vendredi 18 août 2023

Farewell to Dublin

D'aussi loin que je me souvienne j'ai été attirée par l'Irlande, cela étant  certainement dû en à la mythologie celte. J'étais la passionnée de la famille, le rat de bibliothèque qui se mettait en retrait par timidité pour compulser de manière irrépressible la collection des "Tous l'Univers" que mes parents possédaient dans leur bibliothèque - 18 ou 24 volumes je crois. Je synthétisais tout et n'importe quoi sur mes pages quadrillées que j'arrachais de mes cahiers d'école, de l'histoire du Royaume de Suède aux combats de la première guerre mondiale, en passant par les Vikings, la Mésopotamie ou la Grèce Antique. Et l'histoire des celtes aussi, que j'aurai à potasser bien des années plus tard pour le concours d'entrée à l'école du Patrimoine, que je n'ai finalement pas passé, sans doute à cause de contraintes matérielles. 

Aussi quand nous avions opté pour la destination finale de nos vacances mon amoureuse et moi, nous avions sélectionné Edimbourg, un clin d'œil à un de mes récits où j'avais parlé de cette ville sans y avoir mis un fichu pied, ou la capitale de l'Irlande, Dublin. Connaissant très, et trop bien, Berlin nous nous sommes mises d'accord pour remettre la visite de cette dernière à une autre fois. 

Dublin ne se livre pas tout de suite à vrai dire. Le charme agit certes, mais ce n'est pas un vrai coup de foudre comme la fois où j'ai atterri sur la piste de l'aéroport de Berlin-Schönefeld. On tombe amoureuse de cette ville et de ses habitants de manière un peu plus subtile. Sans doute les attentes avaient été trop hautes et j'espérais être éblouie instantanément. 

De fait, au bout de deux jours seulement, après des visites à marche forcée et mes salutations au Trinity Collège, celui-là même qui avait vu sur ses bancs l'un de mes auteurs préférés, Oscar Wilde, j'ai dû me rendre à l'évidence que cette ville est un écrin. Voici donc pêle-mêle mes ressentis, qui ne sont bien entendu plus que subjectifs. 

Tout d'abord, ce n'est pas une grande ville à proprement parler. Le centre est accessible facilement à pieds et, si on est fatigué et/ou fainéant, rapide en transports en communs lorsqu'on est un peu excentré comme nous l'étions - 20 minutes. Deux lignes de tramway au prix peu excessif de 22 euros de manière illimitée durant toute une semaine, soit le temps de nos vacances. La green line et la red line, le tramway donc, bien plus élégant et neuf que celui de Bruxelles, des bus à deux étages typiques des pays anglo-saxons - des doubledeck bus, mais pas de métro. C'est assez étrange pour une capitale mais c'est à noter. Que dire de nos journées ? 

Elles ont bien été remplies. C'est un fait. 

Il fallait choisir entre les nombreux musées et le choix était cornélien. Dublin est une capitale riche d'histoire et de culture. Il y a à faire, c'est certain, pour qui veut passer des vacances autrement qu'en bouquinant sur la plage, se dorer la pilule au soleil du sud ou en jouant à une partie de beach-volley. Cela peut avoir son charme, jusqu'à un certain point à mes yeux. J'ai été, et je reste adepte des vacances où l'on s'immerge dans la culture d'un pays et de ses habitants plutôt que du farniente total et de la bronzette orange carotte. 

Pas de tour en bus, ni de visite de Guiness ou de Teeling (le whisky) et Jameson : ce sera pour une autre fois, mais une visite à pieds avec un guide touristique dans la langue de Molière qui au final ne m'aura pas vraiment appris grand chose. Les meilleures visites ont de fait été celles que nous avons faites sous le coup de l'impulsion et non préméditées, comme la National Gallery of Ireland, immense avec ses 54 salles - une demi-journée suffirait à peine pour tout voir, ou encore la long room du Trinity Collège, malheureusement vidée à moitié de ses livres mais qui fut une claque pour moi. Je me souviens avoir exprimée à voix haute mon émerveillement à deux reprises : "C'est magnifique". Dans le quartier des Liberties, la Cathédrale de Saint-Patrick, qui contrairement à ce que l'on s'imagine n'est pas la cathédrale officielle de Dublin*et que l'on a parcouru durant plus de deux heures, pour le clin d'œil au Saint-Patron de l'Irlande et où on y a pu dégoter deux anneaux de Claddagh. Le Epic, ou musée de l'immigration, valait également le coût de la visite, pour l'histoire de l'Irlande, de ses flux migratoires et de l'influence de ce pays à travers le monde. Si l'on y réfléchit bien, l'Irlande a produit un nombre impressionnant d'artistes, chanteurs, dramaturges (4 prix Nobel de littérature tout de même !). D'ailleurs cela transcende chaque recoin de rue de Temple Bar ou Grafton Street, zone névralgique et commerçante, mais moins que la longue O'Connell Street - petit aparté : O'Connell est la rue par excellence des magasins de souvenirs**. Grafton Street est certainement la rue qu'il faut emprunter si on est sensible à la musique folk ou rock. Les musiciens affrontent sans se démonter le regard blasé des locaux et de touristes en continuant à chanter envers et contre tous. Et, bon sang de bois ne saurait mentir, le nombre de damn good singers que j'ai eu l'occasion d'entendre ! C'est dans leur sang, ce gène de la musique qui se transmet ainsi de générations en générations.

