de Reading. Plein d'autres encore dont tout Philip K. Dick.

28.  Mes héros dans la vie réelle (vivants ou décédés) : Ceux qui sauvent des vies. Je parle bien sûr du corps médical sur lequel on tape un peu trop à mon goût en ce moment. Ceux qui prennent des risques pour nous montrer la dure réalité comme L214. Les héros du quotidien donc.

29.  Mes héroïnes préférées dans la vie réelle (vivantes ou décédées) : idem.

30.  La réforme/l’évolution historique que j’admire le plus : je te rejoints là-dessus. Tout ce qui amène de l'égalité et de la justice entre les humains et les sexes - tous les genres, j'insiste bien là-dessus. J'ajouterais l'abolition de l'esclavage et je rêve aussi à l'abolition de l'exploitation animale. Parce que oui, je suis abolitionniste.

31.  Les personnages que je déteste dans l’Histoire humaine : pas fan de Napoléon qu'on célèbre cette année. Cela va de soi, les dictateurs, quels qu'ils soient. Et l'être humain quand il se montre con et borné.

32.  Ce que je déteste par-dessus tout :  la méchanceté qu'elle soit gratuite ou induite. Cela montre la frustration des petites gens. La bêtise humaine.

33.  Le don de la nature que je voudrais avoir : deviner les pensées des gens. Et, cerise sur le gâteau, me déplacer dans le temps et l'espace. Avec un Tardis ce serait vraiment cool. Géronimo !

34.  Comment j’aimerais mourir :  Crise cardiaque.  Ou dans mon sommeil, ça pète la-haut dans le cerveau, même si ça me fait flipper quand on y songe : s'endormir et ne plus se réveiller.

35.  En quoi je voudrais être réincarnée : je n'y crois pas trop. Donc non. Je n'aimerais pas me réincarner et devoir tout recommencer.

36.  Ma devise : Celle de mon Facebook : je ne fais rien, mais je le fais bien.

37.   Mon état d’esprit actuel : fatiguée. Mais toujours très active à ce qu'on me dit.

jeudi 29 juillet 2021

L'Oblique

Le Liquium est un des rares voire seuls bar exclusivement hétéro-friendly de Lille. Malheureusement, au bout de sept années, son gérant a décidé de le fermer définitivement. Non pas par obligation financière car il avait ses solides habitués mais parce qu'au bout d'un moment, il était temps pour lui de passer à autre chose. Faire une pause dans la vie, comme on dit, prendre soin de lui et prendre le temps, tout simplement.

Aussi, l'autre jour, le 15 juillet, j'étais triste d'y aller boire une dernière pinte pour un baroud d'honneur. 

Comme pour souligner ce moment - la fin d'un endroit chaleureux, le ciel était de la partie avec cette petite pluie qu'on appelle un crachin.

C'est également cet instant là qu'on se dit qu'on regrette de n'y pas avoir été plus souvent alors que j'habite à deux ou trois pâtés de maisons tout au plus. D'autant qu'on pouvait y déjeuner et dîner pour pas cher et entièrement végan. 

C'était un endroit où chacun était bienvenu, sans jugement aucun et où on s'en s'y sentait libre, protégé - ce n'est pas rien, sous l’œil bienveillant de Myn, le gérant, à qui j'ai indiqué pour cette dernière soirée que certaines pages internet indiquaient encore son deadname, ce que je trouvais moi, ulcérant. 

Elle va me manquer cette petite Licorne...

Aussi, c'était ma petit contribution pour dire à quel point ce type d'endroits va nous manquer, la communauté queer de Lille.



One night at the Opera*

C'est un fait que je suis sensible à la musique classique. Ce n'a pas toujours été le cas. Je me souviens de certains dimanches où mon père faisait éclater sa chaîne hi-fi pour réveiller toute la maisonnée, quand il ne s'agissait pas de sonner le cor, comme au service militaire. 

Dieu sait ce que je détestais ça à l'époque : être réveillée de cette manière par ce que l'on qualifie de grand musique. 

Mais voilà, on dit qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Mes goûts en matière de musique se sont bien diversifiés avec le temps et la maturité, et je fais désormais le grand écart entre plusieurs genres aussi divers que complètement opposés. De l'électro à la techno industrielle berlinoise, en passant par le ska, le punk,  le trip hop, voire le métal, le rock anglo-saxon ou bien la nouvelle chanson française du style Pomme, Aloïse Sauvage, Hoshi ou Suzanne. Que voulez-vous : j'aime quand  les paroles sonnent et signifient quelque chose. 

Rien pourtant n'est plus intense que d'écouter un quatuor jouant du Dvorak de manière virtuose ou d'apprécier la générale d'Il trovatore, Nabucco de Verdi ou encore une création un poil plus originale, Coraline de Neil Gaiman. ll faut dire que j'ai la chance d'avoir une amie qui travaille à l'Opéra de Lille ; amie qui nous fait souvent le plaisir de distribuer ses largesses. Autrement dit, elle met à disposition des billets gratuits parmi notre petite bande. Et je ne suis pas la dernière à sauter sur l'occasion.

