mercredi 16 octobre 2024

Tout est bien qui finit bien

Hier soir, nous sommes allées voir un film dans ce cinéma de quartier qui va sans doute devenir mon ciné préféré, l'inverse d'un ce ces multiplexes que j'abhorre car trop désincarné ; le lieu du fast seen avec pop corn industriel et salles trop aseptisées. Certes, on a le choix et désormais la VO sous titrée s'invite régulièrement aux séances, mais ces complexes n'ont aucunement le charme de ces petits cinémas de quartier comme celui que je fréquentais lorsque je vivais encore à Douai. Certes aussi, au Stockel vous n'aurez qu'une seule salle, assez grande c'est vrai, avec de vieux fauteuils carmins dont la couleur est un peu passée mais où l'on s'enfonce avec bonheur tandis que la lumière baisse d'intensité pour faire place aux bandes annonces et aux publicités. Nous avions décidé de regarder un film belge, sous-titré en flamand, qui dépeint de manière originale un fait de société inquiétant et grandissant hélas, amplifié par les réseaux sociaux : le mécanisme du harcèlement en milieu scolaire. Un film choc avec ses  petits défauts certes, mais qui me donnera sans doute l'occasion de revenir justement sur ce phénomène mortifère d'effet de meute incitant les adolescents qui en sont les victimes à y mettre un terme de manière irréversible. Moi-même ayant été le bouc émissaire de toutes une classe l'année de mes quinze ans. Ce sujet me parlait véritablement. 

Mais ce n'est pas le propos de ce billet, non. 

Il faut savoir que passé 21 heures le métro n'est plus accessible entre Stockel et Mérode, ainsi que le tram qui mène jusqu'à l'arrêt du même nom, point de jonction avec notre bonne vieille ligne, la 8, qui nous dépose face à l'appartement. Des bus sont donc à disposition des usagers. Et c'est là que mon histoire prend son envol. 

Oui, je ménage mes effets.

A la montée du bus, je ne remarque rien, un truc orange sur le sol mais je n'y fais pas attention. C'est mon amoureuse qui me signale qu'il s'agit sans doute d'un portefeuille. De fait, en le ramassant, nous nous rendons compte qu'il s'agit d'un porte-cartes où en effet y sont sagement rangées deux cartes de débit et un abonnement STIB, plus une feuille A4 soigneusement pliée en quatre, que je n'ai pas osé déplier. L'abonnement d'un jeune homme de 18 ans. Un étudiant sans doute dont les moyens ne sont pas forcément extensibles. J'imagine le désarroi de comprendre qu'on a tout perdu bêtement en se levant du siège de l'autobus. Malheureusement, aucune carte d'identité qui permettrait d'avoir l'adresse exacte de son propriétaire. Alors nous prenons une photo. Mon amoureuse s'inscrit sur un site de recherche brusseleir afin de signaler que nous avons trouvé l'objet - on ne sait jamais si quelqu'un est à l'affût.  Je le confie aussitôt au chauffeur afin qu'il remette le portes cartes aux objets perdus, parfois jamais retrouvés.  C'est la décision la plus sage, me dis-je dans ma précipitation. Mais ça m'embête. 

Cela m'embête de ne pas pouvoir prévenir le jeune homme que son porte carte est retrouvé. Alors nous cherchons sur les réseaux sociaux : TikTok, Instagram, Facebook. Mais on a l'impression qu'il s'agit d'un fantôme qui n'a aucun lien avec le monde virtuel. Nos maigres résultats ne sont pas probants. Nous continuons cependant à chercher durant le trajet qui nous ramène à Roodebeek. Je pousse le vice et je fais une demande d'ami sur sa page Facabook, c'est lui sur la photo : on le reconnait.  4 amis seulement et aucune activité depuis 2021: pas terrible. Sa page Insta est plus fournie, mais il est de dos : pas sûre que ce soit lui ; peut-être qu'il s'agit d'un homonyme. J'ai  poussé jusqu'à élargir le cercle à des gens portant le même patronyme mais sans les contacter.  Malheureusement, mes tentatives de l'appeler sur Messenger échouent lamentablement car nous ne sommes pas accointés sur le réseau de Mark. Z. 

