Dans
le cadre de mon travail, j’ai eu droit à une formation en dessous
de Paris, dans la douce contrée des rillettes et des 24heures. Si
vous me connaissez un tant soit peu, vous sauriez que je déteste
profondément et définitivement la gare de Montparnasse à Paris. En
témoignent les fois où je m’y suis perdue comme Ariane dans son
labyrinthe – 45 minutes pour en sortir c’est quand même assez
sport – sauf que mon fil était le numéro de téléphone d’une
amie pour me téléguider vers la lumière du jour.
J’avais
donc fait l’impasse sur Montparnasse et avait opté pour le
contournement par Massy. Pas d’attente, pas de casse tête et
autres angoisses, me convainquais-je. C’est sans compter ma
malchance coutumière.
S’il
est vrai que l’aller fut sans souci d’aucune sorte, hormis
quelques fourmis dans l’arrière train, faute de m’être
dégourdie les pattes – 3 heures et plus de trajet. Le retour fut
quand même plus chaotique. C’eut été trop beau pour être vrai !
Je
vous passe l’assiette pantagruélique de mon petit en-cas du soir à
l’hôtel lorsque j’ai demandé « un
petit quelque chose à grignoter »
à mon arrivée. La photo se suffit à elle-même. Ils ont quand même
le sens de l’accueil, ceci dit ! Je vous fais grâce
également de l’attention dont j’ai été l’objet durant le
repas du midi lorsqu’à ma voix comptait triple pour le choix du
restaurant – une pizzeria est toujours un compromis idéal
lorsqu’un végétarien est lâché en ville. Mais je me rends
compte que jusqu’à présent je ne vous parle que de bouffe…
Parlons
donc du retour.
Comment
dire ?
La
SNCF ? Ce n’était plus ce que c’était ma pauvre
Marguerite ! Même les TGV s’y mettent. Et c'est peu de le
dire.
Un
départ 15 minutes après l’heure dite. Pas grave, me dis-je, j’ai
35 minutes pour la correspondance, amputée de ce quart d’heure :
ça devrait le faire !
Et
que croyez vous qu’il arriva ?
Un
TGV c’est fait pour aller très très vite non ? Et bien,
notre modèle à nous avait tout l’air du tortillard de pleine
campagne. 3 arrêts successifs et inexpliqués qui me plombent mon
crédit temps et sont loin de me rassurer, d’autant que ma voisine
de droite, parisienne accomplie et désabusée, me signale que ces
arrêts intempestifs en pleine voie sont, hélas, habituels.
Nous
eûmes le fin mot de l’histoire : des enfants bloquaient les
voies du côté de Massy TGV. Alors, celle là, on ne me l’avait
jamais faite ! Dans le palmarès des excuses foireuses et
insensées, elle aurait bien sa place. Merci donc chère SNCF de me
donner une idée de billet. Parce que des enfants sur la voie....
Mais qu'ont ils fait lorsque les trois TGV sont passés dans le sens
inverse à 300 à l'heure ? Des émules de Casper le fantôme
sans doute.
Ô
désespoir : j’allais louper cette satanée correspondance !
Je me voyais déjà faire les 10o pas, comme une triste âme en
peine, sur le quai de la gare à attendre que le prochain train ne
passe. 23 heures quand même : toujours sympathique quand le
lendemain on se lève comme le coq aux aurores. Parce que la semaine
de boulot n’est pas finie, pardi. Triste et affamée donc, et gavée
au Coca.
C’est
sans compter les Dieux et Déesses de l’Olympe qui ont dû entendre
mes gémissements larmoyants « putain
bordel, fais chier le TGV ».
Le
train de Lille-Strasbourg, ma correspondance donc, était également
annoncé avec du retard. Car les effets d’annonce du contrôleur
« les
correspondances seront
assurées »,
j’y crois très peu. Autant que le père Noël sur son traîneau le
soir du réveillon.
Mais
ce n’est pas fini, comme dirait la pub.
Je
vais faire bref : point de repère je n'ai vu. J’ai dû
courir comme une dératée avec mes 5 tonnes de valise pour choper le
premier wagon, qui n’était pas le bon bien sûr, et me retrouver
dans le couloir étriqué avec de jeunes gens qui pratiquèrent le
même sport avant de s'échouer lamentablement, en suffoquant comme
des phoques sur la banquise. Serrés entre deux wagon, juste à côté
des WC et de ses charmants effluves. Youpi quoi !
Heureusement,
j’ai un peu de bagout. Selon l'expression : « je
parle avec un chien en chapeau ».
J’entamais
donc la conversation avec mes trois charmants jeunes gens et appris
qu’ils repartaient dans leur patrie de Saint Pierre et Miquelon.
Pour une rencontre, c’est une rencontre. En poussant un peu plus,
j’appris également que l’oncle de la demoiselle à mes côtés
vendait l’eau pour laquelle je me déplaçais tous les jours,
gagner ma croûte et les carottes de mes gorets. Ni une, ni deux,
j’offris une bouteille de cette eau que j’avais si fort
judicieusement glissée la veille et la lui offris. Cadeau de France
pour le partage d’un moment de galère.
Et
pour un pied de nez ultime, lorsqu’enfin je pus regagner ma place
après que tout le monde soit descendu à Roissy, l’aimable
contrôleur nous annonçâmes qu’en raison du retard pris, l’arrêt
Douai serait supprimé. Bande d’usagers, prenez le TER et démerdez
vous quoi ! C’est bien évidemment avec consternation et
incrédulité que nous nous regardâmes dans le wagon.
Ah
Madame SNCF, vous être une sacrée farceuse, bigre !
J’arrivais
enfin chez moi. J’avais presque envie d’embrasser le quai
dégueulasse de ma bonne vieille gare des Flandres.
Moralité :
évitez moi si vous voulez faire un voyage tranquille, car où que je
passe, où que j’aille, la poisse n’est pas loin…
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