vendredi 13 mars 2009

Eureka Street

Il est des livres surprises dont on défait l'emballage sans même se rendre compte que les lire est un véritable cadeau.

J'ai terminé il y a peu "Eureka Street" de Robert Mac Liam Wilson. On m'en avait déjà dit beaucoup de bien auparavant ; et beaucoup de bien plus quelques mois à végéter entre les allées d'une bibliothèque silencieuse, fatalement un jour on finit par succomber après avoir longuement hésité (so many books so litte time, what can I do ?).

Pourtant j'étais sceptique aux premières pages et je ne sais pas ce qui s'est passé ensuite, je suis tombée amoureuse des personnages et des histoires, oui parce que histoires il y a. Je ne crois pas aux coups de foudre. Je crois plus aux histoires d'amour qui s'installent durablement, subrepticement, des petits riens mis à bout qui font qu'un jour on se découvre en nous ce sentiment presque tout neuf mais certainement toujours aussi beau. En l'occurrence je suis "en amour" de cet auteur irlandais. J'avais éprouvé les mêmes symptômes en découvrant Jonathan Coe.

On suit le destin pitoyable de deux anti héros. Jake avec cette interrogation récurrente : "mais pourquoi aucune femme n'est capable de s'attacher à moi ?", suivie de son corollaire "pourquoi je m'attache à celles qui ne sont pas pour moi ?". Charlie alias Chuck, plus que bedonnant trentenaire motivé par l'argent et qui va comprendre que le bonheur n'est pas là où il le croit. Ce roman serait un livre comme les autres s'il n'était inscrit dans une région à la fois sinistrée économiquement et civilement tant la lutte opposant catholiques et protestants imprime chacune des pages - Belfast en tant que cruel symbole du "bloody sunday". D'ailleurs, le chapitre le plus dur relate en quelque traits seulement toute l'ironie et l'absurdité d'une guerre séculaire. En quelques mots, quelques scènes, l'attentat de Fountain Street y est dépeint de manière quasi clinique pour mieux souligner l'horreur d'un tel acte de barbarie sournoise.

Dans ce quotidien oppressant des bombes qui éclatent régulièrement, ces petites combines pour survivre, cette bande de copains qui se retrouve régulièrement dans le même pub, on s'attache inexorablement : on les regarde vivre tout simplement. La truculence du style y est sans doute pour quelque chose, mais certainement aussi l'affection que Mc Liam Wilson voue à ses personnages de loosers.

Les dernières pages, une conclusion qu'on devine nettement, sont parmi les plus belles que j'ai lu récemment. Pas grand chose pourtant, juste le premier matin après la première nuit. Et pourtant elles sont porteuses d'un espoir. Vous l'aurez compris, je suis prête à succomber également à "Ripley Bogle" du même auteur.

4 Avis intrépides:

Plume a dit…

Repiqué sur Je Lis, Tu Lis, Il Lit :)

(forcément ! )

ma vie intrepide a dit…

pas de souci puisque je participe au programme :).

Anonyme a dit…

aaaah, enfin un commentaire sur une lecture ! ;-)

mais dis-moi, il est aussi en français ?

ma vie intrepide a dit…

Je l'ai lu en français mais je trouvais cette pochette plus jolie. Et c'est la deuxième fois que je fais un commentaire :). (le premier parlait de William Gibson)