Bref, je passe les détails qui sont ma foi fort nombreux en l'occurrence et nous nous échouons enfin sur le magnifique canapé deux places bleu pétant que je viens de nouvellement acquérir via ce fameux ami suédois spécialiste des meubles en kit et des boulettes végan. 

Je déprime car j'aurais bien aimé réussir à le contacter mais, comme il y a bien un titre à ce post long comme mon bras sur une anecdote somme toute banale, j'envoie un message via Instagram sur le profil de dos. Mon bras qui n'est pas si long en fait.  Je tente ma chance. Je lance les dés. 

Quelle ne fut  ma surprise quelques minutes plus tard de recevoir un message : des remerciements et une confirmation qu'il a réussi a retrouver le chauffeur détenteur du porte-cartes, tout cela sans passer par la case dépôt de l'objet au service dédié de la STIB. Ce à quoi je lui ai répondu que j'étais très contente pour lui. 

Parce que c'était la vérité :  j'étais vraiment contente qu'il ait récupéré son bien aussi rapidement. 

De fait, j'aimerais que chacun en fasse de même car c'est la moindre des choses de s'aider les uns et les autres.

Tout est bien bien qui finit bien donc !

Comme quoi, les bons samaritains sont en chacun de nous. 

 

mardi 8 octobre 2024

Une chronique de la légèreté urbaine contemporaine

Je ne pensais pas revenir aussi vite ici, mais ce soir j'ai été témoin d'une scène mignonne, de celles qui vous font sourire, alors que tout le monde autour de soi ne fais attention à rien sauf à l'affichage des métros qui se succèdent avec plus ou moins de lenteur.

Plantons le décor :  le décor urbain d'une capitale européenne, celle où je vis depuis déjà deux ans. Tiens, d'ailleurs à ce sujet, il faudrait que je le traite ce sujet justement : mes premières impressions et réflexions sur ma vie en Belgique, parce qu'il y a de quoi faire un comparatif entre les casse-têtes administratifs entre ces deux pays voisins. Mais voilà : je repousse toujours aux calendes grecques.

Donc, je pars du travail, tard encore, enfin encore plus tard que je ne l'avais prévu. Direction Rogier qui est tout à côté de mon entreprise. 

Je me plante sur le quai, regardant machinalement le panneau d'affichage qui m'indique une attente de 3 minutes avant le prochain passage de la rame qui m'amène à Art-Loi, point central s'il en est puisque   tout le monde ou presque descend pour reprendre une autre ligne. Je viens juste de louper le métro précédent, le temps que je le remarque, que je finisse de descendre et que je bipe ma carte, le voilà qui ferme ses portes et qui file tel un guépard qui vient enfin de trouver sa proie... mais je m'égare. En vérité ce métro était un vieux coucou qui continue à rouler sur les rails on ne sait comment. 

Perdue dans ma musique électronique, je ne les remarque pas, pas tout de suite en tout cas et je suppose qu'autour de moi personne n'observe personne. Mais depuis que j'écris je crois, je ne peux m'empêcher de croquer mes contemporains au détour d'une rue, d'un bar ou d'un restaurant. Partout en fait. 

Ils sont deux. Deux couples. Enfin, le deuxième je n'en suis pas si sûre, peut-être les prémices.

Le premier est sur ma gauche, en face de mon quai. Un couple d'une cinquantaine d'année. La femme s'approche de son mari en lui caressant la joue, puis en s'approchant de lui et en l'embrassant tendrement un peu plus haut que la joue. j'esquisse un sourire. On dirait qu'ils sont seuls au monde. 

