Le Portugal à beau être un petit pays, il n'en est pas moins escarpé au nord. Bien sûr, rien à voir avec le mont Blanc ou les Pyrénées, mais nos serras nous donnent quelquefois du fil à retordre, notamment les Estrela pour les conducteurs qui s'aventurent dans ces contrées sauvages. Je me souviens d'ailleurs d'une entrée fracassante... enfin non, cahoteuse, entre brebis, moutons et joli panorama plongeant si on n'est pas sujet au vertige.
Arrivés là, il nous restait encore deux bonnes heures de trajet, voire trois quand la brebis nous bloquait la route.
J'ai coutume de dire qu'il faut au moins un mois pour aller en vacances au Portugal : une semaine pour saluer la famille, une semaine pour dire au revoir et, entre deux, 15 bons jours pour profiter du farniente, du porto, de la plage et des salons de thé. Que voulez vous si la multitude de cousins, cousines, oncles et tantes veut absolument que vous restiez pour souper !
La ville où je suis née, celle de ma grand mère maternelle, n'était au départ qu'un village peu à peu absorbée par la ville voisine. Un pont fait frontière entre les deux ; un pont qu'on arpente régulièrement afin de faire ses emplettes au marché local ou prendre le tram. Nul besoin d'aller 10 km plus loin, Porto, pour se ravitailler en vins du même nom – il faut bien ramener un cadeau à ceux qui sont restés en France. Pourtant, quand on veut dépenser son argent, on filait invariablement au Pao d'Azucar (Pain de Sucre), un célèbre magasin comparable aux Galeries Lafayette ici.
Moi, ce qui me mettait en joie, quand j'étais gamine, et même plus tard, ce sont nos promenades au Palacio de Cristal (ça va, pas besoin de traduction ?). La nuit c'était excitant de profiter de l'animation car tous les portésiens s'y retrouvaient. Nous y dégustions des farturas, sorte de beignet bien huileux et bien gras, ou des glaces qui menaçaient de s'écrouler comme ces glaces italiennes que l'on trouve aux bords de mer l'été. Des familles s'y restauraient en mangeant les fameuses Tripes de Porto. Nous nous élancions ensuite dans les manèges installés là de manière permanente tandis que les adultes retrouvaient un peu de quiétude dans les jardins "à la française". Quelquefois nous avions droit également à des concerts – rock, fado ou variété. Les manèges n'avaient rien à voir avec les grand huit ou la tour de la terreur mais nous nous y amusions comme des petits fous.
Le modernisme effréné est passé par là car ces deux haut lieux de détente et de shopping n'existent plus : le Palacio n'est plus qu'une curiosité de promenade et le Pao de Acucar a été supplanté par d'énormes centres commerciaux comme celui de Santa Catarina qui n'ont certes rien à envier à ceux des plus grosses métropoles européennes : bien achalandés mais déshumanisés.
En vacances, nos habitudes changeaient du tout au tout : si on n'était pas invités dans la famille pour le dîner, on se rendait souvent au restaurant ; et les restaurants de fruits de mer valaient l'attente et les longues files qui peu à peu s'engouffrent à mesure du service. Petit conseil, si d'aventure vous allez en vacances là bas, demandez une demie-dose par personne. Faites moi confiance.
Avec notre argent de poche qui, avant l'euro, se transformait en portefeuille bien garni, nous le dépensions en diverses sucreries et gâteaux dans les salons de thé ou nous marchandions férocement sur les marchés pour acquérir un Lévi's 501, contrefait sans doute, mais que nous arborions fièrement à la rentrée scolaire suivante. En nous entendant parler en français ou avec notre mauvais accent portugais, les camelots essayaient de gonfler les prix – c'était de bonne guerre – mais nous n'en laissions pas conter.
Le mois s'écoulait rapidement, trop à notre goût, entre soirées grillades ou sardines, parties de foot dans le patio ou virées crépusculaires sur la plage. Ça peut paraître cliché, mais le spectacle d'un soleil qui se couche est toujours agréable à contempler.
La dernière semaine, celle des visites "au revoir", nous étions chargés de multiples cadeaux – ceux que nous donnerions et ceux que notre innombrable famille nous donnait en échange des nôtres.
Nous repartions en France regonflés à bloc et les rêves plein la tête.
Il me tarde d'y retourner.
Suite... et Fin !
* Voyage au début du monde (film de Manoël de Oliveira, célèbre réalisateur natif de Porto)
2 Avis intrépides:
ça donne envie d'y aller! Et comme tu peux t'en douter, ça me rappelle également mes souvenirs de vacances!
Tiens je me demande si je vais pas bosser pour l'office de tourisme :)
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