Je n’ai jamais cru aux coups de foudre, faute sans doute de n'y avoir moi-même pas succombé ne serait-ce qu’une seule fois dans ma vie. Et d’ailleurs, à proprement parler, je ne dirai pas que j’ai eu un, véritable coup de foudre pour cette ville. Mais il faut tout de même l’admettre : de Berlin, I fell in love, deeply, madly truly. Et bien voilà, on y était, me voilà donc follement amoureuse d’une grande dame au bout du 2ème jour. Déjà j'avais quand même senti les prémices la veille, lorsque mon avion avait atterri – un vol de nuit, c’est toujours sehr romantisch.
Pourtant
on ne peut pas dire que ce 2ème
jour avait bien commencé. Parce que je suis une grande phobique des
transports en commun, à voile, à plumes et que sais-je encore,
j’avais opté pour la solution de facilité, en l’occurrence me
rendre chez mon hôte le lendemain matin avec un œil plus vif,
l’espérais-je.
C’est
sans compter ma malchance coutumière, pire que du mauvais chewing
gum collé à la semelle de mes baskets.
Déjà,
pour commencer, il pleuvait ! Certes, ça ne me changeait guère
de mon climat nordiste. Certes, donc, je n'avais qu'une seule chose à
faire... me rendre dans le premier centre commercial pour faire
l’acquisition… d’un magnifique parapluie bleu pétant. C’est
après que les choses se sont gâtées parce que, après avoir
pourtant bien suivi les indications, je n’avais aucune idée d’où
pouvait se situer la Verdener
Strasse, où je devais me
loger. Pas grave, j’ai le numéro de mon hôte… sauf qu’il me
manquait un chiffre ! Je vous épargne les stratagèmes par
lesquels j'ai du passer, mais je finis par obtenir un numéro
complet et mon hôtesse vint me chercher 15 minutes plus tard.
Je
commencerai donc mon périple touristique l’après midi après
m’être restaurée avec une spécialité typique de là-bas…. Un
kebab, enfin « vegeterier »
pour ma part.
Il
y a une chose tout bonnement incroyable à savoir sur Berlin, c’est
qu’il est quasiment impossible de se perdre dans le réseau dense
des S-Bahn, U-Bahn et tramway. Enfin quand je dis quasi, vous me
comprenez, n’est-il pas ?
De
l’Alexanderplatz, je retiendrai l’atmosphère électrique,
mutli-culturelle. Animé non seulement par les touristes en goguette,
mais aussi par toutes sortes de musiciens-plasticiens-mimes-vendeurs
de currywurst.
Des rencontres furtives et souriantes – un jeune bulgare qui me
demande de le prendre en photo sur son smartphone plus que fatigué
et ceci dans un anglais des plus parfaits, que bon nombre de mes
concitoyens en rougiraient. Un SDF qui m’a demandé d’où je
venais. Un groupe de jeunes turcs qui m’ont fait écouter leur
« arabisch »
électro. Une petite vieille qui circulait sur son fauteuil roulant à
la recherche des consignes perdues. Car il faut savoir que toutes
les bouteilles sont consignées là bas, verres ou plastiques peu
importe. 2 « buckets
guys » chevronnés qui
ont joué une mini battacuda sur des seaux en plastique reconvertis
en instruments de musique.
Puis
en longeant le Rote Rathaus,
la rencontre improbable avec deux
semblants de
« pousse pousse »
tirés par d’athlétiques allemands - une autre façon de visiter
la ville et un quartier atypique reconstruit pour le bonheur des
touristes, mais pas forcément celui des habitants, excédés sans
doute de se voir régulièrement envahi par une horde de Nikon,
Fujifilm,
Olympus
et autres placement de produits.
En revenant, parce que décidément je ne pouvais pas quitter
l’Alexanderplatz de manière aussi cavalière, un spectacle de
mimes donnés par des étudiants voulant se faire un peu d’argent
de poche afin de poursuivre leur « on
the road again ». Enfin,
c’est ce que j’ai cru comprendre dans ma parfois mauvaise
interprétation de la langue. Dieu sait si ma prof m’a
particulièrement traumatisé alors que, tout compte fait, j’ai
encore de beaux restes, entre les formules de politesse « bitte »,
« danke »
« entschuldigung »
et la phrase la plus cool qui soit pour moi : « ich
bin vegeterier » pour
signaler que désormais mon corps se refusait à ingérer tout type
d’animal. D’ailleurs, au paradis des vegans
de tous poils , les gens ne m’ont pas abreuvé d’un
sempiternel « mais
tu manges du poisson quand même ? »
(avec sa variable « mais
tu manges du poulet quand même ? ») ;
ou encore ne m’ont pas regardé comme si j’étais un
extraterrestre tombée d’une étrange planète.
Et
pour terminer ma longue après midi de fiançailles berlinoises –
ou d'entamer ma soirée, au choix, pas de dernier verre mais un
dernier concert. Des rappeurs très engagés politiquement, faisant
intervenir les spectateurs en leur demandant d'écrire sur le trottoir ce qui leur
passait par la tête, à l'aide de craies
multicolores. Le public s'est bien volontiers prêté au jeu. Et
moi, ma petite voix intérieure me hurlait que moi aussi j'avais une furieuse envie d'écrire que j'étais
passée par là. Puis ça m'est passé.
C'est
bien malgré moi que je me suis forcée à reprendre le chemin en
sens inverse pour me remettre de ce flux d’émotions en écoutant
Damien Rice et Anthony and the Johnsons.
Je
ne savais par encore que la journée du lendemain serait encore plus
riche en émotions.
0 Avis intrépides:
Enregistrer un commentaire