Puis mon regard se reporte sur ma droite, toujours sur le même quai. Je vois une jeune femme, la trentaine, qui fait les cent pas en discutant au téléphone. Scène suivante : je note un jeune homme derrière le tourniquet qui fait demi-tour et lui parle au dessus de la vitre, son badge de société tressautant un peu sur sa poitrine. La jeune femme a un grand sourire.  Elle raccroche aussitôt et commence à parler au jeune homme. Je pense qu'ils sont deux collègues, même si je n'ai pas vu de badge autour du coup de la femme - elle est de trois-quart. J'imagine donc qu'il l'a raccompagné jusqu'au quai pour lui dire "au revoir, à demain" avant de se raviser. N'empêche que leur conversation que je devine plus que je ne comprends a quelqu'un chose de léger. Comme un de ces flirts de printemps. Et mon instinct parfois ne ment pas : en effet, au moment de remonter, le jeune homme se retourne sur la jeune femme puis reprend sa longue marche vers le dehors. Puis comme un ballet silencieux, l'autre protagoniste se retourne sur lui après coup, quand il termine sa montée.

Comme dans l'une de ces comédies romantiques anglaises que j'affectionne particulièrement. 

Je ne peux m'empêcher alors d'esquisser un sourire. Un sourire sur les prémices sur, qui sait, les amours naissantes entre deux collègues d'open space.

Cela a fait ma journée. 

lundi 7 octobre 2024

16

Aujourd'hui cela fait 16 ans que j'ai ouvert ce blog. Facebook m'a rappelé à mon  bon souvenir et m'a mis un coup de pieds au derrière pour me faire revenir vers ces lieux hantés par ma plume paresseuse ; plume qui pourtant en a rempli des pages ces derniers mois,  sans poster quoi que ce soit, certes. 

C'est bien la première fois que je tiens un carnet de routes/journal extime aussi longtemps. Notez que l'expression extime n'est pas de moi mais je l'avais lu quelque part et j'avais trouvé cela judicieux parce qu'un blog est tout sauf un journal intime car à la vue de tou(s)tes pour peu que l'on sache quels mots-clés taper  sur le moteur de recherche.
 
Mais bref.

Je me demande si c'est encore utile de le continuer ; si ce que j'écris a un écho ; si simplement j'ai encore des choses à dire ou à partager. Pourtant en ce jour d'anniversaire qui ricoche malgré lui avec l'actualité mortifère, il me semble finalement que ce serait stupide et/ou  prématuré tout compte fait de refermer la porte de cette maison que j'ai construit brique à brique avec mes souvenirs, mes pensées parfois confuses et mes anecdotes ou plutôt mes innombrables mésaventures, sur lesquelles je m'arrête parfois pour rire de moi, me moquer de ma maladresse coutumière.

Parce que même si je n'écris plus grand chose, je n'arrête pas.

Je n'arrête pas de parler autour de moi. De commenter l'actualité, d'exposer mes théories, de fulminer sur la montée des extrêmes qui, je n'ai jamais compris pourquoi,  complote ; attise la haine ; suscite l'ignorance face à des communautés qui ne demandent qu'à vivre sereinement sans avoir à justifier quoi que ce soit. 

Les prisons mentales sont créées par les gens qui rejettent tout ce qui diffère d'eux. C'est dommage de fracturer son crâne à l'impossibilité de s'ouvrir sur les autres parce qu'ils sont étrangers dans tous les sens du terme.  Mais ne nous leurrons pas : tout le monde n'a pas la faculté de se mettre à la place de l'autre, de faire preuve d'empathie. Non, certains sont bornés et refusent d'accorder les mêmes droits comme si cela allait impacter les leurs, de droits, eux qui ont tout déjà. 

Mais de quoi ont-ils peur en fait ? 

Je n'arrête pas. 

Je n'arrête pas de maudire l'Humain dans tout ce qu'il a de plus déplorable, vil, dégueulasse - n'ayons pas peur des mots et, au final, in-Humain dans ce qu'il s'évertue à détruire ici-bas. 

