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mardi 8 octobre 2024

Une chronique de la légèreté urbaine contemporaine

Je ne pensais pas revenir aussi vite ici, mais ce soir j'ai été témoin d'une scène mignonne, de celles qui vous font sourire, alors que tout le monde autour de soi ne fais attention à rien sauf à l'affichage des métros qui se succèdent avec plus ou moins de lenteur.

Plantons le décor :  le décor urbain d'une capitale européenne, celle où je vis depuis déjà deux ans. Tiens, d'ailleurs à ce sujet, il faudrait que je le traite ce sujet justement : mes premières impressions et réflexions sur ma vie en Belgique, parce qu'il y a de quoi faire un comparatif entre les casse-têtes administratifs entre ces deux pays voisins. Mais voilà : je repousse toujours aux calendes grecques.

Donc, je pars du travail, tard encore, enfin encore plus tard que je ne l'avais prévu. Direction Rogier qui est tout à côté de mon entreprise. 

Je me plante sur le quai, regardant machinalement le panneau d'affichage qui m'indique une attente de 3 minutes avant le prochain passage de la rame qui m'amène à Art-Loi, point central s'il en est puisque   tout le monde ou presque descend pour reprendre une autre ligne. Je viens juste de louper le métro précédent, le temps que je le remarque, que je finisse de descendre et que je bipe ma carte, le voilà qui ferme ses portes et qui file tel un guépard qui vient enfin de trouver sa proie... mais je m'égare. En vérité ce métro était un vieux coucou qui continue à rouler sur les rails on ne sait comment. 

Perdue dans ma musique électronique, je ne les remarque pas, pas tout de suite en tout cas et je suppose qu'autour de moi personne n'observe personne. Mais depuis que j'écris je crois, je ne peux m'empêcher de croquer mes contemporains au détour d'une rue, d'un bar ou d'un restaurant. Partout en fait. 

Ils sont deux. Deux couples. Enfin, le deuxième je n'en suis pas si sûre, peut-être les prémices.

Le premier est sur ma gauche, en face de mon quai. Un couple d'une cinquantaine d'année. La femme s'approche de son mari en lui caressant la joue, puis en s'approchant de lui et en l'embrassant tendrement un peu plus haut que la joue. j'esquisse un sourire. On dirait qu'ils sont seuls au monde. 

Puis mon regard se reporte sur ma droite, toujours sur le même quai. Je vois une jeune femme, la trentaine, qui fait les cent pas en discutant au téléphone. Scène suivante : je note un jeune homme derrière le tourniquet qui fait demi-tour et lui parle au dessus de la vitre, son badge de société tressautant un peu sur sa poitrine. La jeune femme a un grand sourire.  Elle raccroche aussitôt et commence à parler au jeune homme. Je pense qu'ils sont deux collègues, même si je n'ai pas vu de badge autour du coup de la femme - elle est de trois-quart. J'imagine donc qu'il l'a raccompagné jusqu'au quai pour lui dire "au revoir, à demain" avant de se raviser. N'empêche que leur conversation que je devine plus que je ne comprends a quelqu'un chose de léger. Comme un de ces flirts de printemps. Et mon instinct parfois ne ment pas : en effet, au moment de remonter, le jeune homme se retourne sur la jeune femme puis reprend sa longue marche vers le dehors. Puis comme un ballet silencieux, l'autre protagoniste se retourne sur lui après coup, quand il termine sa montée.

Comme dans l'une de ces comédies romantiques anglaises que j'affectionne particulièrement. 

Je ne peux m'empêcher alors d'esquisser un sourire. Un sourire sur les prémices sur, qui sait, les amours naissantes entre deux collègues d'open space.

Cela a fait ma journée. 

lundi 26 juillet 2021

Message personnel

Je sais que c'est stupide de te demander ça. En plus je t'avais promis de ne plus venir te lire, mais tu sais les promesses, parfois on ne peut tout simplement pas les tenir. C'est plus fort que soi et je suis un être humain - faible. Et puis lire tes petits bouts de vie me fait un bien fou. Juste parce que c'est toi et ta ville, tout simplement. C'est peut-être égoïste de ma part...

Je t'adresse donc un message personnel, comme l'a chanté Françoise Hardy.

S'il te plait, n'abandonne pas. Fais une pause si tu le dois. Ou si tu le veux. Mais n'arrête pas sauf si c'est impérieux pour toi. 

Le temps est à la grisaille je sais. Ici aussi. Je sais aussi qu'on vit une drôle de période. Mais te lire me fait l'effet de retrouver ma route comme si j'étais le Petit Poucet du conte défait.  Cela peut paraître idiot n'est-ce-pas ? Encore plus idiot puisque je ne sais même si tu liras ces quelques mots.

Comme je ne sais pas quel est le jour exact de ta naissance, je te souhaite ici un joyeux anniversaire. Je sais que ça ne se fait pas si jamais je m'y prends à l'avance. Mais je voulais le faire, d'une manière ou d'une autre.

