lundi 5 décembre 2022

Voir ce que les autres ne voient pas

Souvent je m'arrête dans la rue et je colle mon nez sur le mur qui m'intrigue. Ce qui peut paraître curieux en fait... Quand je me promène, mon oeil a tendance à accrocher des signes que les autres ne voient pas forcément.

Quand j'habitais Lille, il m'arrivait régulièrement de me planter devant un graff ou juste une inscription. Et ça intrigue, forcément, qu'un badaud lambda reste immobile, le regard  un poil hypnotisé, et les sourcils froncés comme s'il tentait de déchiffrer les mystères de la pierre de Rosette. Mon regard essaie de transcrire la petite phrase que nul ne lit parce que trop occupé à battre très vite le bitume, comme si le temps ne se rattrapait pas. C'est vrai, le temps perdu ne se rattrape pas. Mais parfois il est bon de bloquer l'aiguille des minutes et de s'en donner du temps ; tenter de comprendre ce que ces artistes de rue éphémères ont voulu faire passer comme message.

Quand celui-ci m'inspire particulièrement, il m'arrive fréquemment de le prendre en photo. Quand celui-ci me parle plus profondément, il m'arrive également de le poster sur ma page instagram. J'ai le souvenir d'un joli "fils de flûte" bien plus poétique que les fils de rien que hurlent les pékins pour injurier la mère des autres. Mais pute c'est un métier comme un autre. 

La plupart du temps, je me contente juste de leur tirer le portrait et imprimer ainsi durablement le message. Au moins, il reste gravé quelque part, dans l'espace que ma carte SD veut bien m'accorder. Des messages qui me touchent bien évidemment : ceux qui indiquent clairement que la femme n'est pas inférieure ; quand on dit c'est non et pas oui : que juger quelqu'un sur sa couleur, sa religion ou son orientation est la chose la plus dégueulasse qui soit. Bref, ce type de messages à caractère humaniste, revendicateur, féministe et anti-con.

Ce qui est plus surprenant encore, c'est que certains sont finalement aussi sensibles à ces messages que moi même s'ils se laissent  le temps de s'arrêter. Le simple fait que quelqu'un l'ait fait les encourage à s'arrêter. J'ai en effet eu mon lot de discussions sur le pourquoi du comment de mon arrêt sur image.

L'art urbain a été longtemps méprisé. Les graffs sur les murs tout au plus jugés comme inesthétiques et barbouillages pas dignes d'être considérés comme de l'art. Pourtant, des murs d'une ville peuvent naître la poésie, celle qui émeut, bouleverse ou dont le message donne à réfléchir. 

C'est pour cette raison qu'il est important, capital, de voir ce que les autres ne voient pas. 

Essayez, vous verrez : ça peut changer bien des perspectives. 

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