mardi 28 octobre 2014

My summer in Berlin - Day 3 : la longue marche du touriste lambda ou comment j’ai traumatisé mes pieds.

Un tour de cadran dans la vue – partie à 10 heures du matin, rentrée à 10 heures du soir. 12 heures donc entre soleil furtif ; crachins poussifs ; scènes de la bizarrerie quotidienne et autres pas si futiles émotions. 

Une journée pour le moins étrange, avec une bonne quinzaine de kilomètres de marche. Mieux qu’à la braderie de Lille. Et Dieu sait que je m’avale des kilomètres de pavés ce week-end là !

Tout a commencé avec le Mauer Museum. C’est tout de même pas ma faute si j’avais 20 ans lorsque le mur s’est effondré.

C’est d’ailleurs dans ce musée en plein air que la seule et unique photo de ma trombine apparaît sur mon numérique. Le reste du temps, je me suis effacée devant les gens que je croisais, et qui m’inspiraient, et les non moins inspirants lieux de mémoire.

Ce jour-là, mon âme d’historienne refit surface, pour une remontée dans le temps, au temps de la guerre froide.

3 heures de visite donc, entre l’Histoire et les petites histoires des petites gens dont celles, qui m’ont sans doute le plus marquées : les  hommes et femmes qui ont tenté de traverser le mur à leurs risques et périls. Ce fut un moment de recueillement pour ces 136 personnes évoquées par de simples photos sur un mini-mur. Je dois avouer que je n’en menais pas large…

Une belle claque. Mêmes les plus insensibles ne peuvent traverser cette zone sans être touché(e)s par ceux qui ont eu juste la mauvaise idée d’être né(e)s du mauvais côté. 

Parmi la foule de touristes, la plupart du temps de jeunes allemands venus des lycées environnants, j’ai cru discerner quelques larmes. Les miennes n’étaient pas très loin non plus, à vrai dire.

S’il y a bien un endroit et un événement en particulier qui a motivé ma venue à Berlin, ça toujours été le Mur.

Après m’être brièvement restaurée, car je m’attaquais à un autre monument, plus sinistre celui-ci car résonnant de ce que l’humanité avait de pire en elle, le Holocaust Mahnmal, je me disais qu’il était temps de continuer ma remontée dans l’histoire du 20ème siècle. Sauf que…Sauf que, les gens qui me connaissent, et qui connaissent mon gros souci d’orientation, je me perdis un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, mais surtout pas : « pas du tout ».

Je me retrouvai devant la porte de Brandebourg avant/après que le ciel me soit tombé sous la tête, par Toutatis !

Beaucoup de monde. Beaucoup de touristes. Beaucoup de français. Beaucoup trop de touristes français. 

Une manif sur la place. De qui ? Par qui ? Pourquoi ? je ne le saurai sans doute jamais et, au loin, le Sigsaule

En tant que cinéphile/phage, je ne pouvais pas faire autrement que de me diriger ver le Sigsaule. Il sert de décor à un merveilleux film de Wim Wenders « les ailes du désir » dont le remake hollywoodien ne réussit pas à retranscrire toute la grâce de ce bel objet filmique en noir et blanc.

Ça avait l’air si proche… mais c’était si loin à vrai dire*.

Il fallait quand même se farcir trois kilomètres à pieds ! Avec son petit détour vers le Bundestag : mes baskets étaient ravies du voyage. Mes jambes un peu moins.

3 km plus loin, et quelques ampoules plus tard, en longeant le parc du Tiergarten, me voilà devant le fait accompli. L’après midi faisant place à un magnifique soleil qui allait saluer l’autre moitié de la planète, j’eus droit quand même à quelques beaux clichés que je m'empressai de prendre avant que le soleil ne se carapate pour de bon.

Mais je n’avais toujours pas la moindre idée où pouvait se trouver ce fameux Holocaust Mahnmal !


En remontant, 3 kilomètres à pieds- dois-je le repréciser ? je bifurquais, coupant le Tiergarten. Un panneau avait retenu toute mon attention, me signalant par la même occasion que les deux arrêts de mon escapade se trouvaient non loin... Enfin, à Berlin, la distance est une notion des plus relatives.

Que dire que de ce Mahnmal ?
Curieux assemblage de pierres « presque » tombales de tailles différentes. Les gens s’asseyent ; discutent, cigarette au bec ; rient ; les enfants jouent à cache cache. Car il est vrai qu’on dirait un labyrinthe de la mémoire perdue.

C’est juste indescriptible que cet assemblage hétéroclite. 

Un tour à la Postdamer Platz où je n’y ai vu qu’un officier de l’armée rouge, en fait un guide déguisé, et me voilà prête à repartir, bien fatiguée et éprouvée par journée.


Cela aurait été encore trop facile, justement ce retour. J’ai beau avoir dit que le réseau de transports Berlinois et extrêmement bien conçu, car impossible de s'y perdre….m ais la nuit, c’est bien connu, tous les chats sont gris. J’ai eu un moment de flip car je n’arrivai plus à retrouver mon chemin. 

J’ai donc cavalé entre bus et tramway, tourné en rond en essayant de mordre ma queue comme un chat pris de folie souricière, été accostée par un italien libidineux en mal de compagnie qui voulait absolument que je m'asseye à ses côtés – « euh, non, j’crois pas ». Puis j’ai fini par appeler mon hôte, désespérée, et deux textos plus loin, me voilà enfin dans la bonne direction et dans le bon tram. 

Et rien, ni personne, n’aurait pu m’empêcher de manger mon plat de spaghettis au pesto nom de nom, même pas à 23 heures tapantes. 

J’avais certes martyrisé mes pieds, mais également mon pauvre estomac.


 * Librement inspiré d'un autre titre de film de Wim Wenders, 


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