Aussi, ce morceau est pour toi.

Je l'écoute souvent ces derniers temps. Il m'apaise.  J'espère qu'il en sera de même pour toi. 



Tandis que suis en train de travailler, je découvre que c'est  la voix de Hope Sandoval de Mazzy Star qui me subjugue ainsi par sa voix comme elle fait ci-dessus.


Que ta journée soit un peu moins grise...

 


jeudi 22 juillet 2021

La sablière

 La sablière.

C'est l'un des endroits où on allait tout le temps quand on étaient des gamins de dix ou douze ans tout au plus. Foncer dans le bois d'à côté avec nos vieux vélos tout cabossés. Notre maison était juste à quelques dizaines de mètres et, en ce temps-là le bois appartenait encore à la commune : tout le monde y allait se promener ; ramasser des fleurs ou des champignons selon la saison. Maintenant cela a bien changé : c'est chasse gardée. Propriété privée : on ne peut plus y mettre les pieds hélas.

Quand on est môme, on n'a aucune idée du danger. Vraiment. C'est en grandissant qu'on prend peur et qu'on ne prend plus tous ces risques.

Donc à nous les trottinettes de compét' déglinguées ; les vélos sans freins, autres que nos pieds. D'ailleurs, au sujet de la première bestiole, pas sûre qu'on m'y reprenne là-dessus. Quand je suis partie de mon ancien boulot, parmi mes nombreux cadeaux (ah la crâneuse, mais j'ai vraiment été gâtée en partant des Eaux Minérales), on m'a offert un de ces engins de chez notre ami Décathlon. Le haut de gamme, qui plus est. Quand j'ai voulu essayer ma nouvelle monture quelques semaines plus tard, il pleuvait - la petite drache du nord - et j'ai bêtement glissé sur une plaque en métal de chez Orange. J'ai même pas fait le tour du pâté de maison, le gag ! Je dois dire que ça a bien calmé toute velléités de recommencer, moi qui, sans rire, à huit ans, était la queen des trottinettes ! Je suis nettement plus à l'aise sur un vélo et au volant d'un VTT et  je m'amuse à prendre les grosses bordures sur les trottoirs - mon côté sale gosse, que voulez-vous ?

Tout cela pour vous dire qu'on en faisait des vertes et des pas mûres à cet âge tendre.  Et on rendait nos parents chèvres en rentrant à pas d'heures, sales, couverts de poussières, des écorchures pleins les genoux et les coudes. Plus tard, on rentrerait encore à pas d'heures, vers 15/16 ans mais parce qu'on passerait nos soirées à se raconter des bêtises sur les parapets qui faisaient le coin, dans notre résidence de maisons type America. Bref on traînait ; on passait le temps. Certains flirtaient timidement.

La sablière était un truc monstrueux. Un gros trou en plein milieu de ce fameux bois. C'était le nom qu'on lui avait donné, dans notre petit village et tout le monde connaissait cet endroit. Personne ne l'appelait autrement. Dans un coin paumé comme le nôtre, il n'y avait pas beaucoup de distractions, hormis le centre aéré au mois de juillet où je fus monitrice quelques années plus tard. Le centre aérée et faire un tour dans les champs alentours. Sinon, il fallait prendre sa voiture pour se rendre à Cambrai, à quinze kilomètres pour pouvoir boire un verre potable dans un bar un peu plus branchouille que le PMU du coin.

Quand on a vécu comme moi parmi des frangins, fatalement on a des jeux un peu plus turbulents que les petites filles élevées comme des princesses. Et j'avais un côté garçon manqué déjà, que je dois avoir conservé je crois. Les jeux de bagarre pour de faux ; les parties de basket ou de foot sauvage ne m'étaient pas totalement inconnus. Mais j'avais également une imagination débordante car je créais des univers entiers. J'y reviendrais plus longuement une prochaine fois. Des cartes de pays imaginaires avec leur gouvernement, souvent des royaumes pour une raison que j'ignore encore, et leurs propres monnaies. 

Après les devoirs et le goûter de quatre heures, nous prenions nos biclous et nous nous rendions en petits groupes vers l'attraction du coin. Le but du jeu en était simple : dévaler la pente le plus rapidement possible et arriver en bas sans encombre à bord de nos engins. Bien sûr, cela nous valait souvent quelques bosses et autres bobos vite oubliés avec des bonbons ou des bisous. A croire que les enfants sont indestructibles à cet âge là.

Mais à l'époque, il n'y avait pas de Playstation, de WII, ou encore de smartphone et autres bidules technologiques si addictifs qui nous connecte tous sans vraiment nous connecter les uns aux autres - un miroir aux alouettes. C'était pourtant le début de l'Atari avec ce jeu tout pourri, Pong, en noir et blanc - mon père avait fait l'acquisition d'une de ces consoles, désuètes désormais.  

Notre imagination prenait souvent le pas et nous ne ennuyions jamais, je crois. 

