Pour répondre à la demande de Cécile, gagnante de la deuxième session de "Et parfois je dessine", je reviens sur une de mes passions, à savoir : comment de nulle en cuisine je suis passée à cordon presque bleu. Retour vers le passé donc.
"La situation est grave, mais pas désespérée".
C'est ce que je décrétais en regardant, d'un air découragé, la montagne de casseroles et de couverts sales empilés tant bien que mal dans le petit évier de ma cuisine d'étudiante... enfin quand je dis "ma", j'oublie de dire que je partageais l'appartement avec deux autres locataires : une première année d'histoire et une infirmière.Voilà pour placer le tableau d'une pauvre Intrépide qui se bat contre une (maigre) batterie de cuisine.
Bon en ce temps là, je commençais à fricoter un peu avec les faitouts, économes (j'épluchais un paquet de légumes) parce que l'hiver j'aimais bien manger ma propre souplette plutôt que de simplement m'ouvrir une brique.
Je vous arrête tout de suite : ce n'est pas inné chez moi de cuisiner ainsi des heures durant. Mes premières tentatives (ou dois-je dire expériences hasardeuses dignes d'un petit chimiste) remontent à mon enfance. A l'époque, pour nous amuser, ma soeur et moi avions coutume de régulièrement jouer à un jeu que j'appellerais "le restaurant". Le principe en était simple : chacune notre tour, nous nous improvisions chef cuistot/serveur puis client (exigeant cela va de soi ; voire chiant et même très chiant) . On avait récupéré un tonneau (?) en guise de table, posé un torchon à vaisselle pour la nappe et allez, hue cocotte, en avant pour "le restaurant". On avait profité de ce que mes parents s'étaient éclipsés pour préparer une tambouille indigeste : des pâtes collantes (la fourchette prenait tout d'un bloc, c'était pratique) et des carottes bouillies hyper salées immangeables. Ce sont les deux premières recettes (hum) qui me viennent instantanément à l'esprit dans ma longue "carrière" d'apprentie virtuose de la popotte et du fouet (n'y voyez pas là d'image sexuellement compromettante, je vous parle bien entendu de ce truc en métal bizarroïde et qui fait mal au poignet quand on s'en sert trop longtemps... ah finalement l'image n'est pas moins étrange quand on y songe :p).
Mais de là à me rappeler le déclic, y a comme qui dirait un Bug de ma mémoire. Disons que, faute de maman attentive à sa progéniture qui partait du nid afin de continuer ses études dans le pays de fort-fort-lointain, je devais me débrouiller par mes propres moyens. Et manger des chips et du saucisson, c'est comme qui dirait lassant à la longue et générateur de boutons sur la face de cake (pas glop). Comme je suis d'un naturel bon vivant (sinon je serais morte, ou ivre... morte), j'en ai eu marre et je me suis lancée de manière hasardeuse mais scrupuleuse en suivant les recettes du livre que ma soeur m'avait offert.
Il faut dire que, gamine, j'assistais longuement ma mère derrière les fourneaux, encore que "assister" est un bien grand mot car je me contentais le plus souvent de regarder ses gestes et parfois je donnais un coup de main pour la corvée d'épluchage et de touillage (avec le bonus : "je racle le chocolat restant quand elle préparait un gâteau" – que celui qui n'a jamais fait ça lève le doigt... hou la menteuse, toi au fond !!!).
Je suis intimement persuadée que la raison principale à ce que je sois devenue un vrai tyran en cuisine, c'est que tout simplement, je n'ai pas trouvé de meilleure solution pour manger correctement (oui car le restau pour une étudiante c'est trop cher et le restau U... je laisse à votre appréciation). Il n'y a pas de hasard : quand on aime bien manger comme moi, on applique le proverbe "on n'est bien servi que par soi même". Et quand je parle de tyran, c'est - hélas - très proche de la vérité (cuisine le dimanche = no man's land, interdiction de s'approcher à moins de deux mètres - je déteste qu'on envahisse mon espace).
Je ne vais pas vous faire la liste de tous les petits plats dans lesquels je me défends, les yeux fermés (j'ai même réussi à cuisiner un plat portugais de mémoire). De toutes façons j'ai tendance à regarder de loin en loin la recette puis l'accommoder à ma manière (y compris les desserts). De temps en temps y a des ratés comme un diamant qui saute sur le même sillon. Allez hop on passe un autre disque. L'erreur est humaine et il faudrait que j'arrête aussi de tester des saveurs entre elles.
Une chose est sûre pourtant : je ne mangerais plus jamais de lapin de ma vie et je déteste les abricots et les pêches (c'est atavique). Vous voyez, je suis pas contrariante comme fille. Je mange à peu près de tout.
Et si d'aventure, vous êtes invité(e)s chez moi, vous me surprendriez avec mon tablier de cuistot et mon petit verre de vin à la main en train de goûter la sauce. La table est mise et je mets toujours les petits plats dans les grands. J'ai des témoins pour le prouver :).
6 Avis intrépides:
J'ai aussi de sacrés souvenirs de cuisine quand je me lançais mais je me soigne.
Comme tu dis, il y a des ratés, mais des bonnes choses aussi.
Dans ce cas on ne garde que les bonnes choses :).
Alors moi, je ne m'en cache pas, je déteste cuisiner! Pour moi, c'est une perte de temps. Mais lorsqu'il m'arrive de cuisiner pour faire plaisir à mes amis, je ne fais pas les choses à moitié et en général, c'est assez bien réussi. J'ai la chance d'avoir un véritable cordon bleu pour maman et quand j'étais petite je lui donnais un coup de main ou je la regardais faire, donc j'essaie de faire des trucs de mémoire mais c'est très ponctuel car je déteste cuisiner (je l'ai déjà dis je crois?)
Sinon Boubou, je crois savoir que tu aimes passer de longues heures en cuisine :).
Ho, ma récompense :oD
Article mignon, drole et bien écrit, comme d'habitude quoi. Et en plus j'ai appris un mot, atavique haha.
J'ai commencé à aimer cuisiner que récemment, bien que mon père soit ... ou plutot PARCE QUE mon père était chef cuisinier / formateur. Quand je voulais qu'il m'aide il me disait " On aide pas . On regarde comment les autres font et on refait pareil" ...moué, très drole le père .
Mais ça m'a pas empéché de reussir des macarons tellement bons qu'il m'a demandé la recette pour la faire dans le restaurant où il travaille maintenant ! C'est jouissif haha
Tu m'as demandée ; je me suis exécutée Cécile :).
ça devait pas être facile aavec un père chef cuistot en effet. Mais bon, le coup des macarons c'est fort je dois le reconnaître.
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