jeudi 13 juillet 2023

Résilience

 Je n'ai pas pour habitude d'exploser. Cela m'arrive de grogner comme un ours mal léché mais je tempête la plupart du temps contre les objets ou contre moi-même ; je m'énerve et ça retombe ou il faut me laisser dans mon coin jusqu'à ce que le ruminant arrête de remâcher les mêmes choses. Mais aujourd'hui pour la première fois, depuis longtemps, je ne crois pas l'avoir fait par le passé, j'ai perdu mon calme face à quelqu'un qui pourtant me paie pour faire un travail quotidien. Jamais au grand jamais je n'ai été aussi frontale, aussi brutale comme peut l'être la vérité quand on a en face quelqu'un de soi quelqu'un qui déverse son stress sur votre anxiété en vous malmenant au prétexte que c'est bientôt les vacances et que vous serez seule à voguer sur le navire.

La vérité fait mal à entendre il est vrai mais j'ai décidé il y a très longtemps, quand j'étais le bouc émissaire de toute une classe, que plus  jamais je ne me laisserais faire. Je ne suis ni le paillasson sur lequel on essuie ses pieds crottés, ni un punching-ball qu'on valdingue à l'autre bout de la pièce pour passer ses nerfs. Je ne suis pas un robot mais un être humain, de chair, de sang et d'os et je ne sais pas si j'y ferai de vieux os.

J'en suis sûre même.

J'ai des épaules larges  certes, celles du taureau rassurant mais à force d'encaisser, le taureau a fini par charger et cela peut s'avérer sanglant. Pour une fois, ce n'est pas le toréro qui mate l'animal avec ses banderilles mais bien l'animal qui met à terre son bourreau. L'image est forte, certes, mais ce  harcèlement continuel, ces piques, ces réflexions pour des broutilles, ne peuvent pas perdurer éternellement. 

J'ai fait acte de résilience à de nombreuses reprises dans ma vie et elle ne m'a pas épargnée cette sacrée garce ; ce n'est pas pour que les névroses de quelqu'un d'autre essaient de percuter cet équilibre que j'ai fait enfin réussi à bâtir.

Et il y en aurait à dire sur la résilience et la capacité de résistance que j'ai eu  à éprouver durant ces longues années. 

C'est bien dommage d'en arriver là après avoir plusieurs fois pointé du doigt ce qui n'allait pas. Je me souviens de ces mots assénés comme une vérité intangible ce matin  : "on est tous dans le même train et je viens de déclencher l'alarme, et maintenant on fait quoi ?"

Maintenant on fait quoi ?

Moi je suis sûre de de ce que je ne veux pas, ne veux plus.

La vie est trop courte pour s'infliger ça.


dimanche 9 juillet 2023

En toute impunité

La France est le pays où j'ai grandi et fait mes armes en tant que citoyenne. Il faisait bon vivre dans les les années 80, même si, il ne faut pas être dupe, il y avait des inégalités, des injustices et des choses pas franchement belles à voir. Mais il y avait tout de même une forme de solidarité entre les classes. 

Cela fait maintenant pratiquement un an que j'ai quitté mon pays adoptif et je constate tristement que je ne reconnais plus ce pays qui m'a vu grandir. La fracture est aussi définitive et aussi nette que la faille de San Andrea le jour où la Californie se détachera des USA, j'en ai bien peur. Je suis triste mais surtout en colère. 

La haine prévaut ces temps-ci, attisée en cela par des gens qui ne respectent rien, et quand je parle des gens qui ne respectent rien ce n'est pas de la "racaille" des cités mais bien celle des cols blancs au gouvernement. Sous couvert de rassembler il ne fait qu'aggraver cette fameuse fracture en portant des œillères sur le mal-être et le mal-vivre des petites gens,  les méprisent  ; agitent l'épouvantail  d'extrême droite pour passer encore et toujours, ne donnant d'autre choix que celui de la peste et du choléra. Mais il ne faut pas se leurrer : gauche ou droite, la lente corrosion existe depuis une vingtaine d'année. 

Je suis écœurée.

Ecœurée de constater qu'on peut tuer en toute impunité. Certains  s'en font une joie de la mort de quelqu'un. Que ce quelqu'un soit un délinquant ou non, il ne méritait certainement pas qu'on applique sur lui la justice zéro, celle des déclassés par leur couleur de peau. A ce que je sache, la peine de mort a pourtant été abolie en France, non ? Sans honte bue, les gens se félicitent. Pour qui donc sonne le glas de l'insensibilité ?  

L'empathie n'est pourtant ni un défaut ni un gros mot. 

Je suis écœurée de la noirceur de mes concitoyens.

Fatiguée de voir que les classes dirigeantes, mais pas qu'elles, le blanc privilégié surtout, continue à se comporter comme au bon vieux temps des colonies, niant avec toute la mauvaise fois du monde qu'il y ait  un vrai problème de racisme à tous les stades de la société. Il ne tire aucune conséquence du marasme dans lequel on survit. La mauvaise foi à tous les étalages. Fais donc ce que je te dis mais pas ce que je fais. La révolution est passée par là mais pas les privilèges. Jusqu'au jour où cela pétera dans un grand feu d'artifice du 14 juillet.