Ce sont quand même de chouettes souvenirs tout ça ! J'en éprouve beaucoup de nostalgie à présent et il est bien dommage que les plus jeunes générations n'aient pas connus une enfance comme la nôtre. S'amuser d'un rien et lâcher son imaginaire en disposant plusieurs chaises côte à côte pour en faire un autobus : il n'y a rien de tel !

En tout cas, je suis certaine que tout cela a bien stimulé mon imagination...

vendredi 4 septembre 2015

A la manière de Prévert

Je me souviens du temps, pas si lointain et pourtant si vieux, où j’étais encore une ado-enfant.

Je me souviens du café crème à 5 francs, posé sur le zinc du bar tandis que nous attendions que la cloche du lycée sonne, en face.

De même,  nous remplissions un sac de bonbons avec seulement 10 francs. Des bonbons bourrés de saletés chimiques, évidemment, mais colorés, piquants sur la langue et explosant dans la bouche.

Je me souviens de Casimir, Albator, Goldorak go, Capitaine Flam ou encore le pays de Candy ; le pays où l’on s’amuse, on  pleure, on rit…   Prémices des mangas dont les trentenaires s’abreuveraient dix ans plus tard.  J’ai même acheté  les coffrets, collectors rangés sagement dans le bas de mon étagère, attendant que s’accumule la poussière… mais non, puisque régulièrement je souffle dessus ou passe ma main comme si elle était un chiffon.

Je me souviens aussi du « 15 août », cette fête foraine que seule les gens de Cambrai et du coin n’appellent pas autrement. A l’image des bêtises, qui n’ont rien à voir avec celles de Sabine Paturel, mais qui fondent en bouche. Nous gardions notre argent de poche car les attractions étaient déjà bien trop onéreuses. Parfois les aînés cédaient tout de même à l’appel du « grand 8 » et du « train fantôme » et son sourire sépulcral pour de faux. Moi, je préférais garder mes sous et me contenter de regarder les gens  hurler d’effroi ou à en rire à se faire éclater la gorge, tout en mangeant ma barbapapa.

Et puis le 14 juillet avec cette procession rituelle de lampions, où il était temps pour nous de nous rassembler et marcher gaiement tandis que la nuit tombait puis de nous séparer en deux camps : ceux qui allaient « guincher » au bal populaire, ou ceux qui rentraient sagement chez eux. Je faisais déjà partie de la deuxième catégorie.

Je me souviens encore, comme si c’était hier, de M.H. et de son atypique « deudeuche » vert pomme avec son mini toit ouvrant. Nous passions devant notre vieux collège, transformé en école communale, et cela me donnait l’occasion de lever les bras en l’air, par le toit, en chantant à tue tête ou en poussant un cri d’enfant sauvage.

Ou encore les dimanches de Jacques Martin ; des dimanches longs et ennuyeux comme la pluie, un soir, nom d’été, mais de rentrée scolaire. Nous regardions quand même car il n’y y avait rien d’autre, en ce temps-là – pas le choix comme aujourd’hui. Nous regardions le petit écran, hypnotisés ou somnolents.

Dimanches rimaient aussi avec les devoirs faits à la dernière minute. Ces dissert’ pour lesquelles je n’avais d’inspiration qu’au tout dernier moment.

Et puis, tiens, les mercredis de Dorothée sans qui, les adultes de maintenant que nous sommes, seraient différents, moins fantasques sans doute …  Et la petite musique effrayante de cette quatrième dimension sans laquelle je n’aimerais pas autant la science fiction. Les frères Bogdanoff et mes rendez vous implacables du samedi après midi.

Je me souviens de toutes ces choses…

Comme si c’était hier,

Mais aussi aujourd’hui…


Aujourd’hui et demain.

jeudi 9 avril 2015

Pastorale animalière...

... ou devrais-je plutôt dire symphonie du coin coin ?

C'est en effet une petite scène charmante et amusante, à laquelle j'ai assisté sur mon trajet de travail de ce matin, tandis que je longeais le canal.

Les canards cancanaient à qui mieux mieux, nullement impressionnés par mon vélo - ils attendaient juste que je passe pour reprendre leur marche. Et moi, justement, j'ai posé mon deux roues pour prendre ces quelques photos, en souriant de toutes mes dents. Et moi, ensuite, qui essayait tant bien que mal de les diriger vers l'eau car la route, c'est pas fait pour eux et c'est plutôt dangereux. "Allez allez, par sur la route, restez sur l'eau, vous y serez sains et saufs !".

Mes canards cancanaient à qui mieux mieux, derrière leur chef, sagement et obéissants.

Je me suis donc arrêtée, afin de profiter de joli spectacle...

C'est quand même plus agréable que les bipèdes mal dégrossis, non ?









mercredi 25 janvier 2012

Le meilleur moment de la journée...

