lundi 17 octobre 2016

Wind of change

Le titre est une convergence entre ce frétillement que je pressens depuis quelques temps et un titre de chanson que j'ai largement emprunté à Scorpions (merci Arte pour ce documentaire samedi soir sur ce groupe teuton). Et non, ce n'est pas « still loving you ». Danke schön Herr Klaus Meine.



Il y a cinq ans, quand j'ai fait mon coming out végétarien, soit on me riait au nez en pensant que je changerais vite d'avis, soit en se moquant « gentiment » de moi, ou méchamment selon le degré de bienveillance de mon interlocuteur. Et le degré de connerie, il faut bien le dire ici.

Or, quand on me connaît, je ne suis pas vraiment du genre à changer d'avis tous les 15 du mois. Je suis peut-être un hérisson, mais certainement pas une girouette. Et je m'en fous aussi que cela soit devenu tendance, car je suis quelqu'un de conviction. Comme tel, je ne fais juste que les appliquer.

Mon évolution étant ce qu'elle est ; ma réflexion étant ce qu'elle est, je me considère comme à 95% végétalienne. Le 5%, ne chipotons pas sur le chiffre – mais encore trop important à mon goût, est ce chiffre sur lequel je fais un compromis en m'accordant des écarts... juste végétariens, les écarts. Faut pas déconner non plus !

Ce soir là, au restaurant – bistrot gastronomique typiquement français, avec tout ce que cela comporte, mon implication éthique est revenue une nouvelle fois sur le tapis. Pas de mon fait, je l'avoue, mais comme je mangeais différemment... il fallait bien que l'on parle de quelque chose. J'avais eu la présence d'esprit de prévenir le chef cuistot de mes habitudes alimentaires. Le chef m'avait donc concocté un menu végétarien de A à Z, que certains de mes collègues de table ont jalousé : jolies assiettes, joliment colorées, largement parfumées. A la réponse habituelle du : « oui, je suis végétarienne », on lança le débat. Enfin, en fait de débat, il n'y en eut pas mais plutôt une convergence d'opinions plutôt favorables, à mon grand étonnement, sur cet état de fait dans lequel je me trouvais par choix, éthique, raisonné et raisonnable.

Là même où on m'aurait asséné du « il y aura toujours de la salade », « il y aura toujours des graines », on affirma dans cette joyeuse tablée qu'on y arriverait, tôt ou tard. Non, à se contenter de manger de la salade ou des graines, mais au végétarisme, végétalisme, et autres ismes sonnant comme de petites victoires. Pour ma part, c'est encore tard... mais ne soyons pas le lièvre de la fable ; rongeons notre frein en souriant, tout en réexpliquant le pourquoi du comment, et « non, les poissons ne poussent pas sur les arbres ».

L'un des convives avoua également qu'il avait testé les steaks de soja et qu'il avait trouvé ça plutôt bon. Moi de sourire en mon for intérieur, car cela faisait un moment que j'étais passée à autre chose que le steak de soja – qui dépanne, il faut le reconnaître, quand on est en territoire hostile, ou que le choix est limité.

Celle qui avait lancé ce faux débat lui demanda alors s'il avait lu la composition de ce fameux steak. Que nenni. Il ne comprenait rien à cette liste de composés. Ce à quoi elle déclara tout net que ce manque de lisibilité l'empêchait justement de prier l’Église du Saint Soja.

Pour le coup, j'avais franchement envie de rigoler. Si seulement elle savait tout ce qu'on injectait dans le cul des pauvres poules qui ne demandaient rien, ni des pauvres bœufs, ou des cochons. Bref, comme dit le dicton : « C'est l’Hôpital qui se fout de la charité ! ».

Mais ça y était, me convainquais-je à la fin de cette soirée. Cette lente révolution des mentalités. Doucement, ce vent de changement, grâce sans doute aux nombreux documentaires et aux reportages chocs de L214 – que sais-je encore ?

Alors oui, j'avais décrété que je n'en parlerais plus. Mais ce sujet est un sujet qui me tient vraiment à cœur. C'est ma façon à moi de militer pour un monde plus juste, moins barbare, moins cruel. Il se pourrait bien que j'en parle encore, ici ou là comme, par exemple, le prosélytisme des omnivores.

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