Le
moins :
Je
sens bien que la voiture derrière moi s’impatiente, ou plutôt son
conducteur. Je le sais bien car c’est souvent la même chose
lorsque je dévale l’étroite rue des meuniers. Une rue pas idéale
pour rouler à deux de fronts, encore pire lorsqu’aux voitures
garées sur la droite s’ajoutent, à gauche, celles qui chevauchent
à moitié le trottoir.
Il
insiste. Ses chevaux s’emballent. Tant et si bien qu’il finit par
me faire une queue de poisson en me dépassant à 5 centimètres à
peine de moi, l’imbécile ! Me frôlant sans gêne,
gesticulant comme un forcené. Comme s’il y avait le feu. Or de
feu, je ne vois que celui du cigare vissé à sa bouche. Tout cela en
trois minutes à peine de temps.
Le
forcené se trouve être un papy, sans doute à la retraite ;
levé dès l’aurore et pressé d’atteindre les grilles du
supermarché – fermées dois-je le noter puisqu’il n’est pas
encore huit heures !
Ce
genre de personnage, je le croise régulièrement, hélas. Imbu de
lui, inconscient du danger qu’il fait subir aux autres du fait de
la tonne de métal qui l’entoure.
Je
le recadre pourtant : c’est dans mon caractère de ne pas me
laisser faire.
Je
le dépasse à mon tour au croisement. Le voilà fort marri ma foi,
puisque cette fois il est bien obligé de ronger son frein car je me
suis plantée au milieu de la rue – toujours l’étroite rue des
meuniers. Rira bien qui rira le dernier.
Enfin,
lorsque nos chemins se séparent, je me retourne en tapotant mon
casque, lui indiquant clairement qu’il est toqué.
Le
plus :
Je
récupère enfin mon loustic chez le vétérinaire. Il a en effet
passé un bien joyeux week end, qui n’était pas prévu. Aux frais
de la princesse, moi donc, mais je ne suis pas mécontente de le
revoir.
J’attends
tout de même une bonne heure. Je patiente en lui donnant un peu de
foin, lui prodiguant des caresses sur la nuque et ses oreilles de
Droopy :
il accepte plus ou moins mais m’en veut encore de l’avoir laissé
là-bas.
J’attends
car la même cliente sans gêne, qui m’a retardé dans le
rendez-vous de l’autre fois, raconte sa vie en détail puis embraie
aussitôt sur une demande bien spécifique et bien technique :
quel harnais choisir ?
Une
heure plus tard donc, je sors enfin de l’officine, munie de la
boîte de transport mais bien embêtée car je suis venue directement
de la gare, en vélo, sans passer par la case maison.
Tant
pis, me dis-je, s’il le faut j’irais au pas d’une tortue –
doucement mais sainement.
Une
femme sort également de le même officine et, lorsqu’elle se
dirige vers la portière de son véhicule, me propose de ramener mon
« précieux »
jusqu’à mon sweet
home en me
suivant à vélo.
Au
début je flippe, certes, car j’imagine que la dame si gentille est
une bunny-kidnappeuse
en série.
Mais
non, elle me suit. Et roule à mon pas.
Comme
quoi, tout n’est pas désespérer du genre humain.
Pour
la petite histoire : la plaque d’immatriculation est du 95…
pour ceux qui disent qu’à la capitale c’est chacun pour sa
pomme.
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