Posted by ma vie intrepide on 22:59:00 with No comments
A
raison de 10 kilomètres par jour multipliés pour 5 jours dans la
semaine.
A
raison de 4 semaines par mois sur 11 mois pour compter une année -
en réalité un an moins 5 semaines, soit la durée exacte des congés
légaux que chacun(e) de nous a le droit.
Mélangez
toutes les variables - les trajets jusque chez les amis qui habitent
en périphérie ; les déplacements du week end pour se rendre par
exemple dans un magasin de cycle - comme c'est étrange, et vous
obtiendrez ? Additionnez, soustrayez, ajoutez un zeste de cela, une
pincée de ceci et...
Et
vous obtiendrez quoi à la fin ?
2000
kilomètres par an d'efforts sous le froid, le vent, la pluie
mais aussi le soleil ; en baskets, bottines, bottes ou sandalettes ;
avec plusieurs pelures de vêtements ou bien voyager léger, et vous
obtiendrez l'aller retour du Nord jusqu'aux Pyrénées. Ou, si on
voyage plus loin, de Lille jusqu'à Porto sans vol d'oiseau, mais en
ligne droite.
C'est
le calcul auquel je me suis amusée un jour, où je m'ennuyais
certainement, pour me faire une idée du nombre de kilomètres que ma
petite personne accomplit depuis qu'un certain mois de février j'ai
dit oui à ce poste ; à cette ville à 40 kilomètres de moi.
Et,
pour couronner le tout : multipliez 2000 kilomètres x trois ans et
vous obtiendrez ????
Vous
obtiendrez quelle distance pour quelle destination au fait ?
Allez,
à votre tour : quelle distance et quelle destination ?
Posted by ma vie intrepide on 22:26:00 with 2 comments
Lundi
A
l'arrêt du feu, j'attends sagement, juchée sur mon VTT, et je
distingue un attroupement juste en face. Deux camionnettes de
policiers et deux autres qui arrivent en trombe, sirènes hurlantes.
Lorsque je longe la rue Inkerman, le chemin habituel pour
rentrer chez moi, je jette un œil rapide à ma droite et constate la
scène : 4 policiers tentant de maîtriser un jeune homme qui
hurle et insulte à tout va. Spectacle presque ordinaire dans
laquelle la foule, les badauds, s'arrêtent volontiers et y
assistent, comme au spectacle, comme à la télé, sauf que là c'est
la réalité.
Mardi
Je
quitte le travail plus tôt pour raisons pinpinesques – un
rendez vous chez le véto. Pour une fois il y a de la place dans le
wagon à vélos et j'ai pu accrocher le mien sans problème, ni
heurts ni négociations. Arrivés en gare de Lille Flandres, je me
lève afin de décrocher pour récupérer mon bien, mon moyen de
locomotion et, en regardant autour de moi, je finis par sourire :
tous mes co-voyageurs sont penchés sur leur smartphones – à celui
qui envoie un SMS ; à l'autre qui surfe sur Internet
quand la Wi-fi ou la 3G le permettent ; ou encore
à celle qui joue à un de ces jeux addictifs. Moi même je viens de
ranger bien sagement mon téléphone dans son étui protecteur, non
sans avoir consulté mails et joué à un de ces jeux addictifs
durant le trajet.
Et
je me fais cette réflexion : « on a jamais été
autant à l'ère de la communication, et aussi peu communiqué en
vérité ! »
Jeudi
Comme
tous les jours, je longe le canal qui me mène sur mon lieu de
travail. De l’œil gauche, j'entr'aperçois 3 gamins, des ados, pas
plus de 14/15 ans, et une forme allongée dans le parking et sur
laquelle l'un des jeunes donne de violents coups de pieds. Est-ce un
chien ? En tous cas, j'entends un hurlement s'élever, comme une
longue plainte. La plainte de celui que l'on frappe, que l'on
martyrise.
Aussitôt
mon sang ne fait qu'un tour. Aussitôt, je fais demi-tour. Sur mon
vélo, même pas peur. Je m'approche de l'endroit où mes 3 lascars
ont disparus, ainsi que la forme étendue sur le sol. Puis je les
vois, contre le mur, mais plus de forme humaine ni animale. Les 3
lascars éclusent une bouteille de bière. La forme allongée a
repris place au dos de celui qui frappait naguère, un sac. Un
vulgaire sac à dos.
Je
repars, soulagée mais interloquée : à peine 9 heures, de
l'alcool, 14/15 ans ! Et aussi, quelle idée de hurler comme si
quelqu'un était vraiment en danger ?
Mon
cœur, qui battait la chamade – l'adrénaline – va attendre
encore un peu avant de reprendre un rythme normal.
Posted by ma vie intrepide on 22:26:00 with No comments
Les
souvenirs d’enfance sont des plus curieux quand ils vous
reviennent à la surface comme des bulles de savon, légères,
impermanentes, et parfois votre mémoire, pas si bonne que ça, vous
joue des tours. D’autres fois, malgré les années, il est des
souvenirs qui restent de manière indélébile.
J’avais
12 ans à l’époque et j’étais déjà entrée de plein pied au
collège - la 5ème, comme j’étais fière en
trottinant jusqu'au bus malgré mon cartable lourd, bien trop lourd
pour une fille maigrichonne telle que moi. Nous n'étions plus des
bleus, des sixième, mais étions bel et bien passés en classe supérieure.
Quand
je rentrais de mes cours, immanquablement le même rituel se mettait
en place. Mon chien m’accueillait en aboyant gaiement et nous
faisait la fête. C’était un joyeux bâtard entre griffon et
caniche royal avec pour particularité de posséder un nom d’origine
japonaise - le manga était pourtant balbutiant ; qui ne se
souvient pas d’Albator, Goldorak ou capitaine Flam ?