ça reste le petit déjeuner pour moi. Quand je viens de me lever, à moitié endormie, parce que – une fois de plus, je n'ai pas pu m'empêcher de regarder un épisode, et un puis encore un autre. Ce qui nous amène facilement à deux heures du matin car, comme une imbécile, je m'évertue à rester éveillée. Tu parles : parfois je m'assoupis pour me réveiller une microseconde plus tard et rembobiner le DVD puisque, bien sûr, je loupe la scène cruciale et une bonne partie des dialogues !

Le meilleur moment de la journée, c'est quand je revêts ma vieille robe de chambre bleu marine bien mitée - pour l'anecdote, je ne sais même plus en quelle année avant JC je l'ai acheté – et, nantie de ces chaussons-chaussettes, je m'attable devant mon café noir/1 sucre. Oui je n'ai absolument rien à faire d'entretenir une quelconque image glamour : je suis une pantouflarde, une vraie de vraie. L'ermite réincarnée. Et je bouquine. Rien de mieux. Parfois aussi, je laisse traîner les choses quand je ne travaille pas, ou le dimanche ; le dimanche quand j'ai décrété que je ne mettrais pas le nez dehors.

Et vous, quel est votre meilleur moment de la journée ?

mercredi 29 juin 2011

D'autres petits plaisirs

- J'aime marcher pieds nus sur l'herbe fraîchement coupée, sur le sable ou encore chez moi, sur le parquet, lorsque le temps me le permet.
- J'aime rester au lit le dimanche matin quand je sais que j'ai tout le temps pour me lever. Et puis me rendormir par à coup pour me réveiller dans un demi-sommeil en me disant « j'ai encore un peu de temps ».
- J'aime marcher dans les rues du vieux Lille, sans but apparent, lorsque le soleil est haut, que les tables des cafés sont sorties et que j'observe le spectacle de la vie, tout simplement. Et croiser tous ces regards complices, curieux, pétillants ou même  indifférents : je prends tout.
- J'aime savoir que quelqu'un m'attend. Je me dépêche alors , entre excitation de la rencontre et l'angoisse de savoir plaire... ou non.
- J'apprécie de plus en plus les soirées où rien ne se passe comme prévu, où vous allez de suprises en surprises, au gré des conversations, des rires et des connivences. Ce sont là les meilleures moments. Et pourtant ce n'est pas ancré dans mes habitudes, moi l'ancienne timide qui se soigne comme elle peut.
- Et puis la première gorgée de blonde, brune ou rousse, très fraîche, ainsi que la première bouffée de cigarette. Le week end est là, bien là.
- Et puis aussi savoir que de nouveau mon coeur peut battre. Un sourire. Un regard qui vous fais comprendre que vous êtes la bienvenue, à qui votre présence fait plaisir.

jeudi 13 mai 2010

The man with the golden voice


Je me souviens précisément du moment où j'ai vraiment commencé à aimer la musique pour ce qu'elle était : un moyen de transport immédiat où allégresse peut côtoyer tristesse et mélancolie. Je ne pourrais bien évidemment pas vous indiquer la date et l'heure exacte mais, ce dont je suis sûre, c'est que ça s'est passé un après midi. Cet air-là, je pourrais encore le fredonner. Rien de transcendant pourtant. Pour certains ce sera un morceau jazz ou encore un morceau classique – un grand air d'opéra, une aria ; pour moi ce fut une chanson pop de 3 minutes et des poussières de secondes. Un air entraînant, un passage à l'harmonica – enfin je crois, et ce fut tout.

J'avais 13 ans et la radio rythmait les mercredi où je n'étais pas en cours. A côté de cela, la télévision ne faisait pas encore grise mine d'être délaissée de manière déloyale. Le temps télé nous était parcimonieusement compté et mes goûts se dessinaient, déjà, pour la science fiction avec les émissions des frères Bogdanoff, Temps X. A l'époque aussi, le carré blanc nous attiraient singulièrement, comme toute chose qui est interdite. Tiens, un de ces jours il faudrait que je vous parle de ce carré blanc qui, à la réflexion, n'avait de carré que le nom car il était de forme rectangulaire.
 Grâce à la radio, je découvrais un autre univers où une voix rauque m'interpellait en répondant aux appels angoissés des auditeurs, curieux, ou encore taquins. Depuis, de semblables émissions ont éclos mais n'est pas Macha qui veut.
 J'écoutais deux/trois stations, toujours les mêmes ; j'étais fidèle. L'animateur était maître de mes oreilles en programmant les chansons selon son bon plaisir, ou mon déplaisir lorsque la chanson n'était pas à mon goût. Il était si facile de tourner le bouton à la recherche de quelque chose sur lequel s'arrêter – une zappette radiophonique en quelque sorte. Désormais, je suis seule maître à bord via mon lecteur MP3 et parfois, oui quelques fois, il m'arrive de regretter le temps où une mélodie venait me cueillir la première fois que je l'entendais. Et puis, c'était sans compter les pubs, les plus souvent idiotes, voire agaçantes qui, par quel miracle, entraient dans votre tête une fois diffusée « ah, c'qu'on est bien dans son bain : on fait des grosses bulles, on joue au sous-marin » : vous voyez le genre !
Le déclic se produisit donc vers mes 13 ans boutonneux, prémisses d'un acné virulent pré-pubère. J'écoutais distraitement la radio lorsque l'homme à la voix d'or s'élança sur les ondes. En l'occurrence le tout premier titre du groupe « I'm specialized in you » dont je possède encore le vinyle 45 tours. Ce fut également le premier groupe dont je fus fan. Qui se souvient encore de « Time Bandits » et de son chanteur Alides Hiddings, « the man with the golden voice », au béret vissé sur la tête ? Si vous connaissez les Bandits du Temps, allez-y, épatez-moi. J'appris plus tard que le nom du groupe était tiré d'un film des Monty Python. Si ce n'est pas un signe, ça ?
Un peu plus tard, je croisais la route musicale d'Alphaville, au nom très Godardien et  terriblement cold wave par son univers musical. C'est d'ailleurs à ce moment que l'étude de l'anglais prit une toute autre ampleur car je désirais connaître la signification de ces chansons pop. Je suis toujours fan d'Alphaville - j'ai tous leurs albums, mais Marian Gold s'est quelque peu laissé aller, même si la voix est toujours là.
Plus tard encore, je devins résolument New Wave – The Cure, Joy Division, New Order, les Siouxies. Vêtements noirs, croix en pseudo argent, cheveux en bataille : j'avais toute la panoplie ou presque. Et un peu punk aussi dans ma manière de penser. Vive les Béru, Ludwig von 88 et Gogol 1er. Punk un jour....

