lundi 30 août 2010

Rentrée des classes - first round


 J'ai délaissé quelque peu mes "Chroniques" sur la Jungle, enfin le métier de libraire et pourtant, à l'approche de la rentrée, il y a aurait bien des choses à dire sur l'envers du décor. Aussi me suis-je amusée à vous transcrire les impressions d'un(e) pauvre libraire qui subit l'assaut des clients à la veille de ce jour fatidique. Et pour ne pas vous lasser, je vais sans doute vous le proposer en deux parties.


Pendant dix ans, j'ai effectué mon service militaire travaillé la rentrée des classes à la manière d'un boxeur, c'est-à-dire une préparation aussi bien physique que mentale. C'est quelque chose de voir débarquer une horde de clients semblables à des zombies en fast rewind*, agitant devant votre nez le Précieux**, c'est-à-dire LA LISTE, aussi longue qu'un décret au Bulletin Officiel. A défaut de vous sucer le cerveau avec une paille, ils vous pompent allègrement votre énergie et, en fin de journée, vous êtes bons pour recharger vos batteries en suivant un programme bien défini : une douche/décrassage, un repas pris sur le pouce, une soirée vidéo affalé(e) sur le canapé en compagnie du film le plus niais de votre vidéothèque ; assez niais en tout cas pour économiser les quelques neurones qui n'ont pas été encore grillées après cette journée de folie furieuse.
Je me souviens parfaitement d'une fois où j'ai été littéralement assaillie en continu par une vingtaine de personnes qui voulaient tous la même chose, en même temps et, si possible, avant les autres.
Bientôt donc le défilé des parents angoissés, se référant conformément aux fameuses listes, à la virgule près, pour se fournir en toute choses utiles et inutiles pour l'année scolaire.... ou tout au moins pour les premières semaines : manuels scolaires bien sûr et les bonnes fournitures – double décimètre, cahiers à grands carreaux, cahiers de TP, papier Canson, papier millimétré, etc, etc. Puis vient le défilé des futurs bacheliers – un pied dans la préparation, un autre dans les vacances. La plupart du temps, ils semblent encore un peu hébétés, le temps que le chrono se remette en place. Enfin, il ne faut pas oublier la catégorie des profs hystériques qui, incognito, font un tour dans les rayonnages et hurlent à la mort, balisent en constatant que les piles de livres à lire pour l'année ne sont pas totalement remplies... Et c'est pas faute de harceler relancer les fournisseurs, croyez-moi : une vraie course contre la montre pour le vendeur. La tâche est malaisée quand on sait que certains de ces professeurs ont la faculté de commander pour la veille***.
Dans ces conditions dignes des guerres de tranchées, le modeste libraire devient le tampon entre une clientèle en surtension et les éditeurs, toujours à la bourre quand il s'agit des parutions****.
Pourtant, avant que la ruée ne fasse rage, tel le napalm sur le Viet-Cong au petit matin*****, tout n'est pas parfait au Royaume de Libraire-Land.

A suivre...




* Oui, en fast car d'habitude dans les films de zombies, ils sont toujours au ralenti. Avez vous remarqué ?

** Il est à moi, comme dirait Gollum.

*** Proverbe bien connu des libraires !

**** J'ai du attendre 1 AN avant qu'un guide pédagogique paraisse. Commande personnelle d'une prof, heureusement extrêmement patiente.

***** Référence bien entendu à "Apocalypse Now "


















5 Avis intrépides:

Point2vue(s) a dit…

Rien que ça déjà me rappel ces folles années où ma mère était dans ce commerce... J'ai hâte de lire la suite ;)

Lux a dit…

Je te comprends.. C'est aussi la folie à mon boulot en ce moment... Heureusement, je suis en vacances depuis samedi dernier!

Anonyme a dit…

De l'avantage de la rentrée universitaire tellement plus calme... ou pas ^^

Vincent a dit…

Moi j'adorais l'angoissante liste des fournitures de rentrée. Et j'adorais la rentrée des classes aussi. J'ai jamais compris pourquoi les gens détestaient ça : savoir qui vont être tes profs, avec quel pote tu seras en classe, kiffer ton nouvel agenda Poivre Blanc et ta nouvelle trousse Creeks... Mais c'était trop d'la balle, quoi !

Je ne me rendais pas compte que ce pouvait aussi être le cauchemar des libraires.

ma vie intrepide a dit…

@ Point2vues : pas tout de suite... la suite. On en voit quand même des vertes et des pas mûres dans le commerce.

@ Marine : profite bien des tes vacances.

@ Dame Tenebra : rentrée universitaire plus calme... ou pas en effet (la préparation universitaire, c'est quand même du sport)

@ Vinsh : je suis comme toi : j'aimais bien aussi ce côté rentrée à cause des fournitures. Pour ce qui est du cauchemar, y a des choses à dire, une sociologie du client (à venir) contrebalancées heureusement par des anecdotes.