Je
me délestais donc de mon gros cartable, héritée de mes aînés
quand celui-ci n’était pas encore trop abîmé, j’enlevais mon
blouson et mes baskets et je me jetais sur le canapé du salon après
avoir allumé la télévision. La télécommande était des plus
rudimentaires car il fallait se… lever tout simplement et d’appuyer
de toutes ses forces. Un gros poste bombé aux couleurs ternes et
aux boutons de chaînes apparents. Malgré mon profil d’élève
modèle qui ne rechignait pas à faire ses devoirs rapidement, je ne
pouvais manquer mon rendez vous d’après école ; mon rendez
vous avec les programmes enfants d’Antenne 2.
Quand
l’écran s’allumait, je n’étais plus dans le monde tel que je
connaissais, fait de bonnes notes à rendre ; d’adultes à
satisfaire ; de corvée à effectuer comme faire son lit tous
les matins avant de partir ou encore de ces étrangers à qui je
parlais à peine car j’étais trop timide et angoissée. J’étais
sans le savoir une téléphile, voire téléphage assidue et encore
maintenant, malgré la pauvreté des programmes, je ne peux
m’empêcher de mettre en marche ce maudit téléviseur - à la
fois une présence quand je suis seule et des bavardages futiles pour
me vider la tête
Mon
rendez vous avec elle était régulier. Toutes les semaines à la
même heure, tapante, présentée par une Dorothée au
faîte de sa gloire et à qui je pense parfois, encore, avec émotion.
Elle m’a permis de rêvasser des heures grâce à Récré A2,
le paradis des enfants, tout comme l’était également l’île
aux enfants de ce bon vieux monstre orange mais fort sympathique,
j'ai nomméCasimir.
Zora
était une orpheline rousse, rebelle et farouche, comme le chanson de
générique le scandait. Elle et sa bande parcouraient le pays en
vivant des aventures hors du commun pour la gamine que j’étais.
Partout
on les rejetait. Ils étaient poursuivis car ils se nourrissaient en
vivant de vols et menus larcins. Bien que cela paraisse contestable
maintenant au point de vue de la morale, il n’en était rien pour
moi, et il n’en est rien encore aujourd’hui. Cette vie de liberté
me fascinait. Leur périple était extraordinaire. Il leur arrivait
bien plus de choses en une journée que moi en un mois.
Malgré
le nombre réduit d’épisodes, je me souviens encore de cette série
avec une certaine nostalgie. Zora était débrouillarde,
hardie et dévouée aux siens. Elle n’avait peur de rien et moi, à
l’inverse, j’étais une vraie froussarde. C’est sans doute
pourquoi j’aimais tant regarder ses exploits. Pour l’anecdote, je
regardais chaque épisode en mangeant invariablement de la marmelade
dans un morceau de pain. La couleur de cette marmelade avait la
teinte de la chevelure flamboyante de mon héroïne intrépide. Je
peux encore chanter la chanson du générique.
Et
si vous vous souvenez de la farouche Zora, allez-y épatez
moi.
Posted by ma vie intrepide on 23:00:00 with 2 comments
Porto
Même
si techniquement je n’y suis pas née, je suis et reste tout de
même une portiste
dans l’âme. 15km à vol d’oiseau c’est tout petit pour un pays
tel que le mien. Donc Porto parce ma naissance physique (ou presque).
Berlin
Parce
que j’y suis née spirituellement. Que je m’y suis sentie
aussitôt comme un poisson dans l’eau moi qui, comble du destin,
suis toujours infoutue de savoir nager. Et pourtant, dès que mon
avion a atterri et que j’ai vu toutes les lumières - allumées pour
moi qui sait ? - j’ai tout de suite compris que je m’y
sentirais bien. Comme une histoire d’amour brève mais intense qui
ne s’explique pas mais se vit avec chaque parcelle de son corps et
de son cœur.
Amsterdam
Parce
qu’il n’y a pas que le port. Et que tu es une bien jolie dame, ma
chère, quand on y flâne le nez en l’air tandis que le printemps
arrive par vagues.
Lille
Pour
le passé ; le présent ; le futur.
Ma
seconde naissance, avec tous les choix et non choix que j’ai dû
prendre. Les vies et non vies que j’ai vécue. Les routes et non
routes sur lesquelles je me suis aventurée ou déviée.
Je
t’aime toujours MA ville, malgré les coups bas, les coups durs et
les déconfitures, les regrets et les espoirs mort-nés, les
défaites. Mais aussi les jolis moments, les découvertes, les quêtes
sans les conquêtes, les petites victoires, cailloux transparents qui
m’ont permis d’aller jusqu’à moi, mon vrai moi.
Je
suis toujours amoureuse de toi, MA ville, après tout ce temps.
Et
puis il me reste encore à découvrir :
Dublin
Sans
qui mon amour des mots ne serait pas aussi fort, aussi constant,
grâce à toi,
Oscar. W.
Londres
A
un jet d’avion ou un passage « 20000 lieux » sous les
mers. Parce que c’est vraiment toi, de toi qu’est née mon amour
pour la culture anglo-saxonne et que, même si j’ai posé un pied
sur ton aéroport, jamais ô grand jamais je n’ai découvert tes
bas fonds et les tréfonds de ton âme.
San
Francisco
Sans
sa maison bleue adossée à la colline. La liberté, l’égalité
dans l’ensemble de tes communautés. Ton pont et cet esprit
européen qui te caractérise, m’ont toujours raconté ceux qui ont
été là-bas.
Et
New York
Parce
qu’un jour, j’irais là bas. Et tu m’emmèneras. Dis, tu
m’emmèneras ?