Nous avons la chance d'avoir un Opéra  digne de ce nom dans notre ville. Un modèle au niveau architectural  et à l'acoustique juste imparable. Le son est bon quoi ! Je ne boude jamais mon plaisir quand j'y vais. Inutile non plus de s'habiller en pingouin car le commun des spectateurs est vêtu comme moi : jeans et baskets. Même si certains font péter la cravate et le veston...







L'opéra et les concerts me manquent, c'est un fait et j'ai hâte d'y retourner.  Dire que la dernière fois que je suis rentrée dans une salle, c'était fin 2019. Damien Saez durant plus de trois heures au Zénith. Mon dos cassé s'en souvient encore à force de rester debout. Il faut croire que j'ai eu le nez creux cette année, car j'avais également amené mes neveux au Stade de France voir Muse, rien que ça. Leur cadeau de noël, un peu tardif certes. Mais il s'agissait là de leur première fois et j'ai pas choisi le truc le plus confidentiel non plus. Sans compter Archive entre deux. C'est un fait que dès que le collectif vient à Lille, je vais les voir. Enfin les écouter et surtout danser sur leur électro mâtinée de trip-hop. Parce que rester droite comme une bûche ou filmer durant un concert : très peu pour moi. Ce genre de messe se vit chaque minute avec chaque parcelle de son corps et, accessoirement, de ses oreilles. Avec pour conséquence, la probabilité d'être aphone le lendemain. Si vous voulez me faire taire, moi éternelle bavarde, vous savez quoi faire... Accessoirement, me donner à manger, ça marche aussi.

Tout ça pour vous dire, que la musique et moi ça fait longtemps qu'on s'aime un peu, beaucoup, passionnément. Et j'ai l'art et la manière de danser sur à peu près n'importe quoi. Surtout n'importe quoi. Enfin peut-être pas tout non plus, faut pas déconner.

D'ailleurs j'ai un billet sur cette manie que j'ai de vouloir danser un peu partout, en mode brouillon pour le moment.

La musique classique a de ceci qu'elle transporte où que l'on soit. J'ai une préférence pour les russes comme Rachmaninov ou Tchaikovski. J'adore particulièrement le Dies Irae de Verdi, à mon sens, bien plus fougueux que celui de Mozart.  J'apprécie également les Requiem comme celui de Fauré ou le Stabat Mater de Pergolese.


En vérité, je donnerai cher pour assister au moins une fois à mon opéra préféré : "Tosca" de Puccini. Qui sait si un jour j'aurais la chance d'en savourer les moindres arias ?

* En référence à bien sûr au quatrième album de Queen, comprenant ce titre que tout le monde connait, Bohemian Rhapsody. Je ne vous ferais pas l'injure de vous poster un lien YouTube.

 Pour ma part, j'ai une faiblesse pour Innuendo.

 Album opératique avec ce fabuleux titre d'entrée  de même nom. L'album que Freddy Mercury rêvait de faire depuis longtemps selon certains documentaires.


mercredi 28 juillet 2021

Les transports sont d'un commun

Cet après-midi, j'ai fait un bref aller-retour à l'Hôtel de Ville de Villeneuve d'Ascq pour déposer, cette fois, un dossier pour un passeport. Oui, je sais, il n'est jamais trop tard pour avoir une telle pièce d'identité surtout quand ça fait vingt-cinq ans qu'on est naturalisée. Parfois, je ne suis pas une fille très rapide sur certains points^^

Mais il ne s'agit pas cette fois de  narrer mes nouveaux exploits administratifs. Un passeport diantre : comme si j'allais faire le tour du monde d'ici une semaine. Plutôt à la Saint Glin Glin oui.

J. si tu passes par là, et je sais que tu le feras, je m'en vais te raconter mon envie de trucider quelques un de mes congénères qu'on nomme les humains, ces bipèdes trop fiers de l'être, les cons. Je te rassure, ce n'est qu'en pensée même si l'envie me démange car je n'ai pas particulièrement envie de passer ce qu'il me reste de vie derrière les barreaux. A moins que tu me ramènes des oranges ;)

Si je déteste prendre le métro, c'est qu'il y a toute une faune qui gravite dans les rames. Le matin ça passe encore. Les habitués, les forçats mal réveillés qui petit-déjeunent dans le métro ;  ceux qui lisent les journaux gratuits ; qui finissent leurs nuits en somnolant sur l'épaule du voisin ou qui, comme moi, préfèrent se retrancher derrière un mur sonore - comprendre casque bluetooth vissé sur le crâne. Le soir c'est à peu près la même tambouille,  sauf peut-être un peu plus de gens qui reviennent des courses.

L'après-midi, comment dire.... 

C'est là qu'on entre de plain-pied dans la quatrième dimension avec tous ses corollaires.

