jeudi 22 février 2024

Finalement, j'arrive... ou pas.

Je pensais laisser mes déboires en transports en commun de côté, depuis que je n'habite plus à Lille avec ses deux pauvres lignes de métro - toujours en panne, et ses deux lignes de tram (je ne compte pas les bus et la navette), c'est sans compter avec ma malchance coutumière tel le chat noir que je suis. La guigne me suit ici aussi à Bruxelles, depuis que j'ai changé de travail. Travail qui m'amène dans le centre ville. 

Ce matin donc, il ne fallait pas compter sur l'intelligence des gens qui, au lieu de descendre du tram, s'aplatissent comme des forcenés contre la rembarde, ne laissant que peu d'options afin de sortir de la rame tandis qu'une horde de zombies, pardon d'autres voyageurs attendent impatiemment de grimper à leur tour sur la ligne 8 - Rodebeek vers Louise. D'ailleurs certains ne connaissent pas la bienséance de laisser d'abord les gens sortir du tramway pour se ruer vers l'escalator, souvent en panne, qui mène dans la bouche de l'enfer... enfin le métro ligne 5. Il paraît que ce n'est pas la plus facile. Pourtant les règles de la civilité entre voyageurs sont bien indiquées, mais il faut croire que partout, comme ailleurs dans toutes les villes, la connerie conditionne la manière de se comporter dans les transports. Bref, je n'épiloguerai pas sur le manque de neurones de mes comparses. Ce n'est pas la première fois et ce ne sera hélas pas la dernière fois : c'est désespérant à force !

Cahin-caha, nous nous échouons mon amoureuse et moi sur les deux sièges libres de cette satanée ligne 5 et le voyage se déroule ma foi sans encombre malgré la foule qui se presse et augmente exponentiellement avant notre correspondance. Un Tetris humain. 

Art-Loi nous nous séparons sur le quai. Tandis qu'elle s'engouffre au dehors, je reprends un nouvel escalator pour prendre cette fois la ligne 6 (ou 2, c'est la même chose en fait) pour me rendre sur mon lieu de travail. 4 arrêts au total. 

J'aurais dû me douter que ce n'était pas normal. 

Pas normal en effet que le métro reste ainsi à quai durant 2 bonnes minutes. Je suis chanceuse, me dis-je en montant quand même. Cela arrive de temps en temps et je ne m'en fais pas plus que ça. J'ai ma musique électro dans les oreilles, la meilleure manière d'entamer ma journée. On entend vaguement un appel dans le microphone de la rame - en fait une conversation des plus banales entre deux techniciens de la STIB. Cela aurait dû nous mettre la puce à l'oreille pourtant.

Les portes se ferment et nous partons...

En effet, nous partons mais en marche arrière, comme c'est cocasse !

Toute cela pour nous arrêter un arrêt plus loin, et pas dans la bonne direction. Tout le monde se taille du métro, comprenant qu'il faut remonter et repartir sur le quai d'en face pour reprendre le métro suivant et nous remettre dans la bonne direction. Cela aurait été pourtant plus simple de nous sommer tout simplement de descendre tous ensemble du métro - qui partait en marche arrière, dois-je le rappeler, et d'attendre le suivant. Ah ah sacrés farceurs messieurs de la STIB. Quelle perte de temps.

Mais ce n'est pas fini. Il faut bien terminer sur une note encore plus ubuesque.

Nous nous déversons donc sur le quai pour reprendre la bonne direction. Nous sommes plutôt nombreux - nous sommes légion. Le signal de fermeture s'enclenche et le monsieur devant moi avec qui j'ai discuté et plaisanté, fait le forcing pour laisser les portes ouvertes. C'est sans compter la charmante dame derrière moi qui me pousse comme si c'était la chose la plus intelligente à faire ! Forcément, cette fois, j'ai piqué une saine colère, je me suis retournée et je lui ai demandé à quoi ça servait de me pousser puisque de toute façons il y a quelqu'un devant moi ? 

Non, mais des fois ? Ça va pas bien dans la tête, les gens ? 

Il y a vraiment des baffes qui se perdent et je suis sérieuse. Les neurones ne sont pas données cette année mais elle sont en solde à -100% : c'est la saison des cons et ce n'est pas prêt de finir.

J'ai quand même pris le bon métro dans la direction adéquate mais en maugréant sur l'attitude des primates habillées en costume cravate ou en tailleur*.

Je suis donc arrivée au travail un quart d'heure plus tard avec une  belle anecdote à raconter à mes collègues.

Franchement, je cherche pas les emmerdes mais ce sont les emmerdes qui me trouvent. 

N.B. J'aurais pu tout aussi bien raconter l'histoire d'"à la recherche du scotch perdu" d'hier qui nous a valu hier un bon gros fou rire des familles avec ma collègue A. Peut-être une autre fois qui sait ? N'empêche que je vais finir par monter un spectacle de standup avec toutes les tuiles qui me tombent sur la gueule. Les tuiles ou plutôt la toiture complète.


* des fois on a juste envie de dire aux gens "d'aller se faire cuire le cul" (j'avais juste envie de placer cette expression très imagée)



lundi 19 février 2024

Si j'osais...

 

Si j'osais, un jour, je les enverrai tous ces textes à qui de droit, ces endroits où l'écriture est encore un noble art qui fait voyager, rêver, réfléchir, divaguer, déconnecter.

Mais je ne m'y résous pas. Je suis soit trop fière, soit trop timorée, ou juste blasée. Trop fière pour admettre que j'ai laissé passer ma chance, si tant est que j'en ai eu une un jour. Trop timorée pour croire que je sois encore bonne à quoi que ce soit. Trop blasée pour accepter que mes récits ne font finalement aucun écho parmi toute cette masse de livres qui sortent par torrent, wagons entiers. 