Drôle d'anniversaire, drôle de billet pour souffler sur mes 16 bougies  - ce blog adolescent qui n'est plus un enfant mais pas encore un adulte ; ce billet qui me semble morose ce soir. Il est vrai que je n'ai jamais été quelqu'un d'optimiste même si l'humour et moi ont est foncièrement compatibles depuis que j'ai compris que c'était la meilleure façon de ne pas prêter le flanc aux critiques et aux méchancetés  qui vous tombent sur la gueule. 

Malgré tous les moyens qui sont à notre disposition, jamais l'avenir ne m'a semblé aussi désespérant et déprimant. 

Promis. 

J'essaierai de revenir avec une humeur un plus primesautière, guillerette.

Mais pas ce soir. 

Ce soir j'ai encore du mal à comprendre ce qui pousse les uns et les autres à se comporter comme des hyènes.

Je souffle sur les bougies mais le cœur n'y est pas autant qu'il devrait l'être.


jeudi 14 mars 2024

A toi l'inconnue du métro

 Tu étais là, le visage triste. Peut-être étais tu juste fatiguée mais un instant j'ai cru que tu étais sur le point de pleurer. D'instinct, je me suis assise en face de toi puisque j'avais encore quelques arrêts. Tu semblais si vulnérable habillée de ta jupe printanière, les genoux fermés, sans doute pour ne pas prendre trop de place, ni certainement pour qu'un esprit malhonnête ne s'avise de te reluquer - la position des femmes quand elles sont dans l'espace public pour ne pas trop attirer l'attention. Oui, je me suis assise en face de toi, bloquant délibérément le passage de peur qu'un imbécile ne se mette à tes côtés et ne t'adresse des reproches comme cet homme, jeune,  qui l'a fait des semaines auparavant vis-à-vis d'une femme plus âgée parce qu'il la jugeait trop peu vêtue. Comme s'il fallait une validation de qui ce soit pour s'habiller comme bon nous semble quand on est une femme. 

La musique électro se déversait dans mon casque et malgré moi, j'essayais de deviner si tu étais triste ou tout simplement fatiguée, sans trop oser croiser ton regard, ce regard dans lequel j'ai cru pourtant poindre des larmes que tu tentais de contrôler. 

Je n'ai pas osé, pas osé te dire que je te comprenais. Je me suis assise face à toi, inconnue que je ne reverrai sans doute jamais, parce qu'il me semblait que c'était la chose à faire, que j'ai eu cet instinct irrépressible de m'assurer que tu allais bien. Même si je prenais cet air détachée pour ne pas te gêner, je restais tout de même attentive aux expressions qui succédaient sur ton visage. 

Puis nous sommes toutes les deux descendues au même arrêt. Je t'ai vu au loin dans la foule et nos chemins se sont séparés.

J'espère sincèrement que, où que tu te trouves ce soir, tu sois libérée de ce poids qui semblait te comprimer les épaules. 

mardi 12 mars 2024

Jour de grève... encore !!!

 Qui dit jour de grève, dit jour de galère, forcément. Mais ce n'est pas vraiment ici l'occasion d'énoncer la longue litanie des ennuis que j'ai eu pour arriver jusqu'au travail - deux fois plus de temps, ni de narrer à quel point le retour a été aussi compliqué le soir. Même si, techniquement, c'est justement sur ce retour qu'il y a plus de choses à dire. 

J'aimerais juste croquer les personnalités que l'on peut rencontrer lors de ce type de journée particulière, des situations cocasses ou encore des anecdotes lors du retour. Parce qu'avec la STIB, quand il y a grève, aller taffer c'est "presque sûr", repartir dans son sweet home relève d'un challenge digne de Koh-Lanta sans le totem d'immunité.