Mes années 80 ont été fastueuses. J'ai découvert énormément de choses grâce à ces radios qu'on disaient libres après avoir été longtemps pirates – à l'abordage, moussaillons, allons dégourdir les oreilles de ces blancs becs.

Peut-être qu'un jour, enfin, je vous les raconterais, mes années 80, lorsque nous partions à trois kilomètre de la maison, à pieds, joyeusement, pour nous rendre en boum ; où encore quand nous allions en boîte, la bande de quinzaine de jeunes gens désinvoltes, à l'assaut des pistes de danse, attirés par l'émergence de ce nouveau son, la house, l'acid et la new beat ; fascinés également par le meilleur danseur aka « le révolutionnaire » - tel était son surnom.

Peut être qu'un jour....

Mais une chose est sûre : je me souviens parfaitement de cet après midi où je sentis de manière inéluctable que l'une de mes plus belles histoires d'amour serait la musique, même si à mon grand regret, je peine à plaquer quelques accords sur une guitare.

mercredi 25 novembre 2009

Viagem ao principio do mundo*

Le Portugal à beau être un petit pays, il n'en est pas moins escarpé au nord. Bien sûr, rien à voir avec le mont Blanc ou les Pyrénées, mais nos serras nous donnent quelquefois du fil à retordre, notamment les Estrela pour les conducteurs qui s'aventurent dans ces contrées sauvages. Je me souviens d'ailleurs d'une entrée fracassante... enfin non, cahoteuse, entre brebis, moutons et joli panorama plongeant si on n'est pas sujet au vertige.

Arrivés là, il nous restait encore deux bonnes heures de trajet, voire trois quand la brebis nous bloquait la route.

J'ai coutume de dire qu'il faut au moins un mois pour aller en vacances au Portugal : une semaine pour saluer la famille, une semaine pour dire au revoir et, entre deux, 15 bons jours pour profiter du farniente, du porto, de la plage et des salons de thé. Que voulez vous si la multitude de cousins, cousines, oncles et tantes veut absolument que vous restiez pour souper !

La ville où je suis née, celle de ma grand mère maternelle, n'était au départ qu'un village peu à peu absorbée par la ville voisine. Un pont fait frontière entre les deux ; un pont qu'on arpente régulièrement afin de faire ses emplettes au marché local ou prendre le tram. Nul besoin d'aller 10 km plus loin, Porto, pour se ravitailler en vins du même nom – il faut bien ramener un cadeau à ceux qui sont restés en France. Pourtant, quand on veut dépenser son argent, on filait invariablement au Pao d'Azucar (Pain de Sucre), un célèbre magasin comparable aux Galeries Lafayette ici.

Moi, ce qui me mettait en joie, quand j'étais gamine, et même plus tard, ce sont nos promenades au Palacio de Cristal (ça va, pas besoin de traduction ?). La nuit c'était excitant de profiter de l'animation car tous les portésiens s'y retrouvaient. Nous y dégustions des farturas, sorte de beignet bien huileux et bien gras, ou des glaces qui menaçaient de s'écrouler comme ces glaces italiennes que l'on trouve aux bords de mer l'été. Des familles s'y restauraient en mangeant les fameuses Tripes de Porto. Nous nous élancions ensuite dans les manèges installés là de manière permanente tandis que les adultes retrouvaient un peu de quiétude dans les jardins "à la française". Quelquefois nous avions droit également à des concerts – rock, fado ou variété. Les manèges n'avaient rien à voir avec les grand huit ou la tour de la terreur mais nous nous y amusions comme des petits fous.