Déjà, question distanciation sociale, ce n'est pas ça. Le 1 mètre est réduit à la portion congrue, c'est-à-dire plutôt 10 centimètres, et encore je suis gentille. Le pire en vérité, c'est ce type qui garde son masque sur le menton tandis que nous, pauvres couillons disciplinés, nous le mettons correctement. Bref ce type s'assoit à côté de moi, sur la banquette, et écluse consciencieusement sa 8.6 tout en voulant me parler. Je ne sais pas si tu connais cette bière, J. mais ici on la vend  dans les petits épiciers arabes pour moins d'un euro.  Heureusement, Les Chemical Brothers sont une meilleure compagnie et une barrière anti-con assez efficace. 

Le retour ne fut pas mieux avec cette bande de jeunes morpions qui s'amusaient à descendre de la rame pour courir vers l'autre porte, au risque de nous bloquer le métro. Eux aussi ne connaissaient pas l'usage du masque dans les lieux clos.

Je préfère pour ma part, les transports amoureux (oui elle était facile celle-là) ou les transports musicaux comme ce morceau qui m'a accompagné sur mon trajet, J. 



PS : Je connais Manimal bien sûr ! Avec le recul, les effets spéciaux étaient cheap - trois ou quatre pauvres transformations, pour un métamorphe : peut mieux faire. Je n'ai jamais accroché à K. 2000 et Supercopter. Par contre je valide l'île Fantastique. 

PS 2 : je vois que tu cites Murakami. Je ne saurais trop te conseiller 1Q84 du même auteur. Une dystopie. Dommage qu'on habite pas la même ville : je te l'aurais prêté bien volontiers. 3 tomes, si tu te sens d'attaque :p




mardi 27 juillet 2021

Faisons un pacte...

 ... Si tu le veux bien.

Oui, faisons un pacte toi et moi, car il semblerait qu'au delà de ce qui nous préoccupe, il y a un lien qui s'est créé malgré nous ; une connection intellectuelle qui semble évidente, tu ne crois pas ?

Je ne sais pas si je dois maudire le destin pour m'avoir fait taper un jour à ta porte... enfin t'envoyer ce premier message qui serait le premier d'une longue série. Aujourd'hui, je te l'avoue, je le bénis en vérité. Je n'arrête pas de dire que j'ai des regrets, mais c'est faux : il n'y a pas de hasard.  

Je sais que ce n'est pas facile pour toi non plus, et moi, qui entre dans ta vie avec mes gros sabots. 

Contrairement à ce que tu sembles affirmer, je suis sûre que tu as encore beaucoup de choses à dire, ne serait-ce que les photos que tu postes quand tu te balades dans ta ville avant de rejoindre ton havre de paix. Et puis je suis sûre aussi que tu n'as pas fait le tour de tes souvenirs en Provence ou dans le chalet de tes parents. Le champs des possibles est infini, crois-moi. Tes bouts de vie ricochent sur moi de manière nostalgique, certes, mais me donnent aussi de l'inspiration pour dérouler le fil de mes souvenirs à moi.

Au-delà de ça, tu me fais découvrir d'autres musiques, d'autres livres -  ce qui, pour une boulimique culturelle telle que moi, est un vrai bonheur et un cadeau.

Contrairement à ce que tu n'arrêtes pas de m'asséner de jours en jours, de mots en mots, toi aussi tu es une personne extraordinaire. Ne laisse personne te dire le contraire et ne laisse pas tes mauvais travers te dicter de telles pensées. Quoi qu'il en soit, toi aussi tu me marques, d'une manière que je n'aurais jamais cru possible. 

Je sais, ça fait un peu too much, n'est-ce-pas ? Mais c'est la dernière fois que je te dirais ce genre de choses. Parce que j'ai appris qu'il fallait dire ce qu'on pense réellement au moment où cela doit être dit, si on veut s'éviter des regrets. Tu vois ? Encore ce mot, les regrets. Promis, je ne t'embêterais plus avec mes états d'âme. Soyons légères toi et moi. 

C'est marrant quand on y songe : j'ai posté ce clip à ton attention, et en définitive, je découvre que tes lectures font écho aux miennes. Je parle bien sûr du tour d'écrou d'Henry James, sans occulter les deux autres que tu as cité. Je suis une littéraire après tout. Et tu sais ce qui est le plus drôle dans tout ça ? J'ai peur des histoires de fantômes et je ne suis pas non plus fan des films d'horreur. Je préfère quand la peur est instillée, suggérée  mais jamais montrée. Peut-être qu'un jour j'y reviendrais un  plus longuement. 

Alors, faisons un pacte. Je te le dis ici encore une fois : promis, je ne te parlerais plus de mes états d'âme et de mes sentiments. Et si parfois ça s'échappe, il s'agira certainement de textes que j'ai écrit il y a un moment déjà. 

Alors, qu'en dis-tu ? 

Dis-moi ?

Fais ce que ton âme te dicte. Ecoute la.