Pour satisfaire la curiosité de Mademoiselle Marine, ici présente (qui a relevé haut la main le difficile exploit de nous faire venir à Aix en 10 points alors que cela ne fait que quelques mois qu'elle y réside) ; donc pour satisfaire la curiosité de cette jeune personne, je vais parler assez brièvement du "Mais comment qu'on fait pour devenir libraire alors qu'au départ on a étudié l'histoire ?".
Bonne question mon cher Watson euh, ma chère Aixoise. Je vais donc faire un flashback sur mon parcours du combattant.
Le point essentiel étant de dire que ben, euh, on est au chômage depuis un bout de temps (histoire médiévale c'est bien mais ça paie pô) ; qu'on a pété un câble en maîtrise, tellement qu'on en a marre et qu'on se dit "C'est quand que je travaille et que je gagne des pépettes pour pouvoir moi aussi m'équiper chez I**a ? » au lieu de les continuer ces fameuses études ; que malgré notre envie de devenir guide touristique (j'ai un gros classeur pour en témoigner), on se rend compte que, ben ça paie pas non plus des masses et que c'est précaire (vacation quand tu nous tiens). On se retrouve donc fraîchement émoulue nantie d'un diplôme... qui sert pas à grand chose puisqu'on vous répond invariablement "votre profil est intéressant mais vous n'avez aucune expérience"... oui mais comment avoir de l'expérience si personne ne vous donne cette chance ? Je pense qu'on est nombreuses et nombreux à avoir entendu(e)s ce refrain. Bref comme dirait Pépin (y a pas : il reste toujours des trucs d'histoire :p ), après un passage d'un an à la DDE (Division Départementale de l'Equipement), je me retrouve toujours dotée de "pas assez d'expérience" mais toutefois je peux (peut-être plus maintenant) remplir les dossiers de RU (non pas Restau Universitaire mais Renseignements d'Urbanisme). Pour faire court (en vrai j'ai galèré quelques temps encore), c'est à ce moment qu'entre en scène (tada) un organisme dont le but est d'aider les jeunes diplômé(e)s à s'insérer dans le tissu économique de la région... dixit la brochure et le coup de fil du conseiller. Réunions d'information à l'ANPE, beaucoup de blablas, de déplacements et finalement j'accepte de participer à ce genre de "qui veut gagner un job... sans les millions de pesetas ?".
Pendant un mois, nous "apprenons" (sic) à valoriser le (maigre) CV dont nous disposons ; nous simulons des entretiens employeur/futur employé devant un parterre attentif ou baîllant aux corneilles ; nous surfons sur Internet pour cibler les entreprises... etc, etc. Le but du jeu est de décrocher un stage de 5 mois en entreprise payé par l'Etat. Sur les quatre entreprises que j'avais ciblé, les 4 avaient retenues ma candidature (oui ma minute de gloire, sifflement faussement modeste) soit deux librairies, une société d'archives et la dernière.... j'sais plus (vous savez : l'âge !). Hésitatione, hésitatione : quel dilemme ! Je me suis décidée sur une des deux librairies. Et je n'ai jamais regretté mon choix car j'y ai tout appris : passer les commandes de rentrée, accueillir les représentants, ranger les rayons (la première semaine on range... on range et à la fin de la semaine on a un de ces mal de dos de chien d'sa race), conseiller les clients, faire les mises en avant sur les tables ou dans les rayons (le facing). J'ai donc appris sur le tas puisque je n'avais aucune formation initiale (il existe en effet un DUT métiers du livre).
En joignant cette librairie, j'ai non seulement appris un métier mais j'ai intégré une famille chaleureuse où, comme dans toute famille, chaque journée était émaillée de crises de fou rire, de dispute(e), de bonne humeur et de bouderie(s). Je n'y ai que de bons souvenirs.
Voili voilà Mamzelle Marine : satisfaite ? :) (Rho la la, la pub monstrueuse que j'te fais !)
* (j'aurais pu piquer l'idée "sa vie son oeuvre" aaaaaaaaah mais comme je suis dans la chanson en ce moment, alors en choeur "libraire c'est chic")
3 Avis intrépides:
personnellement j'ai trainé diplôme en poche (médiation culturelle dans mon cas-un truc qui veut rien dire) pendant trois ans, passant ma vie entre les bureaux de l'anpe et les sites internet pour l'emploi, et les rares entretient que j'ai eu, finissait par cette phrase mortelle "vous n'avez pas assez d'expérience, bonne courage dans votre recherche d'emploi". A la fin, j'ai trouvé un travail qui me passionne, mais rien à voir avec la culture, car ceux là, même sans expérience et son diplôme dans le domaine, m'ont fait confiance.
C'est souvent le cas : on trouve généralement un travail qui n'a rien à voir avec sa formation initiale.
Merci d'avoir satisfait ma curiosité! C'est un parcours atypique mais l'important c'est d'avoir finalement trouvé des gens qui font confiance. Déjà, quand je cherchais des jobs d'été, j'avais droit au topo sur l'expérience, c'est dire!
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