Pour faire bref, le matin il fallait doubler la mise : autrement dit, compter deux fois plus de temps et prendre le transport par des moyens détournés. En gros, un tram, un métro, un pré-métro, et ses petites papattes pour terminer le trajet. Rien d'insurmontable. 

Le retour fut plus chaotique. 

Il faut savoir qu'à Bruxelles, lorsqu'il y a ce type de manifestation nationale, seules deux lignes de métro circulent : la 1 et la 5. Grosso modo, n'importe quel usager, s'il sort à Mérode, point névralgique, peut prendre l'une ou  l'autre ligne. Sauf que les gens comme moi qui prennent le terminus Hermann-Debroux  sont obligés d'attendre la ligne 5. En temps normal c'est déjà assez compliqué car en heure de pointe tout les rames sont blindées - souvenez-vous : si vous voulez sortir à Mérode vous prendrez indifféremment la 1 ou la 5, ce qui augmente considérablement le nombre de gens dans le métro et nous, forçats de la 5, devons nous contorsionner comme nous le pouvons à la recherche d'un peu d'espace et attendre patiemment que le flux diminue. 


(Petit schéma des lignes 1 et 5, histoire de comprendre de quoi je parle, pour tout non usager des transports bruxellois)

Aujourd'hui donc, nous avons joué au Tetris. Comprendre que de toute façons, si vous ne pouvez pas vous accrocher à la barre, c'est tellement dense qu'il est difficile de s'exploser la gueule par terre au cas où le métro pile brutalement, ce qui arrive quelques fois. Du coup, c'est l'occasion de papoter gaiement avec tous les usagers en galère. On sourit. On plaisante. On raconte des bêtises. On me souhaite bonne chance. 

Oui, on me souhaite bonne chance parce que j'ai la folle idée d'envoyer un message WhatSapp à mon amoureuse lui indiquant que je descends à Art-Loi, autre plateforme du trafic d'humains.... pardon d'usagers, et que nous pouvons continuer la route ensemble. Sur le coup, je ne me rends pas bien compte de ma proposition lunaire, que j'énonce calmement à ceux qui m'entourent comme si c'était une simple promenade de santé et, telle une gladiatrice dans l'arène, on me souhaite donc bonne chance au moment de me faufiler sur le quai pour retrouver mon amoureuse. 

Avec qui j'ai patienté deux métros avant de pouvoir grimper de nouveau dans une rame. 2 métros ce n'est rien, me direz vous, mais c'est sans compter l'espacement entre chaque passage et cette fascinante horloge que seuls les transports en commun possèdent en ce monde de voir la minute s'écouler interminablement. Je dirai que nous avons attendue plus que les 20 minutes annoncées avant que notre brave ligne 5 ne se pointe pour nous délivrer.

Coïncidence ou comique de situation, tandis que nous patientons, je vois un grand escogriffe me faire signe de la main : un de mes collègues bloqué dans le bocal, dans le métro donc. Commence alors un jeu de mimes entre nous : le langage avec les mains fait toujours des merveilles. Avouez tout de même que la probabilité de le croiser et de tomber pile nez à nez sur lui alors que je suis partie bien avant lui est assez incroyable ! Voire ubuesque. 

De cette folle journée, j'en retirerai cette propension à converser naturellement avec d'autres voyageurs qui sont dans la même galère que nous et avec qui nous faisons une comptabilité entre celles qui attendent depuis le plus longtemps, cette volonté de monter dans la rame, coûte que coûte - je suggère d'utiliser mon tout nouveau parapluie pour pourfendre les inconscients qui essaieraient de nous gruger, mais surtout cette autodérision, cet humour typiquement bruxellois - ou plus globalement belge, qui me font aimer un peu plus ma vie ici désormais. 

Voilà, à la base je voulais raconter notre périple à Anvers et notre découverte de la ville flamande, mes ressentis et le parcours du combattant pour arriver jusqu'à la Gare Centrale, digne des plus grandes comédies de l'Hexagone, suite à une autre grève - et oui, 2 manifestations en 4 jours, elle est pas belle la vie ? mais cela fera l'objet d'un autre billet. 

