jeudi 16 juillet 2015

La bonne samaritaine

Au début, j’ai entendu des voix. Et, non, je ne suis pas la lointaine descendante de feue Jeanne ; morte brûlée vive sur le bûcher d’avoir été juste un peu schizophrène. J’entendais donc des voix hier soir dans la rue, à ma porte – j’habite au rez-de-chaussée. Au début, je pensais qu’une SDF avait chopé ma voisine du dernier étage : « t’habites là ? » etc. Bref, je n’y faisais pas trop attention, regardant distraitement et mollement mon film sur Arte.

Mais les voix étaient toujours là. Et, non, puisque je vous dis que je ne suis ni la descendante de Jeanne ni schizophrène ! Je veux bien être sociopathe, mais c’est tout...

J’ai donc ouvert la porte pour à la fois satisfaire ma curiosité et donner un coup de main, on ne sait jamais. Quoique, vu mon gabarit, je ne suis pas sûre d’être efficace dans le sport de combat. Quoique, à bien y réfléchir aussi, bien énervée, la petite centrale nucléaire que je suis est capable de voir rouge, tout rouge. Sans compter mon entraînement auprès de mes trois frères durant mon enfance. Ça aide.

C’était bien ma voisine, discutant avec un monsieur d’un âge certain et d’un petit bonhomme haut comme  trois pommes qui était enfermé dehors. Il était déjà 10 heures du soir bien tassées.

Ma voisine prit donc les devants et accompagna petit bonhomme jusqu’au lieu de travail du père. Malgré plusieurs appels en effet, personne ne venait ouvrir la porte de l’immeuble de petit bonhomme.

Je vous passe les détails du pourquoi du comment.  Ils revinrent un bon quart d’heure plus tard ; ils revinrent sains et sauf, escorté du père qui avait été réquisitionné. Je fus  donc rassurée : la ville est une jungle quand on est aussi jeune.  On ne sait jamais qui traîne dans les bas fonds, qui zone et qui guette sa proie.

Quand j'étais enfant, j'ai traîné moi aussi en été - l'été,  cet heureux temps  des rires et des chants, comme dans l'île aux enfants. Mais je n'avais pas le même âge. Et les rues d'un village de 2900 âmes ne sont pas les mêmes que celles d'une ville. 

Et à la fin ?

A la fin, nous assurâmes petit bonhomme que, si jamais il se trouvait de nouveau dehors comme ce soir là, qu’il n’hésite pas à sonner à notre porte en attendant que quelqu’un  vienne le chercher.

Parce que la bonne samaritaine, à vrai dire, c’est juste quelqu’un de bon sens et d’humain. Un bon samaritain, c’est quelqu’un qui ne laisse jamais quelqu’un de côté.

Et vous, qu’auriez-vous fait ?

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