... ou "Sa Sérénissime Pouffitude" : elle est dans le métier depuis la prise de la bastille par une populace affamée, prête à tout afin d'obtenir le dernier Nothomb ou Grangé. On suppose donc qu'elle connaît le rayon sur le bout des doigts, ou plutôt sur le bout des branches de lunette qu'elle mâchonne à longueur de temps pour se donner un look intello-bobo « wouah j'ai 50 ans mais je suis encore djeuns dans ma tête ». Quand elle rend un service, c'est une immense faveur de sa part. Tout acte de ce genre est calculé : elle ne donne rien sans rien.
Elle a tout lu, tout connu (pensez : elle vient de la grande distrib'). En creusant un peu, le client plus évolué que la moyenne finit par comprendre qu'elle se contente de lire en diagonale, se servant des 4ème de couv' pour donner l'illusion d'avoir été émue ou révoltée par l'histoire, tout cela d'un air inspiré. Encore mieux, quand elle n'a pas envie de se taper la corvée, elle demande à ses collègues de lire le dernier best seller, généralement un polar – genre qu'elle n'aime décidément pas, puis elle pompe allégrement leur argumentaire afin d'emballer joliment le paquet cadeau. Pour elle, c'est comme vendre une boîte de petits pois. Ni plus ni moins.
Tiens, quand on parle des clients... Il n'est pas rare qu'elle ignore délibérement les petits jeunes à faible pouvoir d'achat qui ne sont là que pour épuiser les stocks de prescription ; ces piles de bouquins que le professeur commande pour la rentrée. C'est simple : elle ne les voit même pas ; mieux, elle s'arrange toujours pour les rediriger vers ses collègues qui se prennent en pleine poire l'énervement du client d'être ainsi ballotté de rayons en rayons.
Le pire c'est qu'elle passe toujours à travers les mailles du filet. Cette espèce d'impunité finit par irriter à la longue....
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