Encore un peu et ce pays se transforme en chasse du comte Zaroff ou seul le plus riche pourra tirer sur le plus pauvre comme un lapin hors de son terrier.

Je suis ulcérée que quoi qu'il en coûte on ne remette jamais en cause cette institution qu'est la police : quand donc il y a-t-il eu de véritables peines exemplaires pour le dépositaire de la loi, qui justement n'est pas au dessus de la loi et à qui on donne un permis de tuer comme un 007 de pacotille ? 

Le racisme tue. Messieurs les censeurs anti tabac : apposez le sur les paquets de cigarettes : le racisme tue. Et la bêtise également. 

Chaque jour l'homme se comporte de manière inhumaine. Comme si c'était la fin des temps. Mais un jour viendra où le karma remettra l'équilibre dans la balance. 

Du moins je l'espère du fonds de mon cœur.

Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé, défendons-nous de la tyrannie...
 


mardi 30 mai 2023

Coming out... so what ?

J'avais écrit un billet il y a très longtemps mais, le temps passant, et n'habitant plus en France où les mentalités, quoi qu'on en dise, ne sont pas si évoluées que ça... Bref, j'ai laissé l'eau couler sous les ponts. Pourtant ce thème du coming out m'interpelle encore maintenant et plus encore quand je lis les commentaires sur les réseaux sociaux lorsqu'une personnalité un tant soit peu célèbre s'exprime sur le sujet en se révélant au grand jour.

Ce qui me sidère ce sont les personnes qui s'en balek comme ils aiment à le clamer, en ajoutant que ces starlettes vivent leurs vies mais que les hétéros n'en font pas tout un plat (sous entendu "les hétéros n'en font pas, de coming out"). 

J'ai bien envie de leur rétorquer que : 

De une :  si tu t'en fous, pourquoi tu te fatigues à poster un commentaire ? Pourquoi tu ne traces pas ta route plutôt ? 

(Et il y aurait vraiment beaucoup de choses  à dire sur ce fléau des temps modernes, facebook, instagram et autres twitter devenus le déversoir des immondices qui polluent le cerveau des gens, enfin de leur poubelle intellectuelle) 

De deux : mes chers amis hétéros, c'est faux, tous les jours de manière inconsciente lorsque vous papotez avec votre collègue autour de la machine à café, vous clamez votre hétérosexualité à la face du monde en racontant votre week-end avec votre époux ou votre femme. Pensez-y. 

Pensez-y quand vous voudrez vous incruster sur une publication ouvertement LGBTQIA+ pour y déverser votre ignorance crasse, votre morale à deux balles et votre manie de tout ramener à la sexualité des individus. Ce que des humains font avec leurs culs, solo, à deux ou à plusieurs : ça ne vous regarde pas, tant qu'il s'agit d'adultes consentants. Et arrêtez de tout ramener à du cul justement parce que moi, ma plus belle histoire d'amour je la vis tout court avec une femme.

L'adage "vivons cachés, vivons heureux" c'est du bullshit. Nous n'avons pas à nous cacher pour ne pas vous gêner dans votre confort.

Nous sommes fier·ères et nous continuerons à marcher comme en ce bel après midi du mois de mai.




lundi 8 mai 2023

A nos amours et plus encore

J'aimerai parler de nous un peu plus souvent, ici, dans cet endroit que je déserte comme l'un de ces châteaux écossais que nous devrions visiter cet été. 

Alors, voilà ces quelques mots :

Nous sommes pareilles et différentes en même temps. Parfois ce sont nos différences qui  nous rapprochent et d'autres fois nos similitudes qui nous éloignent. 

Ta mine boudeuse comme à l'instant où tu sais que j'écris sur toi me fait sourire. Moi derrière mon écran et toi tentant de résoudre l'énigme de ce jeu que tu n'arrives pas à débloquer.

Nous nous respectons et pourtant quelques points nous séparent. Je sais que tu n'adopteras jamais mon mode de vie, mais tu acceptes mes conditions alors que nous vivons ensemble depuis quelques semaines, même si cela est provisoire, puisque tôt ou tard tu intégreras ton chez-toi à quelques encablures de tram de mon chez-moi. Et pourtant, pourtant tu fais en sorte de ne pas me heurter. Tu me demandes toujours la permission - je trouve ça mignon : si je t'ai fait de la place dans ce placard, saches  que c'est pour que tu te sentes ici la bienvenue. Toujours. 

Tu es calme et je suis un volcan souvent en éruption. Parfois le vernis craque et tu montres que toi aussi tu peux être un Etna. Nous apprenons l'une de l'autre. Et je serais toujours cette petite rebelle anarchiste et toi la plus modérée des deux, mais finalement pas tant que ça.

Je ne vais pas m'étendre. Savoir que nous avons nos rituels me plaît. Nous prenons soin l'une de l'autre. 

Savoir que nous avons construit un présent en filigrane de l'avenir que nous effleurons du bout des doigts est ce qui m'anime pour tracer notre route.

A notre première année. Trinquons, buvons, aimons-nous : tout le reste n'est que superflu.