Je pensais
bien ne plus jamais revenir sur le sujet mais, suite à une discussion un
peu « musclée » avec une de mes connaissances, je ne
pouvais pas me taire davantage.
Comme toutes
les conversations/polémiques, je me souviens vaguement du pourquoi –
pourquoi a-t-elle commencé ? Pourquoi est-elle aussi âpre à vous laisser un goût bizarre dans la bouche ?
pourquoi a-t-elle commencé ? Pourquoi est-elle aussi âpre à vous laisser un goût bizarre dans la bouche ?
En
l’occurrence cette discussion/polémique a commencé quand certains de mes
camarades de train m’ont indiqué le nom d’un restaurant Lillois spécialisé dans
les poissons, mais fermé désormais. Je me souviens de mon petit sourire quand,
pour la énième fois, je leur ai indiqué que cela ne me concernait pas étant
donné que je ne mangeais plus ni viande(s), ni poissons.
Il n’en
fallait pas plus pour qu’on me titille le reste du voyage.
Je ne vais
pas entrer dans le vif de la discussion mais juste pointer les quelques
éléments qui m’ont agacé (pour la clarté du propos, j’ai mis les questions
de la personne en gras)
-
L’être humain a
besoin de viande pour vivre
«
Ah bon, je ne savais pas que j’étais morte en fait !». C'est la
réplique qui me vint à l'esprit... mais un jour plus tard. Le genre de réplique
qui fait mouche habituellement mais, malheureusement, pas à temps cette fois.
Et pourtant j'ai plutôt la langue bien pendue d'habitude... Mais je
l'utiliserais désormais.
Je me suis
contentée de lever les yeux au ciel en lui indiquant qu’il y avait quand même
un joli paquet d’indiens qui pratiquaient la « même
religion » que moi – un
joli paquet de quelques centaines de millions tout de même…
Ce n'est pas parce que la société nous formate dès la plus tendre enfance qu'il ne faut pas se poser des questions. C'est sûr que c'est plus confortable de ne pas se remettre en cause.
Mais en fait toi tu es bobo, sous entendu tu as du fric à dépenser pour acheter dans les magasins bio.
(Ah
bon ? Je suis bobo maintenant : v’la autre chose)
Et bam, toujours se justifier quand on ne regarde pas à sa porte car, comme dit le proverbe, c'est l'hôpital qui se fout de la charité : il m'avoue acheter de la viande de «bonne qualité» - sic et s'insurge que j'aille dans les magasins bio pour me ravitailler. C'est vrai que l'offre est gigantesque dans les grandes surfaces pour des gens tels que moi...
C'est vrai aussi qu'une «bonne côte de boeuf» chez un boucher tradi ça coûte bézef face à mon caddie de ménagère de moins de 50 ans... Et quand je parle de caddie, il s'agit tout au plus de trois au quatre articles dans ces magasins spécialisés.
-
De toutes façons la situation dans les abattoirs en France
n’est pas la même aux Etats Unis. Y a qu’à voir comment les américains mangent.
Encore ce
fameux cliché du « c’est mieux en France » avec, par-dessus le marché, le petit
exploitant qui tue lui-même ses animaux avant la vente. Et oui, on est au pays
de Oui-Oui ! Tout cela pour se voiler la face. D'ailleurs je lui ai
demandé de me donner l'adresse de ce petit exploitant.
- Je
préfère qu’un poussin soit broyé plutôt qu’un être humain souffre (véridique !).
Avec ce même vieux argument « vous les VG, vous êtes plus
sensibles à la cause des animaux qu’à celle des
humains ». Encore une généralité – une de plus, on n'est plus à
ça près, alors que je pense profondément que les deux sont liés. Il ne
s’agit pas de faire un choix mais bien de considérer tout être vivant comme
méritant notre attention.
Là, comme
dans Lost au dernier épisode, je commençais à fulminer puisqu’il s’agissait
enfin de parler de moi ; de moi qui accordais plus à un poussin qu’à un
humain. De moi qui subissais une nouvelle fois un jugement de la part de
quelqu’un qui, sans aucun doute, ne levait pas le petit doigt pour
aider son prochain et qui se contentait d’attendre son absolution quotidienne
après la messe du dimanche.
Du coup je lui ai demandé ce qu'il faisait pour les humains... par exemple un SDF dans la rue, qu'on rigole un peu.
A ce moment,
notre discussion dérapa, si elle pouvait déraper davantage encore, puisqu'on
aborda le sujet l’IVG. Comment ? Quand ? Je ne sais plus
vraiment, mais je sens bien que le sujet lui brûlait la langue. Je
vous laisse imaginer les conclusions et les affirmations de mon interlocuteur
selon lesquelles j’avais tort. Mon énervement atteignant des sommets sur ce
point particulier, Simone Veil se retournant dans la tombe. En tant qu'héritière d'un mouvement de libération - ce n'est pas si vieux après tout
- je lui balançais que ça n’étonnait pas venant de la part d’un
Cisgenre.
« Quoi ???? »
« Un
mâle hétéro catholique occidental »
« Mais
tu peux pas me réduire à ça par ce que je suis un mec ».
« 40
ans de lutte féministe pour en arriver à cela » soupirais-je en mon for
intérieur. Bienvenue au siècle des lumières.
Et, pour
clore le sujet, nous revîmes à nos moutons, c’est-à-dire à mon végétarisme
hérétique, en m’assénant un péremptoire « l’Etre humain est au
dessus de tout, il maîtrise le monde ».
Rien
que ça !
Bah, avec de
type d'argument, il n' y a plus grand chose à dire...
« Évidemment,
tu es spéciste et moi je suis antispéciste » lui
rétorquais-je tout de même. «Et dans ces conditions, on n'arrivera pas
à être d'accord»... sauf
sur le vélo, ce qui limite fortement les débats
Son regard
plus qu’interrogatif, me demandant de définir ces termes.
« Rentre
chez toi, allume ton PC, et vérifie sur google ».
Je sais ça paraît péremptoire et hautain mais...
Mais nous
arrivions en gare de Lille Flandres et il était inutile que j’use ma
salive davantage puisque j'étais bornée, écolo-bobo-vegé-débile…
A un moment, c’est juste fatiguant d’expliquer les termes à quelqu’un qui, au
bout du compte, refuse d’écouter ce qu’on à lui dire mais essaie par tous les
moyens de vous repousser dans vos derniers retranchements..
Que je
sache, je n'ai jamais collée un revolver sur la tempe de qui que ce soit afin que ce qui ce soit adopte mon mode de vie.
Je ne
comprends toujours pas pourquoi la différence chatouille ainsi mes congénères
mais, désolée, j’essaie de comprendre le monde qui m’entoure et m’efforce de ne
pas me conformer à ce que l’on attend de moi lorsque ça heurte mes convictions.
Surtout si
ça heurte mes convictions.
Alors non,
je persiste et je signe : ce n’est ni une lubie de ma part, ni une mode,
ni quoi que ce soit de passager.
Les gens qui
me connaissent depuis longtemps, me connaissent suffisamment pour savoir que je
ne prends jamais une décision à la légère, surtout lorsqu’il s’agit de remettre
en question un mode de vie qui entraînerait, quoi qu’il en soit, les mêmes
sempiternelles questions à mon égard, ou à l'égard des quelques 3% de la
population française.
Changez de
disque : soyez créatifs !
Parce que le
cri de la carotte…
Sérieux !
Sérieux ?
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