Demain soir, qui sait ? Peut-être. 


Et ça c'est le message de la STIB de ce jour nous informant que cela va êtres encore la grosse mierda. Cadeau :









jeudi 22 février 2024

Finalement, j'arrive... ou pas.

Je pensais laisser mes déboires en transports en commun de côté, depuis que je n'habite plus à Lille avec ses deux pauvres lignes de métro - toujours en panne, et ses deux lignes de tram (je ne compte pas les bus et la navette), c'est sans compter avec ma malchance coutumière tel le chat noir que je suis. La guigne me suit ici aussi à Bruxelles, depuis que j'ai changé de travail. Travail qui m'amène dans le centre ville. 

Ce matin donc, il ne fallait pas compter sur l'intelligence des gens qui, au lieu de descendre du tram, s'aplatissent comme des forcenés contre la rembarde, ne laissant que peu d'options afin de sortir de la rame tandis qu'une horde de zombies, pardon d'autres voyageurs attendent impatiemment de grimper à leur tour sur la ligne 8 - Rodebeek vers Louise. D'ailleurs certains ne connaissent pas la bienséance de laisser d'abord les gens sortir du tramway pour se ruer vers l'escalator, souvent en panne, qui mène dans la bouche de l'enfer... enfin le métro ligne 5. Il paraît que ce n'est pas la plus facile. Pourtant les règles de la civilité entre voyageurs sont bien indiquées, mais il faut croire que partout, comme ailleurs dans toutes les villes, la connerie conditionne la manière de se comporter dans les transports. Bref, je n'épiloguerai pas sur le manque de neurones de mes comparses. Ce n'est pas la première fois et ce ne sera hélas pas la dernière fois : c'est désespérant à force !

Cahin-caha, nous nous échouons mon amoureuse et moi sur les deux sièges libres de cette satanée ligne 5 et le voyage se déroule ma foi sans encombre malgré la foule qui se presse et augmente exponentiellement avant notre correspondance. Un Tetris humain. 

Art-Loi nous nous séparons sur le quai. Tandis qu'elle s'engouffre au dehors, je reprends un nouvel escalator pour prendre cette fois la ligne 6 (ou 2, c'est la même chose en fait) pour me rendre sur mon lieu de travail. 4 arrêts au total. 

J'aurais dû me douter que ce n'était pas normal. 

Pas normal en effet que le métro reste ainsi à quai durant 2 bonnes minutes. Je suis chanceuse, me dis-je en montant quand même. Cela arrive de temps en temps et je ne m'en fais pas plus que ça. J'ai ma musique électro dans les oreilles, la meilleure manière d'entamer ma journée. On entend vaguement un appel dans le microphone de la rame - en fait une conversation des plus banales entre deux techniciens de la STIB. Cela aurait dû nous mettre la puce à l'oreille pourtant.

Les portes se ferment et nous partons...

En effet, nous partons mais en marche arrière, comme c'est cocasse !

Tout cela pour nous arrêter un arrêt plus loin, et pas dans la bonne direction. Tout le monde se taille du métro, comprenant qu'il faut remonter et repartir sur le quai d'en face pour reprendre le métro suivant et nous remettre dans la bonne direction. Cela aurait été pourtant plus simple de nous sommer tout simplement de descendre tous ensemble du métro - qui partait en marche arrière, dois-je le rappeler, et d'attendre le suivant. Ah ah sacrés farceurs messieurs de la STIB. Quelle perte de temps.

Mais ce n'est pas fini. Il faut bien terminer sur une note encore plus ubuesque.

