Je me souviens du temps, pas si lointain et pourtant si
vieux, où j’étais encore une ado-enfant.
Je me souviens du café crème à 5 francs, posé sur le zinc du
bar tandis que nous attendions que la cloche du lycée sonne, en face.
De même, nous
remplissions un sac de bonbons avec seulement 10 francs. Des bonbons bourrés de
saletés chimiques, évidemment, mais colorés, piquants sur la langue et
explosant dans la bouche.
Je me souviens de Casimir,
Albator, Goldorak go, Capitaine Flam
ou encore le pays de Candy ; le
pays où l’on s’amuse, on pleure, on
rit… Prémices des mangas dont les
trentenaires s’abreuveraient dix ans plus tard.
J’ai même acheté les coffrets,
collectors rangés sagement dans le bas de mon étagère, attendant que s’accumule la poussière… mais non, puisque régulièrement je souffle dessus ou passe ma
main comme si elle était un chiffon.
Je me souviens aussi du
« 15 août », cette fête foraine que seule les gens de Cambrai et
du coin n’appellent pas autrement. A l’image des bêtises, qui n’ont rien à voir
avec celles de Sabine Paturel, mais qui fondent en bouche. Nous gardions notre
argent de poche car les attractions étaient déjà bien trop onéreuses. Parfois
les aînés cédaient tout de même à l’appel du « grand 8 » et du « train
fantôme » et son sourire sépulcral pour de faux. Moi, je préférais
garder mes sous et me contenter de regarder les gens hurler d’effroi ou à en rire à se faire
éclater la gorge, tout en mangeant ma barbapapa.
Et puis le 14 juillet avec cette procession rituelle de
lampions, où il était temps pour nous de nous rassembler et marcher gaiement
tandis que la nuit tombait puis de nous séparer en deux camps : ceux qui
allaient « guincher » au
bal populaire, ou ceux qui rentraient sagement chez eux. Je faisais déjà partie
de la deuxième catégorie.
Je me souviens encore, comme si c’était hier, de M.H. et de
son atypique « deudeuche »
vert pomme avec son mini toit ouvrant. Nous passions devant notre vieux
collège, transformé en école communale, et cela me donnait l’occasion de lever
les bras en l’air, par le toit, en chantant à tue tête ou en poussant un cri
d’enfant sauvage.
Ou encore les dimanches de Jacques Martin ; des
dimanches longs et ennuyeux comme la pluie, un soir, nom d’été, mais de rentrée
scolaire. Nous regardions quand même car il n’y y avait rien d’autre, en ce
temps-là – pas le choix comme aujourd’hui. Nous regardions le petit écran,
hypnotisés ou somnolents.
Dimanches rimaient aussi avec les devoirs faits à la dernière
minute. Ces dissert’ pour lesquelles je n’avais d’inspiration qu’au tout
dernier moment.
Et puis, tiens, les mercredis de Dorothée sans qui, les adultes
de maintenant que nous sommes, seraient différents, moins fantasques sans doute
… Et la petite musique effrayante de
cette quatrième dimension sans laquelle je n’aimerais pas autant la science
fiction. Les frères Bogdanoff et mes rendez vous implacables du samedi après
midi.
Je me souviens de toutes ces choses…
Comme si c’était hier,
Mais aussi aujourd’hui…
Aujourd’hui et demain.
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