Le modernisme effréné est passé par là car ces deux haut lieux de détente et de shopping n'existent plus : le Palacio n'est plus qu'une curiosité de promenade et le Pao de Acucar a été supplanté par d'énormes centres commerciaux comme celui de Santa Catarina qui n'ont certes rien à envier à ceux des plus grosses métropoles européennes : bien achalandés mais déshumanisés.

En vacances, nos habitudes changeaient du tout au tout : si on n'était pas invités dans la famille pour le dîner, on se rendait souvent au restaurant ; et les restaurants de fruits de mer valaient l'attente et les longues files qui peu à peu s'engouffrent à mesure du service. Petit conseil, si d'aventure vous allez en vacances là bas, demandez une demie-dose par personne. Faites moi confiance.

Avec notre argent de poche qui, avant l'euro, se transformait en portefeuille bien garni, nous le dépensions en diverses sucreries et gâteaux dans les salons de thé ou nous marchandions férocement sur les marchés pour acquérir un Lévi's 501, contrefait sans doute, mais que nous arborions fièrement à la rentrée scolaire suivante. En nous entendant parler en français ou avec notre mauvais accent portugais, les camelots essayaient de gonfler les prix – c'était de bonne guerre – mais nous n'en laissions pas conter.

Le mois s'écoulait rapidement, trop à notre goût, entre soirées grillades ou sardines, parties de foot dans le patio ou virées crépusculaires sur la plage. Ça peut paraître cliché, mais le spectacle d'un soleil qui se couche est toujours agréable à contempler.

La dernière semaine, celle des visites "au revoir", nous étions chargés de multiples cadeaux – ceux que nous donnerions et ceux que notre innombrable famille nous donnait en échange des nôtres.

Nous repartions en France regonflés à bloc et les rêves plein la tête.

Il me tarde d'y retourner.

Suite... et Fin !

* Voyage au début du monde (film de Manoël de Oliveira, célèbre réalisateur natif de Porto)

lundi 16 novembre 2009

Petits plaisirs

J'aime être encore debout quand tout le monde dort d'un sommeil profond, comme si j'étais seule au monde. Ce n'est pas forcément de l'insomnie, juste le désir de ne pas se coucher tout de suite. Peu importe que j'ampute ainsi quelques heures à ce sommeil que je sais nécessaire pourtant, mais je résiste encore, un peu, pas toujours.

J'aime écouter de la musique dans mon lit, quand minuit sonne ; quand tout est silencieux. Parfois je m'endors quelques secondes car le corps, le corps, que voulez-vous faire contre lui ? Et puis je me réveille en sursaut parce que la plage musicale suivante n'est plus que bruit. Je sais alors qu'il est temps de songer à rêver gentiment.

J'aime l'odeur du café le matin qui goutte à goutte dans le percolateur, râlant de manière sonore comme une vieille locomotive bonne à jeter à la casse. Surtout l'odeur du café le dimanche. Parce que le jour du Seigneur... Moi aussi j'arrête le temps, bien au chaud sous la couette, à demi ensommeillée. Demain peut attendre. Le ciel aussi.

J'aime sortir de la douche quand la buée recouvre les miroirs, entre la chaleur de l'eau et la tiédeur de la pièce environnante. On sent délavée de toutes les impuretés, des miasmes de la veille, et des jours précédents. Et puis, ça réveille, définitivement.

J'aime m'allonger sur le canapé, dans la touffeur d'un été, en pleine divagation d'après repas dominical. Le temps s'écoule différemment. On arrête sa course pour une journée. Le temps suspend son élan à la vitesse de 24 images par seconde, celle du DVD qu'on insère dans le lecteur. Et parfois, parfois on somnole.

Puis le soir, tout recommence pour s'enclencher dans un nouveau lendemain. Chaque jour ne ressemble pas cependant à la veille.

La liste n'est pas exhaustive, bien sûr. Elle peut continuer à l'infini. Elle peut se remplir au fil des envies et des moments.

Alors, et vous, quels sont vos petits plaisirs ?

mardi 20 octobre 2009

Invitation au voyage - deuxième partie

Pendant deux jours, la logistique devenait l'affaire de chacun. Il fallait gérer les nombreux arrêts pipi – bien sûr, nous n'avions pas tous envie en même temps ; c'eût été trop facile. Il fallait calculer les pauses déjeuners, scruter la route aux alentours de midi afin de noter les aires d'autoroutes relativement propres dans lesquelles on s'arrêterait, si possible tranquilles.

