Le
titre est une convergence entre ce frétillement que je pressens
depuis quelques temps et un titre de chanson que j'ai largement
emprunté à Scorpions (merci Arte pour ce documentaire samedi soir
sur ce groupe teuton). Et non, ce n'est pas « still
loving you ». Danke schön Herr Klaus Meine.
Il
y a cinq ans, quand j'ai fait mon coming out végétarien,
soit on me riait au nez en pensant que je changerais vite d'avis,
soit en se moquant « gentiment » de moi, ou
méchamment selon le degré de bienveillance de mon interlocuteur. Et
le degré de connerie, il faut bien le dire ici.
Or,
quand on me connaît, je ne suis pas vraiment du genre à changer
d'avis tous les 15 du mois. Je suis peut-être un hérisson, mais
certainement pas une girouette. Et je m'en fous aussi que cela soit
devenu tendance, car je suis quelqu'un de conviction. Comme tel, je
ne fais juste que les appliquer.
Mon
évolution étant ce qu'elle est ; ma réflexion étant ce
qu'elle est, je me considère comme à 95% végétalienne. Le 5%, ne
chipotons pas sur le chiffre – mais encore trop important à mon
goût, est ce chiffre sur lequel je fais un compromis en m'accordant
des écarts... juste végétariens, les écarts. Faut pas déconner
non plus !
Ce
soir là, au restaurant – bistrot gastronomique typiquement
français, avec tout ce que cela comporte, mon implication éthique
est revenue une nouvelle fois sur le tapis. Pas de mon fait, je
l'avoue, mais comme je mangeais différemment... il fallait bien que
l'on parle de quelque chose. J'avais eu la présence d'esprit de
prévenir le chef cuistot de mes habitudes alimentaires. Le chef
m'avait donc concocté un menu végétarien de A à Z, que certains
de mes collègues de table ont jalousé : jolies assiettes,
joliment colorées, largement parfumées. A la réponse habituelle du :
« oui, je suis végétarienne », on lança
le débat. Enfin, en fait de débat, il n'y en eut pas mais plutôt
une convergence d'opinions plutôt favorables, à mon grand
étonnement, sur cet état de fait dans lequel je me trouvais par choix,
éthique, raisonné et raisonnable.
Là
même où on m'aurait asséné du « il y aura toujours de la
salade », « il y aura toujours des graines »,
on affirma dans cette joyeuse tablée qu'on y arriverait, tôt ou
tard. Non, à se contenter de manger de la salade ou des graines,
mais au végétarisme, végétalisme, et autres ismes sonnant
comme de petites victoires. Pour ma part, c'est encore tard... mais
ne soyons pas le lièvre de la fable ; rongeons notre frein en
souriant, tout en réexpliquant le pourquoi du comment, et « non,
les poissons ne poussent pas sur les arbres ».
L'un
des convives avoua également qu'il avait testé les steaks de soja
et qu'il avait trouvé ça plutôt bon. Moi de sourire en mon for
intérieur, car cela faisait un moment que j'étais passée à autre
chose que le steak de soja – qui dépanne, il faut le reconnaître,
quand on est en territoire hostile, ou que le choix est limité.
Celle
qui avait lancé ce faux débat lui demanda alors s'il avait lu la
composition de ce fameux steak. Que nenni. Il ne comprenait rien à
cette liste de composés. Ce à quoi elle déclara tout net que ce
manque de lisibilité l'empêchait justement de prier l’Église du
Saint Soja.
Pour
le coup, j'avais franchement envie de rigoler. Si seulement elle
savait tout ce qu'on injectait dans le cul des pauvres poules qui ne
demandaient rien, ni des pauvres bœufs, ou des cochons. Bref, comme
dit le dicton : « C'est l’Hôpital qui se fout de la
charité ! ».
Mais
ça y était, me convainquais-je à la fin de cette soirée. Cette
lente révolution des mentalités. Doucement, ce vent de changement,
grâce sans doute aux nombreux documentaires et aux reportages chocs
de L214 – que sais-je encore ?
Alors
oui, j'avais décrété que je n'en parlerais plus. Mais ce sujet est
un sujet qui me tient vraiment à cœur. C'est ma façon à moi de
militer pour un monde plus juste, moins barbare, moins cruel. Il se
pourrait bien que j'en parle encore, ici ou là comme, par exemple,
le prosélytisme des omnivores.
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