Une femme habillée étrangement, entre djellaba et robe de nonne (?) qui tourne sur elle-même comme un derviche tourneur au ralenti, marmottant, psalmodiant, scrutant le ciel. Puis elle s'en va sans demander son reste.
Quatre jeunes stylés, T-shirt tendance, jean siglés ou bermudas sans faux pli, passent au même moment dans la rue, comme autant de cheveux sur la soupe dans ce coin de rue plus bobo que BCBG.
Un vendeur de roses à la sauvette, toujours le même en vérité, entre dans le café, résigné ; fait un tour rapide, de nouveau résigné – on n'a pas d'argent pour une fleur, on préfère le garder pour la fleur du houblon ; sort pour être finalement arrêté en terrasse par un jeune galant voulant épater la demoiselle de son cœur.
Un autre jeune homme face à sa compagne, qu'il veut impressionner en lui répondant pour quelles raisons il veut être médecin, pourquoi dans ce trou perdu. Je dresse l'oreille lorsqu'il mentionne la ville où j'ai effectué une bonne partie de mes études secondaires. Coïncidence ? Coïncidence ? Est-ce que j'ai une gueule de coïncidence ?
Les voilà qui débarquent. Ils sont une demie-douzaine pour le moins. Puis-je céder les deux chaises inoccupées à ma table ? D'un sourire, je leur réponds que je leur céderais bien volontiers ma table car je ne vais pas tarder à partir. Je me sens trop fatiguée pour le coup. Sans me douter encore que, si je pars en effet quelques instants plus tard, ce sera pour finalement me poser avant d'entamer une conversation animée avec un vieil habitué... sur les mathématiques. Qui l'eût cru ? D'ailleurs je me laisse volontiers porter par la spontanéité des conversations – me retrouvant bombardée interprète ou encore guide et enfin hôte de la soirée, entraînant deux hollandaises dans mon sillage afin de goûter un peu plus l'esprit lillois, ou plutôt une bière blanche à la pression - ça, c'était pour la semaine dernière.
10 minutes de réflexion, le temps de finir ma bière : y vais-je ou n'y vais je pas ? Le temps que je me décide, le concert est quasi terminé et la fatigue a eu raison de moi – enfin pas tout à fait si l'on considère mon « échouage » lamentable au comptoir (voir plus haut).
Une heure ou deux et l'on assiste, fascinée, à ces spectacles de rue. Toujours. Le temps de les griffonner à défaut de les photographier. Ces petits bouts de vie que je me fais un plaisir de retranscrire ici. Ces instants que je hume à plaisir.
Ces gens pressés. Ces gens nonchalant. Ceux qui parlent tout seul – mais non, il y a quelqu'un au bout de l'oreillette. Ceux qui passent très vite, le nez vissé sur les pavés, de peur de croiser les regards. Ceux qui balancent en rythme le sachet qui contient en fait leur repas de la soirée, pris sur le pouce devant la télé. Kebabs dégoulinant ou encore dîner Japonisant et autres Chinoiseries.
Je me fait comptable de ces moments fugaces, telle une voleuse consciente de l'être.
C'est toujours pareil mais jamais la même chose, finalement.
3 Avis intrépides:
Je le répète : tu devrais écrire plus souvent !
les marchands de rose ont quand même un sens inné je trouve.
@ Plume : euh, tout est en brouillon papier.
@ Carlos : bienvenue par ici. A 4 euros la rose, on ne peut plus d'accord.
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