mardi 15 décembre 2015

Le Front de l'air effraie

Parce que c’est encore frais. Que j'ai été sollicitée. Que l’alternative qui m’était proposée ne me convenait aucunement. 
 
Depuis que j’en ais ce droit, il n’y a pas si longtemps si l’on compte juste et bien, je m’y suis toujours pliée avec plus ou moins bonne grâce. Hormis une seule et unique fois pour cause d’oubli. Mais cela concernait les cantons. Je me souviens aussi du jour où, parce que ça tanguait dangereusement, vers le côté sombre de la force, j’ai écourté ma présence à ce mariage… ou ce baptême, je ne sais plus très bien, et j’ai pris le train plus tôt pour me rendre à l’isoloir.

Ce dimanche, pour la toute première fois de ma vie, je me suis pourtant abstenue. Je n’en suis ni fière ni honteuse. J’ai longuement hésité croyez le bien. J’ai pesé le pour et le contre, ou plutôt l’utile à cette désagréable sensation que, une fois de plus, j’étais prise au piège, n’ayant pas d’alternative – on me l’avait tout simplement retiré. J’ai même mis mon manteau, glissé la carte d’identité dans ma poche et puis…

Et puis je suis allée prendre le thé avec mon voisin du dessus. Nous avons discuté de choses et d’autres, mais surtout de ce qui nous tenait à cœur. Puis je me suis ravisée, eu comme un déclic en sachant qu’elle ne passerait pas. Pas cette fois, ni jamais j'espère.

Je me suis dit que j’avais fait mon boulot dès le premier tour. Qu’après tout, ceux qui ne s’étaient pas déplacés pour x ou y raisons, n’avaient qu’à se bouger le postérieur. Parce que mon droit était aussi de m’abstenir pour un deuxième tour qui ne me laissait aucun choix. Mes convictions étant ce qu’elles sont, j’ai en plus qu’assez de me rendre utile quand d'autres se réveillent trop tard.

Et si un jour cela devait arriver, je crois que je partirais, moi et mes lapins, à Berlin. Définitivement.

Promis.

Promis, la prochaine fois, en croisant fortement les doigts et les pattes pour que si jamais la chose arrive encore, hélas, si je glisse un bulletin dans l’urne ; si le choix m’est retiré comme en ce dimanche ; si une fois de plus on m’impose de faire barrage, le bulletin sera peut-être blanc. Ou alors, en laissant exprimer ma créativité et mon imagination, je dessinerais une jolie moustache et griffonnerais une de mes vérités sur ce maudit bulletin.

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