mercredi 28 octobre 2009

Box Office

Il y a quelques temps, Miss Boubou avait répondu à un quizz ciné sur demande d'une de ses lectrices, AMF, pour ne pas la nommer. Avec beaucoup de retard, je reprends ce quizz à ma sauce car ne donner qu'un titre pour certaines questions me semble purement un non sens. Oui, je triche, et alors... c'est qui le boss ici ??? Voilà donc mon Box Office à moi qui, vous le verrez, n'a sans doute rien à voir avec le nombre d'entrées en salles. Si le coeur vous en dit, n'hésitez pas à le reprendre à votre compte. Vous verrez, c'est très instructif....

A quel film devez-vous votre premier souvenir de cinéma ?

On commence par du pas glorieux du tout – que voulez vous, c'est la vérité pourtant ! - et le premier qui souris, je l'envoie directement sur mars :). La première fois où j'ai payé ma place de ciné fut pour une séance des "bronzés de Saint Tropez" de Max Pécas. A l'époque, j'avais peu d'argent de poche et le choix de film de ma ville était très limité, dirions nous. Dieu merci, je suis plus sélective désormais...

Quel est le chef-d’œuvre “officiel” qui vous gonfle ?

"Ran" de Kurosawa. On me l'a prêté un soir en pensant que je j'allais ne pas m'ennuyer ; l'effet produit a été inverse : j'ai baillé tout le long du film. Je n'ai pas accroché. Je n'ai pas adhéré.

Quel classique absolu n’avez-vous jamais vu ?

Un film que je possède pourtant et que je n'ai toujours pas regardé, bien que j'ai lu le livre éponyme. Il s'agit de "2001, l'odyssée de l'espace" de Kubrick. J'adore la science fiction, curieusement mais, pour je ne sais quelle obscure raison de mon (non) désir, je n'ai jamais vu ce monument du cinéma mondial. Et pourtant, j'ai déjà visionné à plusieurs reprise le " Blade Runner" de Ridley Scott : allez comprendre !

Quel est le film unanimement jugé mauvais que vous avez “honte” d’aimer ?

Je ne suis pas du style à avoir honte de mes goûts, en l'occurrence mon mauvais goût que j'assume. Aucun titre ne me vient à l'esprit. Je dirais donc une grosse comédie américaine potache très caca prout.

Quel est le film que vous avez le sentiment d’être le seul à aimer ?

Un film méconnu de Jim Jarmush : "down by law". Je ne vous parlerais même pas de "permanent vacation", sa première oeuvre, qui est véritablement un OFNI. J'aime beaucoup l'univers singulier de Jarmush et celui-là est sans conteste celui que j'affectionne le plus. Du côté frenchie, un film qui m'avait marqué à l'époque de son passage télé, est celui de Martine Dugowsnon "Mina Tannenbaum" (rien à voir avec la famille du même nom). Il me semble que c'est la première apparition de Elsa Zylberstein et Romane Borhinger. Peut-être que je m'avance...

Quel film aimeriez-vous faire découvrir au monde entier ?

Un vieux film américain des années 50. Ils ont la particularité de posséder une magie que j'ai du mal à retrouver aujourd'hui. "the ghost and Mrs Muir" de Manckiewciz ; "le Jour à la terre s'arrêta" - le seul, l'unique, de Robert Wise. "Laura" d'Otto Preminger. Dans leur catégories, ce sont de petits bijoux. Plus récemment, parce que j'aime Neil Jordan, je rajouterais "The Crying game", mais aussi "la vie de Brian" des Monty Python – très iconoclaste. Très irrévencieux. J'en redemande....

Quel film montreriez-vous en boucle à votre pire ennemi pour le torturer ?

"Saw 6" pour la rigolade ! Fallait oser le titre tout de même. Plus sérieusement, un film que je n'ai jamais pu voir en entier tellement il provoque le malaise : il s'agit de "salo, les 120 journées de Sodome", parce qu'honnêtement, il faut avoir le coeur bien accroché.

Quel film pourriez-vous regarder tous les jours ?

Le choix est rude. Je pencherais certainement pour une comédie romantique comme savent si bien le faire nos voisins Britons. Pour le moment, "love actually" tient le haut du pavé, suivi de très près par "4 mariages et un enterrement" et " high fidelity".

Quel film faut-il voir pour y découvrir un aspect essentiel de votre personnalité ?

Un grosse claque de cette années cinématographique - enfin 2008 mais je l'ai vu avec du retard, comme toujours : "le premier jour du reste de ta vie" , parce que parfois se souvenir a du bon. Et aussi "eternal sunshine of the spotless mind" parce que la perte du souvenir peut être douloureuse

Quel film vous a-t-il fait verser vos plus grosses larmes ?

J'avoue, j'ai facilement la larme à l'oeil. Mais la première fois que j'ai vu "potins de femmes", au moment où Sally Field hurle sa colère d'avoir perdu sa fille Julia Roberts, j'ai du me réfugier aux toilettes tellement je sanglotais. Bon, à l'époque j'étais très jeune mais dans le fond, ma manière de ressentir un film n'a pas vraiment changé. Ensuite, plus délicat car dans un cinéma, j'ai eu du mal à retenir mon émotion durant le visionnage de " Philadelphia".