Ai-je vraiment une place,  ma place,  dans cet océan de mots ? 

Et puis je me dis que j'ai passé l'âge, que ce serait ridicule maintenant, que ce n'est plus le temps, même si je continue à coucher mes idées, même si je m'évertue à construire des histoires, rêver des personnages, les faire vivre hors de moi, puisqu'ils prennent la plume au travers de moi et voguent dans leurs vies comme ils l'entendent - cela m'a toujours fasciné qu'un de mes protagonistes prennent plus de place que je ne l'aurais jamais imaginé. 

Bref, je n'ose pas. Je ne m'y résous pas. Je tourne en rond. Je tourne autour de ces maisons, puis je me dégonfle à chaque fois quand je me dis : "cette fois tu sautes le pas". 

C'est idiot, je sais, mais je crois que j'ai perdu la capacité de rêver...

Une chose est sûre pourtant : malgré cela, malgré mes doutes, mes interrogations, je continuerais, quoi qu'il en soit. Quoi qu'il en soit, je continuerais à écrire. 

Finalement, n'est-ce pas la plus belle façon d'oser ? 






lundi 12 février 2024

Cerveau droit / cerveau gauche

 Mon cerveau est en constante et perpétuelle ébullition et parfois je dois baisser le thermostat pour éviter le chaud-froid, ou une cuisson qui s'apparente au brûlé. Mon hémisphère gauche se tire la bourre avec mon hémisphère droit dans une puérile et querelleuse compétition pour démontrer celui qui aurait le plus grand nombre de neurones en état de marche. Ce genre de dispute où l'on ne sait guère lequel des deux gagnera.


L'autre fois encore, sur mon ancien lieu de travail, lors que nous devisions de Napoléon et sa propension à dicter plusieurs courriers en même temps à ses secrétaires particuliers ; ce à quoi j'ai répondu qu'il avait un cerveau qui fonctionnait en arborescence et non de manière linéaire comme le commun des mortels - Napoléon que je conchie de tout mon être soit disant en passant pour des raisons plus qu'évidentes, à ma réponse s'en est suivie une remarque d'une étonnante clairvoyance de celui avec qui les relations de travail n'étaient pas au plus beau fixe : vous aussi vous pensez de cette façon, en arborescence. 


Ce qui ma foi n'est pas faux.  


J'ai eu donc l'air étonnée de celle qui voit enfin que quelqu'un me voit comment moi je me vois. 


D'ailleurs, et même si je travaille sur moi depuis déjà des années, j'ai du mal parfois à communiquer avec les autres. Entendons nous bien : je  n'ai aucun souci à discuter avec les gens - on dit volontiers que je suis capable de parler avec un chien en chapeau, mais c'est parfois un bug là-haut, dans ce qui me sert de poste de contrôle, que les idées fusent et que je réfléchis à la vitesse de l'éclair. Mon père m'a d'ailleurs souvent asséné lorsque j'étais plus jeune que je pensais comme un ordinateur et qu'il n'arrivait pas à suivre. Qu'il fallait donc que je ralentisse la cadence. Cette remarque m'est restée imprimée comme un circuit en 3D. 


De fait, je suis persuadée que l'on a compris de quoi je voulais parler et quand je vois la tête des gens, tête ahurie au demeurant, se demandant de quoi je suis bien en train de théoriser, je me rends compte que le but recherché n'est pas atteint.  


Pour faire simple, dans ma tête tout est clair : de A vers C en passant par B. Sauf qu'en pratique, je suis passée directement du postulat de départ à la conclusion sans assurer le SAV de mon raisonnement, à savoir comment j'en suis arrivée là. Je pense à voix haute, souvent, et je projette mes pensées en étant persuadée qu'elles ont été clairement énoncées. Vous saisissez le concept ? 

Ou pas ?

Mon cerveau est un brouillon en perpétuelle construction, un jeu de Lego que je démonte et remonte pour en faire autre chose que l'idée initiale. On appelle ça se triturer les méninges. Mais pas que. 


J'ai toujours été comme cela en fait. 


D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu un mal de chien que ce soit en classe, n'importe où en fait, de m'exprimer de manière linéaire. Il fallait que  mes neurones foutent la pagaille en s'agitant dans tous les sens ; qu'une pensée en amène non pas à l'arrivée finale mais à une autre pensée, collatérale, qui déclenche également d'autres petits. Bref, ça cascade à tout va, sans discontinuer comme un ruissellement. C'est d'ailleurs sans doute pour cela que je me suis payée une sale note en maths au bac. 


Je suis incapable d'entreprendre un truc à la fois. Quand je lis, je commence le bouquin, puis je mets de côté pour ouvrir un autre livre et ainsi de suite. C'est la même chose pour les séries  : je peux en commencer plusieurs en même temps et suivre la progression en fonction de mes humeurs. Idem pour mes écrits : j'ai toujours plusieurs histoires sur le feu - romans ou nouvelles, billets d'humeur que je tricote ou détricote en fonction de mes envies. 


Je suis une boulimique qui avec l'âge ne s'assagit pourtant pas. Je ne peux pas fonctionner autrement, je le crains. Mais je fais avec puisque je n'ai pas le choix. C'est comme cela que j'ai toujours fait. 


Heureusement toutefois, dans ma vie amoureuse, il m'est juste impensable de courir plusieurs lièvres à la fois. Cela me semble d'ailleurs complètement perturbant et ne me ressemble aucunement.
 
De l'importance d'être constant... comme dirait Oscar W.