Pour mon mal de transport, j'avais trouvé une parade. Soit je dormais, soit je regardais le paysage qui m'hypnotisait. La méthode n'était pas efficace à 100 %, il va sans dire... A mesure que les kilomètres s'affichaient au compteur, mon teint devenait dangereusement de plus en plus blanc... et puis, quand on est timide comme moi, y compris dans le cercle familial, je vous laisse visualiser la catastrophe lorsqu'il s'agir d'avouer enfin qu'on est bel et bien malade et que ça commence à faire du grabuge dans l'estomac... amis de la poésie, bonsoir. Pour passer le temps, donc, nous avions coutume de nous amuser à un jeu que beaucoup d'enfants ont sans doute eu l'occasion de jouer une fois enfermés dans ces boîtes de conserve ambulantes. Chacun notre tour, nous devions deviner de quel département venait les voitures d'après leur plaque d'immatriculation, accessoirement de quel pays aussi. A ce jeu je n'étais jamais dans le trio de tête. Plus tard, sur les bancs de la fac, les choses ne sont pas améliorées et j'ai toujours été nulle en géographie - que voulez-vous y faire ?!

Agacé par notre babillage incessant, notre père finissait par nous intimer l'ordre d'arrêter de pinailler ; quand ses limites étaient atteintes, il tournait le bouton de la radio et nous nous taisions alors... enfin tout dépendait du style de musique qui était diffusée. Je me souviens parfaitement d'un voyage au cours duquel nous nous sommes coltinés du Ginette Reno. Je n'ai rien contre cette pauvre Ginette, mais comment dire, ce n'est vraiment pas ma came... je ne sais pas si vous avez eu la chance (?) d'écouter les paroles de ses chansons, il y a de quoi attraper un fou rire quand on est épuisés par le trajet. Et je n'ai même pas honte ! Pour parachever l'histoire du mal de transport, quand nous eûmes le break Volvo, mon plus jeune frère et moi étions toujours sur les "strapontins" qu'on rabattait, en sens inverse de la marche – c'était le modèle qui voulait ça. Ce qui ne m'a pas aidé à guérir ce fichu mal de la route, loin de là. Depuis, dès que je prends le train, je m'arrange toujours pour retirer un billet dans le bon sens. C'est un réflexe chez moi.

2000 kilomètres confinés dans un petit habitacle génère évidemment des conflits, d'autant qu'il est d'usage entre frères et soeurs de s'envoyer continuellement des piques. Chaque fois que nous faisions une pause, c'était donc la possibilité de déverser toute cette énergie en nous dégourdissant les jambes comme de jeunes chiots impatients de récupérer la baballe... d'ailleurs, le chien faisait de même en honorant tous les arbustes des aires de repos.

Justement, parlons-en de ces fameuses aires de repos !

Pour nous, enfants, c'était un mini parc d'attraction. Grâce à ce vieux futé de bison, nous avions la possibilité d'obtenir des cadeaux – pas grand chose, mais nous possédions des échantillons de toute sorte (crème de toilette pour bébé, lotions rafraîchissantes) qui nous faisait parfois office de monnaie d'échange – changer de place dans la voiture par exemple. La nuit, ces aires étaient traversés de milles bruits plus ou moins rassurants, entre ronflements et cris de chouettes, sans compter la voracité des moustiques – qu'ils soient français, espagnols, ou portugais, ces bestioles n'en n'ont cure de votre nationalité ou de la langue que vous parlez. L'escadron faisait une razzia directement sur moi... forcément, donneuse universelle.

Quant à l'hygiène durant un tel voyage de deux jours, on peut évoquer délicatement les lavabos bouchés ou à la propreté douteuse aussi et, quand par miracle il y avait une douche, c'était Byzance mais la file était longue avant de profiter des bienfaits de l'eau lorsqu'il en restait justement, de l'eau chaude. Par la suite, avec la caravane, les conditions s'amélioreraient nettement.

Au bout d'environ 48 heures de route, nous arrivions enfin en vue de la terre natale. Dès qu'on était en Espagne, nous étions déjà dépaysés par les sonorités gutturales des habitants, et leur monnaie, larges billets neufs craquant sous nos doigts, que nous dépensions allègrement en sucreries écoeurantes et en eaux pétillantes. L'arrivée à la frontière portugaise nous électrisait davantage. J'essayais de faire en sorte de rester éveillée lors de ce passage pour je ne sais quelle raison. Voir tous ces phares allumés les uns à la suite des autres et le douanier, qui tendait la main à travers la vitre baissée afin de vérifier nos passeports, avait quelque chose d'émouvant. Nous savions alors que, ça y était, nous étions en vacances et que bientôt nous allions nous replonger dans nos souvenirs d'enfance parmi nos cousins du Portugal.

A suivre...

samedi 3 octobre 2009

Invitation au voyage - 1ère partie

Pour initier mes "sucreries et autres douceurs", je vais commencer par décrire un peu la fièvre qui nous prenait quand, enfants, nous étions en Grandes Vacances et, par là, je précise qu'il s'agit des fois où nous nous rendions dans notre pays natal. Ces souvenirs se composent en plusieurs billets. En voici le premier.

Les grandes vacances qui arrivaient à grands pas et la perspective de revenir dans notre pays natal était toute une épopée.