Quel film vous a procuré votre plus forte émotion érotique?

"Prick up Your ears" de Stephen Frears, parce que Gary Oldman, parce que le souvenir d'une certaine scène. "Le tango à Paris" et son épisode de beurre frelaté n'a rien provoqué en moi de cet ordre.

Quel film emporteriez-vous sur une île déserte ?

Honnêtement, pour une cinéphage/phile comme moi, c'est la question qui tue. Je dirais donc mon film préféré de tous les temps : "Jules et Jim" et son tourbillon de la vie. Euh, vous êtes certaines que je peux par prendre également mon coffret "des enfants du paradis", non ???

Quel film attendez-vous avec la plus grande impatience ?

J'aurais dis "Inglourious basterds", mais paresseuse de nature, et parce que j'ai déjà vu le film tout compte fait, je dirais désormais "Avatar" de James Cameron programmé l'année prochaine... parce que James Cameron, ça ne s'explique pas : on aime, ou pas !

lundi 26 octobre 2009

Achèvement de cycle

Je ne parlerais pas ici de cycles de lavage - quoique le sujet peut paraître instructif quand on y songe, lorsqu'on parle de température, ou qu'on regarde l'étiquette des matières délicates. Le parallèle finalement n'est pas si loin de la réalité. Je voudrais parler de ce sentiment qu'à un moment précis, tout bascule. Il ne peut s'agir parfois que d'une simple pichenette. D'autres fois, un véritable clash. De cet événement naît une attitude. Se libérer du mal que l'on nous fait, que l'on nous a fait, et toutes les excuses du monde ne peuvent rien changer quand on a le sentiment que quelque chose s'est cassé. J'appelle ça les liens vénéneux et la nécessité de s'en défaire... Ad nauseam.

Je suis peut être campée sur mes positions. Je suis peut être très sévère mais, comme quelqu'un me l'a si bien dit récemment, quelqu'un que j'aime "crécré fort" et qui est loin de moi - elle seule le comprendra : "prends soin de t'entourer des gens qui sont bienveillants avec toi ". Dont acte.

Achèvement de cycle donc.

Le tambour de la machine s'est arrêté. Paré pour l'essorage. Le filtre a bien retiré les salissures. On retire le linge.

Vous voyez, on y vient finalement au cycle de lavage !

jeudi 22 octobre 2009

Cadeau...

...de la maison pour celles et ceux qui n'étaient pas derrière leur petit écran. L'intégrale, soit près de 43 minutes. Enjoy.
PS : il va de soi qu'hier c'était limite si je mettais une pancarte "ne pas déranger" :).

mardi 20 octobre 2009

Invitation au voyage - deuxième partie

Pendant deux jours, la logistique devenait l'affaire de chacun. Il fallait gérer les nombreux arrêts pipi – bien sûr, nous n'avions pas tous envie en même temps ; c'eût été trop facile. Il fallait calculer les pauses déjeuners, scruter la route aux alentours de midi afin de noter les aires d'autoroutes relativement propres dans lesquelles on s'arrêterait, si possible tranquilles.

Pour mon mal de transport, j'avais trouvé une parade. Soit je dormais, soit je regardais le paysage qui m'hypnotisait. La méthode n'était pas efficace à 100 %, il va sans dire... A mesure que les kilomètres s'affichaient au compteur, mon teint devenait dangereusement de plus en plus blanc... et puis, quand on est timide comme moi, y compris dans le cercle familial, je vous laisse visualiser la catastrophe lorsqu'il s'agir d'avouer enfin qu'on est bel et bien malade et que ça commence à faire du grabuge dans l'estomac... amis de la poésie, bonsoir. Pour passer le temps, donc, nous avions coutume de nous amuser à un jeu que beaucoup d'enfants ont sans doute eu l'occasion de jouer une fois enfermés dans ces boîtes de conserve ambulantes. Chacun notre tour, nous devions deviner de quel département venait les voitures d'après leur plaque d'immatriculation, accessoirement de quel pays aussi. A ce jeu je n'étais jamais dans le trio de tête. Plus tard, sur les bancs de la fac, les choses ne sont pas améliorées et j'ai toujours été nulle en géographie - que voulez-vous y faire ?!

Agacé par notre babillage incessant, notre père finissait par nous intimer l'ordre d'arrêter de pinailler ; quand ses limites étaient atteintes, il tournait le bouton de la radio et nous nous taisions alors... enfin tout dépendait du style de musique qui était diffusée. Je me souviens parfaitement d'un voyage au cours duquel nous nous sommes coltinés du Ginette Reno. Je n'ai rien contre cette pauvre Ginette, mais comment dire, ce n'est vraiment pas ma came... je ne sais pas si vous avez eu la chance (?) d'écouter les paroles de ses chansons, il y a de quoi attraper un fou rire quand on est épuisés par le trajet. Et je n'ai même pas honte ! Pour parachever l'histoire du mal de transport, quand nous eûmes le break Volvo, mon plus jeune frère et moi étions toujours sur les "strapontins" qu'on rabattait, en sens inverse de la marche – c'était le modèle qui voulait ça. Ce qui ne m'a pas aidé à guérir ce fichu mal de la route, loin de là. Depuis, dès que je prends le train, je m'arrange toujours pour retirer un billet dans le bon sens. C'est un réflexe chez moi.

