Au
départ, je voulais simplement parler de la Louche d'or, le festival
de la soupe 2016 qui existe depuis déjà seize ans, mais c’est en
déambulant dans ma rue de Wazemmes, mon quartier, pendant la
braderie du même nom, durant ce lumineux samedi, que je me suis mise à
écrire une note pour moi même, une lettre à Marine en fait. Qui ne la
lira pas, bien entendu.
Marine,
sache que tu n’es pas la bienvenue ici. Ici, c’est mon quartier,
ma ville, mon territoire et tu n’as pas le droit d’y pisser comme
tu pisses sur la France en bafouant ses idéaux et ses principes. Tu
n’es pas la bienvenue, sauf si tu décides de déposer tes armes et
accepter le fait que la différence, en vérité ça assemble.
Ici,
nous sommes une communauté. Une communauté d’humains où chacun a
sa place. Ni plus ni moins. Et nous ne sommes pas des moins que rien
même si nous avons l’air de ne rien faire en nous rassemblant
ainsi pour faire la fête, souvent.
Ici
nous sommes plusieurs langues, plusieurs sexes, plusieurs continents.
Il y a des gays follement gais ou follement ordinaires, des
catholiques qui vont à la messe le dimanche, des protestants qui
protestent à tous vents, des musulmans qui se tournent vers la
Mecque cinq fois par jour. Des croyants, des non croyants ; des
athées, des agnostiques, des qui veulent - ou qui demandent à
croire. Ici c’est métissage et assemblage de couleurs, de sons et
d’odeurs du marché – menthe fraîchement coupée, cannelle et
pastèque. Cette mixité dans un joyeux bordel de convivialité et de
fraternité – ce mot que tu sembles avoir oublié, rayé de ton
dictionnaire. Un melting pot de cultures où l’on peut
aussi bien danser sur de la samba que sur du Rachid Taha ;
où l’on se réchauffe autour d’une soupe et l’on s’échauffe,
gentiment, autour du houblon qui coule à flots tandis que les
flonflons des accordéons nous appellent immanquablement. Ici nous
vivons sans ressentir de la suspicion pour ce qui diffère. Et on
s’engueule aussi. Parfois, souvent même. Mais n’est-ce pas le
propre dans toutes les familles nombreuses ? Bien sûr aussi, tout n'est pas rose, mais n'est-ce pas le propre de la vie, qui n'est pas un si long fleuve tranquille ?
Alors...
Alors
Marine, viens, viens à Waz'aime. Et laisse de côté ta
haine.Ce n'est ni bon pour ton karma ni pour le nôtre.
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