Un tour de cadran dans la
vue – partie à 10 heures du matin, rentrée à 10 heures du soir.
12 heures donc entre soleil furtif ; crachins poussifs ;
scènes de la bizarrerie quotidienne et autres pas si futiles
émotions.
Une journée pour le
moins étrange, avec une bonne quinzaine de kilomètres de marche.
Mieux qu’à la braderie de Lille. Et Dieu sait que je m’avale des
kilomètres de pavés ce week-end là !
Tout a commencé avec le
Mauer Museum. C’est tout de même pas ma faute si j’avais
20 ans lorsque le mur s’est effondré.
C’est d’ailleurs dans ce musée en plein air que la seule et unique photo de ma trombine
apparaît sur mon numérique. Le reste du temps, je me suis effacée
devant les gens que je croisais, et qui m’inspiraient, et les non
moins inspirants lieux de mémoire.
Ce jour-là, mon âme
d’historienne refit surface, pour une remontée dans le temps, au
temps de la guerre froide.
3 heures de visite donc, entre
l’Histoire et les petites histoires des petites gens dont celles,
qui m’ont sans doute le plus marquées : les hommes et
femmes qui ont tenté de traverser le mur à leurs risques et périls.
Ce fut un moment de recueillement pour ces 136 personnes évoquées
par de simples photos sur un mini-mur. Je dois avouer que je n’en
menais pas large…
Une belle claque. Mêmes
les plus insensibles ne peuvent traverser cette zone sans être
touché(e)s par ceux qui ont eu juste la mauvaise idée d’être
né(e)s du mauvais côté.
Parmi la foule de
touristes, la plupart du temps de jeunes allemands venus des lycées
environnants, j’ai cru discerner quelques larmes. Les miennes
n’étaient pas très loin non plus, à vrai dire.
S’il y a bien un
endroit et un événement en particulier qui a motivé ma venue à
Berlin, ça toujours été le Mur.
Après m’être
brièvement restaurée, car je m’attaquais à un autre monument,
plus sinistre celui-ci car résonnant de ce que l’humanité avait de
pire en elle, le Holocaust Mahnmal, je me disais qu’il
était temps de continuer ma remontée dans l’histoire du 20ème
siècle. Sauf que…Sauf que, les gens qui me
connaissent, et qui connaissent mon gros souci d’orientation, je me
perdis un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, mais surtout
pas : « pas du tout ».
Je me retrouvai devant la
porte de Brandebourg avant/après que le ciel me soit tombé
sous la tête, par Toutatis !
Beaucoup de monde.
Beaucoup de touristes. Beaucoup de français. Beaucoup trop de
touristes français.
Une manif sur la
place. De qui ? Par qui ? Pourquoi ? je ne le saurai
sans doute jamais et, au loin, le Sigsaule.
En tant que
cinéphile/phage, je ne pouvais pas faire autrement que de me
diriger ver le Sigsaule. Il
sert de décor à un merveilleux film de Wim Wenders « les
ailes du désir » dont le remake hollywoodien ne réussit
pas à retranscrire toute la grâce de ce bel objet filmique en noir
et blanc.
Ça avait l’air si
proche… mais c’était si loin à vrai dire*.
Il fallait quand même se
farcir trois kilomètres à pieds ! Avec son petit détour vers
le Bundestag : mes baskets étaient ravies du voyage. Mes
jambes un peu moins.
3 km plus loin, et
quelques ampoules plus tard, en longeant le parc du
Tiergarten, me voilà devant le fait accompli. L’après midi
faisant place à un magnifique soleil qui allait saluer l’autre
moitié de la planète, j’eus droit quand même à quelques beaux
clichés que je m'empressai de prendre avant que le soleil ne se
carapate pour de bon.
Mais je n’avais
toujours pas la moindre idée où pouvait se trouver ce fameux
Holocaust Mahnmal !
En remontant, 3
kilomètres à pieds- dois-je le repréciser ? je bifurquais,
coupant le Tiergarten. Un panneau avait retenu toute mon
attention, me signalant par la même occasion que les deux arrêts de
mon escapade se trouvaient non loin... Enfin, à Berlin, la distance
est une notion des plus relatives.
Que dire que de ce
Mahnmal ?
Curieux assemblage de
pierres « presque » tombales de tailles
différentes. Les gens s’asseyent ; discutent, cigarette au
bec ; rient ; les enfants jouent à cache cache. Car il est
vrai qu’on dirait un labyrinthe de la mémoire perdue.
C’est juste
indescriptible que cet assemblage hétéroclite.
Un tour à la Postdamer
Platz où je n’y ai vu qu’un officier de l’armée rouge, en
fait un guide déguisé, et me voilà prête à repartir, bien
fatiguée et éprouvée par journée.
Cela aurait été encore
trop facile, justement ce retour. J’ai beau avoir dit que le réseau
de transports Berlinois et extrêmement bien conçu, car impossible de s'y perdre….m ais la nuit, c’est bien connu, tous
les chats sont gris. J’ai eu un moment de flip car je n’arrivai
plus à retrouver mon chemin.
J’ai donc cavalé entre
bus et tramway, tourné en rond en essayant de mordre ma queue comme
un chat pris de folie souricière, été accostée par un italien
libidineux en mal de compagnie qui voulait absolument que je m'asseye
à ses côtés – « euh, non, j’crois pas ».
Puis j’ai fini par appeler mon hôte, désespérée, et deux textos
plus loin, me voilà enfin dans la bonne direction et dans le bon
tram.
Et rien, ni personne,
n’aurait pu m’empêcher de manger mon plat de spaghettis
au pesto nom de nom, même pas à 23 heures tapantes.
J’avais certes
martyrisé mes pieds, mais également mon pauvre estomac.
* Librement inspiré d'un autre titre de film de Wim Wenders,
* Librement inspiré d'un autre titre de film de Wim Wenders,
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