mardi 17 août 2010

Cinéma Paradiso


J'ai déjà déploré le fait que, bien que je sois une amoureuse totale du cinéma, sur grand écran tant qu'à faire, j'y vais curieusement de moins en moins. La cause sans doute à ces maudits transports en commun. Imaginez l'attente entre chaque bus 30 minutes en période estivale non caniculaire, puisqu'il n'arrête pas de pleuvoir, et vous comprendrez aisément mon manque d'entrain évident. Ajoutez à cela ma flemme légendaire ; mon peu d'enthousiasme devant les sorties – blockbusters et compagnie, et le tableau sera complet.
Je me souviens pourtant que tel n'avait toujours pas été le cas lorsque j'habitais encore la ville tranquille de Douai. Il faut dire aussi qu'il y avait peu de distractions et peu d'occasions de croiser du monde dans les rues, la nuit. Il faut dire aussi que je n'avais qu'à descendre les escaliers de mon immeuble, longer la rue puis tourner à droite avant de m'engouffrer dans le vieux cinéma. Le multiplexe n'était encore qu'à l'état de projet. Bref, j'étais à tout juste un bloc de pâté de mon Cinéma Paradiso personnel et il m'arrivait d'y aller régulièrement, à raison d'au moins une fois par semaine. C'est à ce moment d'ailleurs que j'ai commencé ma collection de tickets. Je ne suis pas une collectionneuse à proprement parler mais j'aime assez me remémorer les films qui m'ont ému, enchanté, mis mal à l'aise ou fait réfléchir. Un clin d'oeil, une machine à remonter le temps qui ne coûte pas trop cher.
Bien entendu, cet endroit n'avait aucun des attributs d'un de ces nombreux multiplexes tout beaux tout neufs, haut de gamme - pop corn, friandises, escalators rutilants ; tout beaux tout neufs certes, mais complètement aseptisés. Bien au contraire, c'était une de ces petites salles qui résistaient encore au gigantisme et au manque d'âme. Un vrai triangle des Bermudes : on se perdait, avec bonheur, pour en ressortir hébété ou regonflé à bloc, au choix.
Tous les habitués finissaient évidemment par se connaître. Nous discutions jusqu'à pas d'heure après la séance. Je rentrais tard, très tard, au risque de me réveiller le lendemain grognon. Je me levais en effet assez tôt afin de me préparer pour me rendre au travail et je n'ai jamais été quelqu'un de matinal... que les quelques personnes qui ont pu m'apprécier ma charmante humeur au saut du lit lèvent le doigt !
Nous ne discutions pas uniquement du film en lui même, mais nos échanges s'élargissaient à l'histoire, les personnages, la réalisation : fluide, nerveuse ou paresseuse ? Nous disséquions chaque plan séquence. Nous analysions chaque mouvement de caméra. Travelling avant. Plongée. Contre plongée : les termes usités ne m'étaient pas inconnus – j'étais assez folle pour me plonger dans les bouquins spécialisés à la fois dans l'histoire et dans les techniques du cinéma. Et puis nous nous amusions également à répéter les répliques que nous pensions déjà cultes.
Notre trio était inséparable : l'ouvreur, le projectionniste et moi. De vrais drogués de la pellicule, même si notre dépendance était mineure en comparaison de certaines substances, il nous fallait tout de même notre dose de grand écran, suivie de nos débriefings passionnés.
Bref, tout cela pour vous dire que, je sais, je sais : je délaisse un peu beaucoup ces pages en ce moment ; je flemmarde à tout va ; je ne fais pas grand chose durant ces 15 jours ; 15 jours où j'ai décidé de prendre soin de moi ; à ne passer aucun coup de fil pour prétendre être le mouton à 5 pattes que je ne suis pas... et qui peut prétendre l'être, d'ailleurs ? Durant ces 15 jours donc, je me gorge de films. Je rattrape mon retard. Je me fais des toiles sur ma nouvelle télé, parfois ¾ films d'affilée dans la soirée. Ne me demandez pas à quelle heure je me couche... cela deviendrait indécent.
Des films de tout horizons, cela va de soi. Des petites choses inédites ; des films en VO - c'est bon pour mon anglais ! Je streame. Je surfe. Je pille ma vidéothèque. Je me laisse tenter. Des comédies qui me donnent le sourire ou d'autres qui me font regretter l'heure et demie que je leur ai accordé, mais pas regretter de ne pas avoir dépensé les 8 ou 9 euros que la place m'aurait coûté. Tout cela, donc, pour vous dire que cette pause 7ème art m'a tout droit ramenée à l'époque, nostalgique, où j'étais une assidue de ce petit cinéma de quartier aux murs délavés, aux strapontins inconfortables car défoncés. Il ne payait pas de mine, certes, mais j'en garde certainement mes meilleurs souvenirs cinématographiques.

Tiens d'ailleurs, à l'heure à laquelle j'ai écrit ce billet, je regarde, devinez quoi ? Un film bien entendu...

2 Avis intrépides:

Anonyme a dit…

Je regrette aussi le temps où aller au cinéma n'était pas un luxe... Ce qui ne m'empêche pas comme toi de dévorer des toiles bien installée dans son canapé.
Mais il est vrai que quelque chose manque, il n'y a plus ce formidable entrain, ce désir intense d'aller au cinéma comme si un peu de la magie s'était envolée... ;)

ma vie intrepide a dit…

Je crois que finalement j'irais au cinéma plus souvent si je retrouvais cette atmosphère qui me plaisait tant. Du coup, je me fais mon cinéma chez moi !