A l'époque, il n'y avait pas encore véritablement de vol régulier pour le Portugal, aussi nos parents chargeaient la voiture familiale la veille du départ. Je me souviens notamment d'une Ford Taunus bien fatiguée qui nous a fait tout de même quelques années. Le vieux break était gonflé à bloc car il fallait non seulement prendre nos affaires pour un mois, mais ramener aussi des cadeaux pour la famille restée là bas. Ensuite, avec l'ajout d'une caravane, la chose s'avérerait plus aisée y compris pour la délicate question du couchage durant le trajet. Encore aujourd'hui, mon père refuse de céder à la facilité de l'avion et prend toujours son véhicule afin de s'y rendre – question de mobilité, d'indépendance... et puis les habitudes sont bien ancrées.

La veille du départ, donc, après que nous ayons aidé notre mère à préparer les sandwichs du lendemain – encore que "aider" est un bien grand mot, nous nous couchions exténués extrêmement tôt étant donné que l'heure du lever était bloquée à 4 heures du matin tapantes. Je ne sais pas si vous avez l'habitude de conduire pendant les mois de juillet et d'août, mais partir dans la fraîcheur de la nuit nous permettait de mettre en échec la fournaise de la journée. Il faut bien dire aussi qu'ainsi nous évitions les embouteillages du côté du périphérique – c'est bien connu, Paris c'est l'enfer !

Malgré la perspective que le lendemain nous devions nous lever aux aurores, nous avions du mal à trouver le sommeil. L'excitation du voyage, la joie de retrouver notre famille et le sentiment de savoir que nous étions enfin en vacances même si les derniers cours de l'année était loin derrière nous, tout cela mélangé nous empêchaient de trouver un sommeil réparateur – ce qui d'ailleurs arrangeait mon père afin de se concentrer sur la conduite. Jusque minuit, la chambre résonnait de nos bavardages incessants et nos parents venaient souvent nous rappeler à l'ordre.

Le lendemain, après une courte nuit, c'est avec une grande fébrilité que nous préparions pour notre long périple de deux jours en voiture.

C'était alors le pied de guerre et le défilé dans la salle de bains. Il fallait faire vite car nous étions nombreux, 6 enfants et deux adultes, sans compter le chien. Pour ma part, j'avais toutes les peines du monde à avaler quoi que ce soit au petit déjeuner malgré les conseils avisés de ma mère qui m'exhortait à ne pas partir l'estomac vide. Enfant, j'étais ce que l'on peut qualifier de malade des transports. Le moindre trajet et je devenais livide. La vraie inconnue du voyage, c'était donc moi. Combien de temps tiendrais-je le coup et à quel moment exactement demanderais-je d'arrêter la voiture ? Heureusement, maintenant j'ai le ventre mieux accroché et, à moins d'être ivre ou pas dans mon assiette, prendre la voiture ne me pose plus aucun problème. Il paraît que c'est une question d'équilibre interne.

Après le check up d'usage – tout était-il bien éteint ? Les volets étaient-ils bien ouverts à moitié ? Les portes donnant sur le jardin étaient-elles bien fermées à double tour ? Avions-nous remis un double des clés à nos voisins afin qu'ils viennent arroser les plantes, relever le courrier ? - après ce check up donc, nous étions enfin prêts pour la Grande Aventure.

A suivre...

mercredi 23 septembre 2009

Quand vient la fin de l'été....

Je ne sais pas si c'est moi ou si mes souvenirs paraissaient plus beaux qu'ils ne l'étaient en réalité, mais les vacances n'ont plus le même goût, la même saveur bien que les grains de sable qui s'immiscent dans les baskets ou les sandales restent toujours les mêmes – collants, irritants. Sans doute que les images que j'en ai sont différentes aujourd'hui, plus colorées à travers ce kaléidoscope qu'était l'enfance, mon enfance. Sans doute que ces tubes de l'été que nous chantions à pleine voix renvoyaient à cette imagerie d'Epinal typiquement américaine avec les coupés sports et les cheveux au vent dans le soleil couchant – en fait, une vieille 2CV verte dotée d'un toit ouvert, et les rires irrépressibles à chaque cahot sur ces chemins de campagne.

J'ai la ferme conviction pourtant que nous étions très insouciants à l'époque ; peu soucieux justement de ce que l'avenir nous réserverait, juste conscients que c'était le domaine de tous les possibles, tous les équations humaines à résoudre, tout les balbutiements des sentiments à éprouver. Peut être que c'est ce que tout être humain ressent quand l'automne revient, déprimant, songeant que l'été de sa vie s'amenuise au fil des mois, des années. Aussi, peut-être par pure nostalgie, laissez-moi vous raconter quelques uns de mes plus beaux étés. Un feu de camp. Un voyage au Portugal. Un match de foot dans un champs moissonné. Pas ce soir, non, car les billets sont en écriture. Au départ, c'était une idée de Lu', un concours auquel je m'y suis prêtée à la dernière minute – comme toujours, mais les germes étaient là : il y aurait plus qu'un billet, plus qu'un épisode de Zora la rousse.