Un petit bémol toutefois, le MoLI ou musée de la littérature irlandaise, ou ne devrait-on pas plutôt le rebaptiser le musée James Joyce ? Je m'attendais à ce que toute la littérature y soit représentée (Bram Stoker, Oscar Wilde, Edna O'Brien et j'en passe) et pas juste survolée, et non cette omniprésence de Joyce ainsi que la sous représentation de la littérature féminine. Cela dit, au dernier étage, chaque visiteur peut si l'envie lui prend, accrocher une petite pensée sur un mur en ardoise. Est-ce que le mien est encore visible après une semaine  ? Telle est la question mon cher Watson. En tous les cas, mon petit mot était quelques lignes de mon cru portant sur la littérature et l'imagination. 

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur Dublin mais ceci fera sans doute l'objet d'un nouveau voyage. Sans doute les ressentis de mon amoureuse n'ont pas été les mêmes. Je sais qu'elle a aimé le retour au passé au 14, Henrietta Street alors que j'étais  un peu déçue. Comme dit plus haut, il faudrait y retourner et enfin goûter la bière nationale suite à un de ces Guiness tours dont les étrangers sont si friands, et non pas dans un pub. On pourrait également parler de l'indélicatesse des voisins de chambre qui ont cru être seuls au monde. Je vous laisse imaginer le type d'indélicatesse que nous avons eu à nous farcir avant que l'on donne des coups secs mais fermes dans le mur pour leur souligner qu'ils n'étaient pas seuls et que tout le monde pouvait les entendre. Quelle santé !
 
En guise de conclusion, ce que j'aimerai mettre en avant, c'est l'extrême gentillesse et politesse des dublinois. Notre chauffeur de taxi aurait pu éructer, voire insulter la cycliste qui zigzaguait entre les véhicules sans marquer ses intentions, mais il s'est contenté de lui notifier que cela aurait été plus clair pour tout le monde de le signaler de la main, de manière neutre, sans hausser la voix. Spectacle étonnant quand l'on constate l'énervement continuel à Paris, où autre grande métropole, entre les voitures et les deux roues.  Et surtout ce sentiment de se sentir en sécurité partout où nous allions à n'importe quelle heure de la journée ou de la nuit. 

Et, pour l'anecdote, des français. Beaucoup de touristes français. Un incalculable paquet de touristes français dès que l'on se retournait, à droite, à gauche, devant et derrière. Bizarrement également, pas mal de portugais et/ou brésiliens dont l'accent à mes oreilles me faisait sourire inévitablement.

Bref, Dublin n'est pas une ville où le soleil prédomine - il faut s'attendre à de la pluie qui vous chope sans vous prévenir, mais c'est une capitale qui vaut le détour pour peu que l'on préfère des vacances en toute immersion et en toute curiosité. 

N.B. les Irlandais mangent tôt (genre 18h). Bon a savoir quand on arrive dans un restaurant après 21h et que l'on vous dit que les cuisines sont fermées. Par ailleurs le wifi de Dublin est nickel (pas comme celle de Bruxelles) et, tenez-vous bien, les toilettes ne sont pas payantes !!



* Christchurch est la cathédrale officielle de la religion catholique, à dix minutes  à pieds à peine de Saint-Patrick.

** Caroll Irish Gifts : où après avoir adopté un Bernard, Berlin bear emblème de Dublin il y a 5 ans, j'ai ramené son petit modèle dublinois, un Bernie bear de poche