Il fallait pour le moins un voyage en pays étranger, teuton pour ma part, pour que ma longue malédiction désertion en ces lieux soit brisée. Dont acte. En 5 actes justement...
Un peu, voire énormément
stressée – cela faisait bien presque 30 ans que mes pieds de
taureau purement terrestre très à terre n'avais pas mis ses sabots
dans un avion, la journée s'annonçait rock'n'roll, comme les deux
journées précédentes d'ailleurs.
Mon premier voyage avait
été un véritable flop. Un petit traumatisme dans mon univers
d'enfant sauvage et malade des transports - nautamine, RIP, mieux que les
vitamines : tu étais mon amie pour la vie. Porto-Heathrow,
Heathrow-Paris, le reste en ambulance – on ne peut pas l'inventer !
Mon premier voyage en avion, donc, ne m'avait mené qu'à un
bad trip. J'en avais gardé un très mauvais souvenir, enfin
surtout mon voisin, un anglais pincé qui n'avait pas vraiment
apprécié que je régurgite mon plateau repas sur son pantalon et
son veston. Que voulez vous si à l'époque mon estomac n'aimait pas
vraiment s'envoyer en l'air ?
C'est pas de ma faute,
comme aurait chanté Alizée... juste avant de grimper dans la boîte en conserve orange et blanche.
Je quittais donc mon Home
Sweet Home avec quelque appréhension. Pour mon périple à Berlin,
c'était la totale : je quittais mes deux monstres sur pattes
pour la première fois sur une période longue de plus de 2 jours –
même si j'avais requis les services d'un rabitt sitter ; je
tentai l'aventure du covoiturage, me rendant sur un aéroport dont
j'ignorais totalement la topographie et me demandant sans cesse si
j'arriverai à temps ; et, last but not least, dans un moment
d'égarement, j'avais validé un ticket aller retour sur une compagnie
low cost dont je ne citerai pas le nom et sur un moyen de locomotion que jamais ô grand jamais je ne mettrai plus les pieds. Mais comme dit le dicton : never say never...
Les gamelles de verdure
avaient été blindées, l'eau avait été disposée sur plusieurs
points – petits oasis dans le désert de l'appartement, le foin
était à dispo pour les deux pachas, mon rabbit sitter m'ayant promis de faire un premier saut
chez moi dès le soir même. Voilà pour l'aspect pinpinesque.
Côté covoiturage, entre
départ retardé de 10 minutes pour cause d'attente de la dernière
covoitureuse, averses soudaines suivies de rayons de soleil timide, fous rires et jeux de mots idiots
entre 5 parfaits inconnus dans une voiture parfaitement inconnue –
5 parfaits inconnus qui ne se reverraient sans doute jamais, nous
arrivâmes à bon port et sur le fil... après la case dépôt valise-vers-la-soute,
sur le fil également. L'employé m'assura en effet qu'il ne me restait plus qu'une minute avant que je puisse déposer mon bagage.
Bon sang, pourquoi les compagnies low cost sont toujours à l'extrême bout de l'aéroport ? Mais c'est pour mieux te faire cavaler mon enfant...
Sur le fil donc, et essoufflée, je parvins enfin devant la porte qui allait m'amener non loin de la porte de Brandebourg.
Je commençais mon voyage de manière plutôt agréable, en compagnie d'une charmante berlinoise qui rentrait chez elle et qui me conseilla sur quelques endroits incontournables - dont le Holocaust Manhmal. Je l'en remercie encore
Près de 30 ans plus tard donc,
je parvins enfin à combattre ma phobie de l'avion. Beaucoup de bruit
pour rien, Décollage, atterrissage comme dans un roller coaster et,
entre deux, calme plat avec quelques passages nuageux. Tout ça pour
ça ! C'était bien la peine de m'en faire une montagne....
Par mesure de sécurité,
j'avais réservé une chambre dans un hôtel non loin de l'aéroport
de Schönefeld. Pour ce faire, soyons fous, soyons roya(l)ux :
prenons un taxi ! Après tout, ne sont-ce pas les vacances ?
Le mobilier de l'hôtel
ressemblait plus à un décor de l'époque de la Stasi mais
qu'importe, une bonne douche, une pincée de télé allemande
(euh.... "esprits criminels" et "crossing lines" dans la langue de
Goethe, c'est un peu la quatrième dimension), et pas de repas pris
sur le pouce car le restaurant était fermé. Qui
dort dîne : en ayant dormi comme un bébé, j'ai largement eu
de quoi grignoter ! Tant pis, je me rattraperai sur le
frühstück** du lendemain.
** Petit déjeuner en
allemand.
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