Nous nous déversons donc sur le quai pour reprendre la bonne direction. Nous sommes plutôt nombreux - nous sommes légion. Le signal de fermeture s'enclenche et le monsieur devant moi avec qui j'ai discuté et plaisanté, fait le forcing pour laisser les portes ouvertes. C'est sans compter la charmante dame derrière moi qui me pousse comme si c'était la chose la plus intelligente à faire ! Forcément, cette fois, j'ai piqué une saine colère, je me suis retournée et je lui ai demandé à quoi ça servait de me pousser puisque de toute façons il y a quelqu'un devant moi ? 

Non, mais des fois ? Ça va pas bien dans la tête, les gens ? 

Il y a vraiment des baffes qui se perdent et je suis sérieuse. Les neurones ne sont pas données cette année mais elle sont en solde à -100% : c'est la saison des cons et ce n'est pas prêt de finir.

J'ai quand même pris le bon métro dans la direction adéquate mais en maugréant sur l'attitude des primates habillées en costume cravate ou en tailleur*.

Je suis donc arrivée au travail un quart d'heure plus tard avec une  belle anecdote à raconter à mes collègues.

Franchement, je cherche pas les emmerdes mais ce sont les emmerdes qui me trouvent. 

N.B. J'aurais pu tout aussi bien raconter l'histoire d'"à la recherche du scotch perdu" d'hier qui nous a valu hier un bon gros fou rire des familles avec ma collègue A. Peut-être une autre fois qui sait ? N'empêche que je vais finir par monter un spectacle de standup avec toutes les tuiles qui me tombent sur la gueule. Les tuiles ou plutôt la toiture complète.


* des fois on a juste envie de dire aux gens "d'aller se faire cuire le cul" (j'avais juste envie de placer cette expression très imagée)



lundi 19 février 2024

Si j'osais...

 

Si j'osais, un jour, je les enverrai tous ces textes à qui de droit, ces endroits où l'écriture est encore un noble art qui fait voyager, rêver, réfléchir, divaguer, déconnecter.

Mais je ne m'y résous pas. Je suis soit trop fière, soit trop timorée, ou juste blasée. Trop fière pour admettre que j'ai laissé passer ma chance, si tant est que j'en ai eu une un jour. Trop timorée pour croire que je sois encore bonne à quoi que ce soit. Trop blasée pour accepter que mes récits ne font finalement aucun écho parmi toute cette masse de livres qui sortent par torrent, wagons entiers. 

Ai-je vraiment une place,  ma place,  dans cet océan de mots ? 

Et puis je me dis que j'ai passé l'âge, que ce serait ridicule maintenant, que ce n'est plus le temps, même si je continue à coucher mes idées, même si je m'évertue à construire des histoires, rêver des personnages, les faire vivre hors de moi, puisqu'ils prennent la plume au travers de moi et voguent dans leurs vies comme ils l'entendent - cela m'a toujours fasciné qu'un de mes protagonistes prennent plus de place que je ne l'aurais jamais imaginé. 

Bref, je n'ose pas. Je ne m'y résous pas. Je tourne en rond. Je tourne autour de ces maisons, puis je me dégonfle à chaque fois quand je me dis : "cette fois tu sautes le pas". 

C'est idiot, je sais, mais je crois que j'ai perdu la capacité de rêver...

Une chose est sûre pourtant : malgré cela, malgré mes doutes, mes interrogations, je continuerais, quoi qu'il en soit. Quoi qu'il en soit, je continuerais à écrire. 

Finalement, n'est-ce pas la plus belle façon d'oser ? 






lundi 12 février 2024

Cerveau droit / cerveau gauche

 Mon cerveau est en constante et perpétuelle ébullition et parfois je dois baisser le thermostat pour éviter le chaud-froid, ou une cuisson qui s'apparente au brûlé. Mon hémisphère gauche se tire la bourre avec mon hémisphère droit dans une puérile et querelleuse compétition pour démontrer celui qui aurait le plus grand nombre de neurones en état de marche. Ce genre de dispute où l'on ne sait guère lequel des deux gagnera.


L'autre fois encore, sur mon ancien lieu de travail, lors que nous devisions de Napoléon et sa propension à dicter plusieurs courriers en même temps à ses secrétaires particuliers ; ce à quoi j'ai répondu qu'il avait un cerveau qui fonctionnait en arborescence et non de manière linéaire comme le commun des mortels - Napoléon que je conchie de tout mon être soit disant en passant pour des raisons plus qu'évidentes, à ma réponse s'en est suivie une remarque d'une étonnante clairvoyance de celui avec qui les relations de travail n'étaient pas au plus beau fixe : vous aussi vous pensez de cette façon, en arborescence. 


Ce qui ma foi n'est pas faux.  


J'ai eu donc l'air étonnée de celle qui voit enfin que quelqu'un me voit comment moi je me vois. 


D'ailleurs, et même si je travaille sur moi depuis déjà des années, j'ai du mal parfois à communiquer avec les autres. Entendons nous bien : je  n'ai aucun souci à discuter avec les gens - on dit volontiers que je suis capable de parler avec un chien en chapeau, mais c'est parfois un bug là-haut, dans ce qui me sert de poste de contrôle, que les idées fusent et que je réfléchis à la vitesse de l'éclair. Mon père m'a d'ailleurs souvent asséné lorsque j'étais plus jeune que je pensais comme un ordinateur et qu'il n'arrivait pas à suivre. Qu'il fallait donc que je ralentisse la cadence. Cette remarque m'est restée imprimée comme un circuit en 3D. 


De fait, je suis persuadée que l'on a compris de quoi je voulais parler et quand je vois la tête des gens, tête ahurie au demeurant, se demandant de quoi je suis bien en train de théoriser, je me rends compte que le but recherché n'est pas atteint.  


Pour faire simple, dans ma tête tout est clair : de A vers C en passant par B. Sauf qu'en pratique, je suis passée directement du postulat de départ à la conclusion sans assurer le SAV de mon raisonnement, à savoir comment j'en suis arrivée là. Je pense à voix haute, souvent, et je projette mes pensées en étant persuadée qu'elles ont été clairement énoncées. Vous saisissez le concept ? 

Ou pas ?

Mon cerveau est un brouillon en perpétuelle construction, un jeu de Lego que je démonte et remonte pour en faire autre chose que l'idée initiale. On appelle ça se triturer les méninges. Mais pas que. 


J'ai toujours été comme cela en fait. 


D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu un mal de chien que ce soit en classe, n'importe où en fait, de m'exprimer de manière linéaire. Il fallait que  mes neurones foutent la pagaille en s'agitant dans tous les sens ; qu'une pensée en amène non pas à l'arrivée finale mais à une autre pensée, collatérale, qui déclenche également d'autres petits. Bref, ça cascade à tout va, sans discontinuer comme un ruissellement. C'est d'ailleurs sans doute pour cela que je me suis payée une sale note en maths au bac. 


Je suis incapable d'entreprendre un truc à la fois. Quand je lis, je commence le bouquin, puis je mets de côté pour ouvrir un autre livre et ainsi de suite. C'est la même chose pour les séries  : je peux en commencer plusieurs en même temps et suivre la progression en fonction de mes humeurs. Idem pour mes écrits : j'ai toujours plusieurs histoires sur le feu - romans ou nouvelles, billets d'humeur que je tricote ou détricote en fonction de mes envies. 


Je suis une boulimique qui avec l'âge ne s'assagit pourtant pas. Je ne peux pas fonctionner autrement, je le crains. Mais je fais avec puisque je n'ai pas le choix. C'est comme cela que j'ai toujours fait. 


Heureusement toutefois, dans ma vie amoureuse, il m'est juste impensable de courir plusieurs lièvres à la fois. Cela me semble d'ailleurs complètement perturbant et ne me ressemble aucunement.
 
De l'importance d'être constant... comme dirait Oscar W.