Hier soir, nous sommes allées voir un film dans ce cinéma de quartier qui va sans doute devenir mon ciné préféré, l'inverse d'un ce ces multiplexes que j'abhorre car trop désincarné ; le lieu du fast seen avec pop corn industriel et salles trop aseptisées. Certes, on a le choix et désormais la VO sous titrée s'invite régulièrement aux séances, mais ces complexes n'ont aucunement le charme de ces petits cinémas de quartier comme celui que je fréquentais lorsque je vivais encore à Douai. Certes aussi, au Stockel vous n'aurez qu'une seule salle, assez grande c'est vrai, avec de vieux fauteuils carmins dont la couleur est un peu passée mais où l'on s'enfonce avec bonheur tandis que la lumière baisse d'intensité pour faire place aux bandes annonces et aux publicités. Nous avions décidé de regarder un film belge, sous-titré en flamand, qui dépeint de manière originale un fait de société inquiétant et grandissant hélas, amplifié par les réseaux sociaux : le mécanisme du harcèlement en milieu scolaire. Un film choc avec ses petits défauts certes, mais qui me donnera sans doute l'occasion de revenir justement sur ce phénomène mortifère d'effet de meute incitant les adolescents qui en sont les victimes à y mettre un terme de manière irréversible. Moi-même ayant été le bouc émissaire de toutes une classe l'année de mes quinze ans. Ce sujet me parlait véritablement.
Mais ce n'est pas le propos de ce billet, non.
Il faut savoir que passé 21 heures le métro n'est plus accessible entre Stockel et Mérode, ainsi que le tram qui mène jusqu'à l'arrêt du même nom, point de jonction avec notre bonne vieille ligne, la 8, qui nous dépose face à l'appartement. Des bus sont donc à disposition des usagers. Et c'est là que mon histoire prend son envol.
Oui, je ménage mes effets.
A la montée du bus, je ne remarque rien, un truc orange sur le sol mais je n'y fais pas attention. C'est mon amoureuse qui me signale qu'il s'agit sans doute d'un portefeuille. De fait, en le ramassant, nous nous rendons compte qu'il s'agit d'un porte-cartes où en effet y sont sagement rangées deux cartes de débit et un abonnement STIB, plus une feuille A4 soigneusement pliée en quatre, que je n'ai pas osé déplier. L'abonnement d'un jeune homme de 18 ans. Un étudiant sans doute dont les moyens ne sont pas forcément extensibles. J'imagine le désarroi de comprendre qu'on a tout perdu bêtement en se levant du siège de l'autobus. Malheureusement, aucune carte d'identité qui permettrait d'avoir l'adresse exacte de son propriétaire. Alors nous prenons une photo. Mon amoureuse s'inscrit sur un site de recherche brusseleir afin de signaler que nous avons trouvé l'objet - on ne sait jamais si quelqu'un est à l'affût. Je le confie aussitôt au chauffeur afin qu'il remette le portes cartes aux objets perdus, parfois jamais retrouvés. C'est la décision la plus sage, me dis-je dans ma précipitation. Mais ça m'embête.
Cela m'embête de ne pas pouvoir prévenir le jeune homme que son porte carte est retrouvé. Alors nous cherchons sur les réseaux sociaux : TikTok, Instagram, Facebook. Mais on a l'impression qu'il s'agit d'un fantôme qui n'a aucun lien avec le monde virtuel. Nos maigres résultats ne sont pas probants. Nous continuons cependant à chercher durant le trajet qui nous ramène à Roodebeek. Je pousse le vice et je fais une demande d'ami sur sa page Facabook, c'est lui sur la photo : on le reconnait. 4 amis seulement et aucune activité depuis 2021: pas terrible. Sa page Insta est plus fournie, mais il est de dos : pas sûre que ce soit lui ; peut-être qu'il s'agit d'un homonyme. J'ai poussé jusqu'à élargir le cercle à des gens portant le même patronyme mais sans les contacter. Malheureusement, mes tentatives de l'appeler sur Messenger échouent lamentablement car nous ne sommes pas accointés sur le réseau de Mark. Z.
Bref, je passe les détails qui sont ma foi fort nombreux en l'occurrence et nous nous échouons enfin sur le magnifique canapé deux places bleu pétant que je viens de nouvellement acquérir via ce fameux ami suédois spécialiste des meubles en kit et des boulettes végan.
Je déprime car j'aurais bien aimé réussir à le contacter mais, comme il y a bien un titre à ce post long comme mon bras sur une anecdote somme toute banale, j'envoie un message via Instagram sur le profil de dos. Mon bras qui n'est pas si long en fait. Je tente ma chance. Je lance les dés.
Quelle ne fut ma surprise quelques minutes plus tard de recevoir un message : des remerciements et une confirmation qu'il a réussi a retrouver le chauffeur détenteur du porte-cartes, tout cela sans passer par la case dépôt de l'objet au service dédié de la STIB. Ce à quoi je lui ai répondu que j'étais très contente pour lui.
Parce que c'était la vérité : j'étais vraiment contente qu'il ait récupéré son bien aussi rapidement.
De fait, j'aimerais que chacun en fasse de même car c'est la moindre des choses de s'aider les uns et les autres.
Tout est bien bien qui finit bien donc !
Comme quoi, les bons samaritains sont en chacun de nous.
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