jeudi 22 juillet 2021

La sablière

 La sablière.

C'est l'un des endroits où on allait tout le temps quand on étaient des gamins de dix ou douze ans tout au plus. Foncer dans le bois d'à côté avec nos vieux vélos tout cabossés. Notre maison était juste à quelques dizaines de mètres et, en ce temps-là le bois appartenait encore à la commune : tout le monde y allait se promener ; ramasser des fleurs ou des champignons selon la saison. Maintenant cela a bien changé : c'est chasse gardée. Propriété privée : on ne peut plus y mettre les pieds hélas.

Quand on est môme, on n'a aucune idée du danger. Vraiment. C'est en grandissant qu'on prend peur et qu'on ne prend plus tous ces risques.

Donc à nous les trottinettes de compét' déglinguées ; les vélos sans freins, autres que nos pieds. D'ailleurs, au sujet de la première bestiole, pas sûre qu'on m'y reprenne là-dessus. Quand je suis partie de mon ancien boulot, parmi mes nombreux cadeaux (ah la crâneuse, mais j'ai vraiment été gâtée en partant des Eaux Minérales), on m'a offert un de ces engins de chez notre ami Décathlon. Le haut de gamme, qui plus est. Quand j'ai voulu essayer ma nouvelle monture quelques semaines plus tard, il pleuvait - la petite drache du nord - et j'ai bêtement glissé sur une plaque en métal de chez Orange. J'ai même pas fait le tour du pâté de maison, le gag ! Je dois dire que ça a bien calmé toute velléités de recommencer, moi qui, sans rire, à huit ans, était la queen des trottinettes ! Je suis nettement plus à l'aise sur un vélo et au volant d'un VTT et  je m'amuse à prendre les grosses bordures sur les trottoirs - mon côté sale gosse, que voulez-vous ?

Tout cela pour vous dire qu'on en faisait des vertes et des pas mûres à cet âge tendre.  Et on rendait nos parents chèvres en rentrant à pas d'heures, sales, couverts de poussières, des écorchures pleins les genoux et les coudes. Plus tard, on rentrerait encore à pas d'heures, vers 15/16 ans mais parce qu'on passerait nos soirées à se raconter des bêtises sur les parapets qui faisaient le coin, dans notre résidence de maisons type America. Bref on traînait ; on passait le temps. Certains flirtaient timidement.

La sablière était un truc monstrueux. Un gros trou en plein milieu de ce fameux bois. C'était le nom qu'on lui avait donné, dans notre petit village et tout le monde connaissait cet endroit. Personne ne l'appelait autrement. Dans un coin paumé comme le nôtre, il n'y avait pas beaucoup de distractions, hormis le centre aéré au mois de juillet où je fus monitrice quelques années plus tard. Le centre aérée et faire un tour dans les champs alentours. Sinon, il fallait prendre sa voiture pour se rendre à Cambrai, à quinze kilomètres pour pouvoir boire un verre potable dans un bar un peu plus branchouille que le PMU du coin.

Quand on a vécu comme moi parmi des frangins, fatalement on a des jeux un peu plus turbulents que les petites filles élevées comme des princesses. Et j'avais un côté garçon manqué déjà, que je dois avoir conservé je crois. Les jeux de bagarre pour de faux ; les parties de basket ou de foot sauvage ne m'étaient pas totalement inconnus. Mais j'avais également une imagination débordante car je créais des univers entiers. J'y reviendrais plus longuement une prochaine fois. Des cartes de pays imaginaires avec leur gouvernement, souvent des royaumes pour une raison que j'ignore encore, et leurs propres monnaies. 

Après les devoirs et le goûter de quatre heures, nous prenions nos biclous et nous nous rendions en petits groupes vers l'attraction du coin. Le but du jeu en était simple : dévaler la pente le plus rapidement possible et arriver en bas sans encombre à bord de nos engins. Bien sûr, cela nous valait souvent quelques bosses et autres bobos vite oubliés avec des bonbons ou des bisous. A croire que les enfants sont indestructibles à cet âge là.

Mais à l'époque, il n'y avait pas de Playstation, de WII, ou encore de smartphone et autres bidules technologiques si addictifs qui nous connecte tous sans vraiment nous connecter les uns aux autres - un miroir aux alouettes. C'était pourtant le début de l'Atari avec ce jeu tout pourri, Pong, en noir et blanc - mon père avait fait l'acquisition d'une de ces consoles, désuètes désormais.  

Notre imagination prenait souvent le pas et nous ne ennuyions jamais, je crois. 

Ce sont quand même de chouettes souvenirs tout ça ! J'en éprouve beaucoup de nostalgie à présent et il est bien dommage que les plus jeunes générations n'aient pas connus une enfance comme la nôtre. S'amuser d'un rien et lâcher son imaginaire en disposant plusieurs chaises côte à côte pour en faire un autobus : il n'y a rien de tel !

En tout cas, je suis certaine que tout cela a bien stimulé mon imagination...

0 Avis intrépides: