lundi 12 février 2024

Cerveau droit / cerveau gauche

 Mon cerveau est en constante et perpétuelle ébullition et parfois je dois baisser le thermostat pour éviter le chaud-froid, ou une cuisson qui s'apparente au brûlé. Mon hémisphère gauche se tire la bourre avec mon hémisphère droit dans une puérile et querelleuse compétition pour démontrer celui qui aurait le plus grand nombre de neurones en état de marche. Ce genre de dispute où l'on ne sait guère lequel des deux gagnera.


L'autre fois encore, sur mon ancien lieu de travail, lors que nous devisions de Napoléon et sa propension à dicter plusieurs courriers en même temps à ses secrétaires particuliers ; ce à quoi j'ai répondu qu'il avait un cerveau qui fonctionnait en arborescence et non de manière linéaire comme le commun des mortels - Napoléon que je conchie de tout mon être soit disant en passant pour des raisons plus qu'évidentes, à ma réponse s'en est suivie une remarque d'une étonnante clairvoyance de celui avec qui les relations de travail n'étaient pas au plus beau fixe : vous aussi vous pensez de cette façon, en arborescence. 


Ce qui ma foi n'est pas faux.  


J'ai eu donc l'air étonnée de celle qui voit enfin que quelqu'un me voit comment moi je me vois. 


D'ailleurs, et même si je travaille sur moi depuis déjà des années, j'ai du mal parfois à communiquer avec les autres. Entendons nous bien : je  n'ai aucun souci à discuter avec les gens - on dit volontiers que je suis capable de parler avec un chien en chapeau, mais c'est parfois un bug là-haut, dans ce qui me sert de poste de contrôle, que les idées fusent et que je réfléchis à la vitesse de l'éclair. Mon père m'a d'ailleurs souvent asséné lorsque j'étais plus jeune que je pensais comme un ordinateur et qu'il n'arrivait pas à suivre. Qu'il fallait donc que je ralentisse la cadence. Cette remarque m'est restée imprimée comme un circuit en 3D. 


De fait, je suis persuadée que l'on a compris de quoi je voulais parler et quand je vois la tête des gens, tête ahurie au demeurant, se demandant de quoi je suis bien en train de théoriser, je me rends compte que le but recherché n'est pas atteint.  


Pour faire simple, dans ma tête tout est clair : de A vers C en passant par B. Sauf qu'en pratique, je suis passée directement du postulat de départ à la conclusion sans assurer le SAV de mon raisonnement, à savoir comment j'en suis arrivée là. Je pense à voix haute, souvent, et je projette mes pensées en étant persuadée qu'elles ont été clairement énoncées. Vous saisissez le concept ? 

Ou pas ?

Mon cerveau est un brouillon en perpétuelle construction, un jeu de Lego que je démonte et remonte pour en faire autre chose que l'idée initiale. On appelle ça se triturer les méninges. Mais pas que. 


J'ai toujours été comme cela en fait. 


D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu un mal de chien que ce soit en classe, n'importe où en fait, de m'exprimer de manière linéaire. Il fallait que  mes neurones foutent la pagaille en s'agitant dans tous les sens ; qu'une pensée en amène non pas à l'arrivée finale mais à une autre pensée, collatérale, qui déclenche également d'autres petits. Bref, ça cascade à tout va, sans discontinuer comme un ruissellement. C'est d'ailleurs sans doute pour cela que je me suis payée une sale note en maths au bac. 


Je suis incapable d'entreprendre un truc à la fois. Quand je lis, je commence le bouquin, puis je mets de côté pour ouvrir un autre livre et ainsi de suite. C'est la même chose pour les séries  : je peux en commencer plusieurs en même temps et suivre la progression en fonction de mes humeurs. Idem pour mes écrits : j'ai toujours plusieurs histoires sur le feu - romans ou nouvelles, billets d'humeur que je tricote ou détricote en fonction de mes envies. 


Je suis une boulimique qui avec l'âge ne s'assagit pourtant pas. Je ne peux pas fonctionner autrement, je le crains. Mais je fais avec puisque je n'ai pas le choix. C'est comme cela que j'ai toujours fait. 


Heureusement toutefois, dans ma vie amoureuse, il m'est juste impensable de courir plusieurs lièvres à la fois. Cela me semble d'ailleurs complètement perturbant et ne me ressemble aucunement.
 
De l'importance d'être constant... comme dirait Oscar W. 


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