On
dit souvent que les enfants sont doués d’imagination, et je veux
bien le croire. Gamine, mes fées ont été largement généreuses à
ce sujet. Il n’est pas faux de dire de moi que je suis une
personne fantasque, puisque dans son sens littéral, et littéraire,
les gens qui me côtoient s’accordent à dire que je suis « pleine
de fantaisie, d’originalité et bizarre ».
Merci mon cher Larousse !
Enfant,
je voyais des formes là où d’autres enfants de mon âge ne
voyaient rien. Je pouvais passer du temps à regarder les nuages en
m’imaginant tout un bestiaire dans la forme de celui-là, ou de
l’autre. Comme mon penchant pour le retrait et la réserve était
bien prononcé, cette occupation m’a permis de développer ce sens
de l’imaginaire qui me caractérise. Encore maintenant, je peux
discerner un visage, ou un animal fabuleux dans un pan de mur, là ou
quelqu’un de normal – comme je hais ce mot, y verra juste une
fissure, un accident, un hasard.
Petite,
je me souviens parfaitement d’un épisode où une de mes sœurs
m’avait taquiné à ce sujet. Je leur avais expliqué alors que je
pouvais voir un personnage de BD évoluer au gré de mes envies, en y
pensant fortement. Je leur demandais « alors
vous voyez
quelque chose ? ».
« OUI
OUI »
et ainsi de suite, jusqu’à ce que cette même sœur éclate de
rire, en me disant qu’elle ne voyait absolument rien et que j’avais
une imagination trop débordante.
Cet
épisode me ramena à l’ordre. Plus jamais je n’essaierais de
partager cet espèce de « don »
qui était tout un plus qu’un imaginaire fertile. Mais je
continuais néanmoins mes rêveries, en silence.
Parfois
on pense que je suis ailleurs, ce qui est peut-être vrai. Parfois je
suis juste fatiguée et j’essaie de faire un effort pour écouter
l’autre. Parfois, la conversation m’ennuie et je fais en sorte de
rester absorbée afin de donner à l’autre l’illusion que je suis
bien là. Physiquement, car psychologiquement c’est autre chose.
Parfois j’imagine. Je retombe dans mes anciens travers.
Mais
souvent aussi, mon imagination m’a fait entrevoir des choses qui je
pensais vraies et qui se révélaient fausses au final. Interpréter
des gestes ou des intentions qui n’étaient que de la politesse,
tout au plus. Aujourd’hui, je ne laisse plus mes chevaux s’emballer
comme avant. Je suis circonspecte sur tout et suis comme Saint
Thomas, qui ne demande qu’à croire pour le voir. Sauf que là, il
s’agit de me le dire pour que j’y croie.
Alors,
si un jour je vous raconte ce que j’imagine juste au moment où
nous parlons - parce que souvent dans ma tête c’est un vrai
bordel ; si un jour donc, je m’abandonne à vous, c’est que
je vous aurais fait confiance.
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