mardi 20 juillet 2021

Sans filtre

Je suis communément ce qu'on appelle quelqu'un sans filtre - je n'en vois pas l'intérêt. Comme ces TSA, troubles du spectre autistique, qui répondent le plus franchement du monde quand on leur pose une question de la plus simple à la plus complexe. Sauf que je n'ai pas de TSA. 

Je ne suis pas la reine de la diplomatie. Ça se saurait. Je vanne comme d'autres snipent des civils en temps de guerre.  Je suis trop franche, il paraît, et ça détonne.

Fut un temps où l'un de mes RH m'avait avoué, entre quatre z'yeux, avant qu'il ne quitte la boîte, qu'une de mes qualités était, je cite " toi, M. tu dis  des vérités bonnes a dire, mais surtout bonnes a entendre".

J'accepte la même chose de mon interlocuteur. C'est le jeu. Je ne supporte aucunement les hypocrites ambiants qui vous disent amen devant et vous poignardent derrière. 

Je les conchie.

Prenons l'exemple de l'entreprise, ce microcosme sociétal où vous passez une bonne moitié de votre vie.

Même si ça part d'une bonne intention, si l'une de vos collègues remarque que ça ne va pas, que vous êtes triste et vous demande pourquoi vous ronchonnez depuis toute à l'heure via le tchat - ce qui est faux, parce que vous avez la sale manie de parler à voix haute devant votre ordinateur. Vous avez alors l'option de faire semblant que tout va bien ; si l'on insiste, que vous êtes mal réveillée... puis finalement vous répondez "si tu le dis" parce que vous n'avez juste pas envie d'étaler vos états d'âme. D'autant que vous n'avez pas fait votre CO à tous les gens que vous croisez dans les couloirs et que vous ne savez pas comment ils se comporteraient. Parfois, on dirait que seuls les hétéros sont les seuls dignes de vivre des histoires d'amour - il n'y a qu'à voir la liste de toutes les niaiseries que nous dégueule à longueur de temps toutes les chaînes confondues durant les festivités de Noël. 

Bref je m'égare. Ce matin j'ai donc esquivé. Je ne voulais pas motiver mon envie de ne pas parler, comme si ce n'était pas mon habitude, moi si bavarde en temps normal. Mais il est certains trucs, comme la chose intime, que je ne dévoile qu'à mes plus proches camarades de boulot et celle-ci n'en faisait pas partie.

Des fois, j'ai vraiment envie de hurler qu'on me lâche la grappe, alors je me contente de sourire, et de balancer une des ces vannes qui font fuir les gens ou les refroidir ; ce qui revient au même puisque c'est là le but.

Bizarrement, quand vous voulez être seule avec vous même y compris dans la cafétéria tandis que vous consultez vos pages internet et que vous avez retardé un maximum le moment de descendre, c'est là que tout le monde rapplique et veut vous parler

C'est à n'y rien comprendre.

Mais je m'égare encore une fois. Je divague.

Comme exemple de mon côté sans filtre, il n'y a rien de mieux que raconter ce fameux jour où, quand je travaillais encore en libraire, lassée d'entendre des on-dits, des racontars sur ma gueule,  je suis allée d'un pas déterminé vers celle qui balançait ces horreurs en lui assénant tout de go : "écoute D., tu ne m'aimes pas, je ne t'apprécie pas non plus, mais on peut faire en sorte de travailler correctement ensemble". Bon, l'exactitude de la phrase n'est pas avérée, mais la finalité et la substance étaient la même. Si mes souvenirs ne me lâchent pas, c'est à peu près la teneur de ce que je lui ai dit ce jour. 

Un exemple parmi tant d'autres.

Ce à quoi cette hypocrite en chef m'a répondu avec un ricanement choqué, ou offusqué, je ne sais encore, qu'elle n'avait ô grand jamais osé dire qu'elle ne m'aimait pas, tout cela d'une manière un peu trop théâtrale - mon oeil quoi !

Je pense que pour la première fois de sa vie, quelqu'un a osé lui dire ce que personne n'osait lui dire. Mais vous savez quoi ? Moi je m'en fous. Je continuerais quoi qu'il en soit. C'est dans ma nature. Quitte à me prendre un retour de bâton, au moins les gens savent parfaitement ce que je pense d'eux. Et s'il faut dire une bonne fois un "merde" bien senti, et bien ce sera moi, bien sûr.

Sans filtre, je vous dis. 

Il paraît que ça ne se fait pas.

Mais je le revendique  haut et : je m'en fous. On est pas sur terre pour se raconter des boniments. 

Sans filtre donc. 

 

 

 

 

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