2000 kilomètres confinés dans un petit habitacle génère évidemment des conflits, d'autant qu'il est d'usage entre frères et soeurs de s'envoyer continuellement des piques. Chaque fois que nous faisions une pause, c'était donc la possibilité de déverser toute cette énergie en nous dégourdissant les jambes comme de jeunes chiots impatients de récupérer la baballe... d'ailleurs, le chien faisait de même en honorant tous les arbustes des aires de repos.

Justement, parlons-en de ces fameuses aires de repos !

Pour nous, enfants, c'était un mini parc d'attraction. Grâce à ce vieux futé de bison, nous avions la possibilité d'obtenir des cadeaux – pas grand chose, mais nous possédions des échantillons de toute sorte (crème de toilette pour bébé, lotions rafraîchissantes) qui nous faisait parfois office de monnaie d'échange – changer de place dans la voiture par exemple. La nuit, ces aires étaient traversés de milles bruits plus ou moins rassurants, entre ronflements et cris de chouettes, sans compter la voracité des moustiques – qu'ils soient français, espagnols, ou portugais, ces bestioles n'en n'ont cure de votre nationalité ou de la langue que vous parlez. L'escadron faisait une razzia directement sur moi... forcément, donneuse universelle.

Quant à l'hygiène durant un tel voyage de deux jours, on peut évoquer délicatement les lavabos bouchés ou à la propreté douteuse aussi et, quand par miracle il y avait une douche, c'était Byzance mais la file était longue avant de profiter des bienfaits de l'eau lorsqu'il en restait justement, de l'eau chaude. Par la suite, avec la caravane, les conditions s'amélioreraient nettement.

Au bout d'environ 48 heures de route, nous arrivions enfin en vue de la terre natale. Dès qu'on était en Espagne, nous étions déjà dépaysés par les sonorités gutturales des habitants, et leur monnaie, larges billets neufs craquant sous nos doigts, que nous dépensions allègrement en sucreries écoeurantes et en eaux pétillantes. L'arrivée à la frontière portugaise nous électrisait davantage. J'essayais de faire en sorte de rester éveillée lors de ce passage pour je ne sais quelle raison. Voir tous ces phares allumés les uns à la suite des autres et le douanier, qui tendait la main à travers la vitre baissée afin de vérifier nos passeports, avait quelque chose d'émouvant. Nous savions alors que, ça y était, nous étions en vacances et que bientôt nous allions nous replonger dans nos souvenirs d'enfance parmi nos cousins du Portugal.

A suivre...

lundi 19 octobre 2009

Bad trip

Si les personnes qui sont censées nous aimer nous font du mal, vers qui se tourner alors ? Si vous avez la réponse, faites le moi savoir... Faudrait qu'on m'explique le fameux "c'est pour ton bien" : lequel, le tien ou le mien ? Si c'est pour te sentir mieux que tu me fais du mal, alors je préfère rester loin de toi.

Ce soir, je suis blasée.

samedi 17 octobre 2009

A l'essai


Je te propose de me prendre à l'essai un mois ou deux renouvelables, plus si affinités. Je te promets de t'être loyale et de ne rien te cacher. Pas besoin de signer de  contrat sur un bout de papier pour te notifier noir sur blanc ce que je ressens à l'instant. Je veux juste être avec toi ; savoir que tu es à côté de moi dans mon lit ou moi dans le tien. Juste ça, toi et moi.
Te faire rire, ça je sais. T'écouter je peux aussi. Me lever pour t'accompagner dès que tu pars, dans le froid, le vent, la grêle, la tempête ou l'orage... je sais faire aussi. Je veux être ton soleil après la pluie, ta nuit et tes jours. Ton réconfort, ton tourbillon de la vie. Je te dirais les mots au moment où il le faut. Mais peut-être que tout cela n'est qu'un rêve, alors, si c'est le cas, laisse moi me rendormir ; laisse moi me plonger dans le songe d'une nuit d'été. Laisse moi me dire que ces tous ces regards qui se croisent, le tien et le mien, ne sont que pour moi, ainsi que ces sourires coquins. Tu es la charmeuse, celle par qui mon coeur fait des siennes en battant de manière arythmique.
Prends moi à l'essai, une nuit ou quarante jours. Un moment ou à plein temps. A demeure ou de loin en loin, pour nous retrouver sur le quai d'une gare ou dans ce bar ; dans mes bras ou dans les tiens, Madame, puisque tu préfères le Madame au Mademoiselle. Sois ma dame ; mets moi échec et mat, car déjà je suis pat.

mercredi 14 octobre 2009

Azulejo*

Pour rebondir sur les "pots cassés" de Boubou, je voulais moi aussi apporter mes impressions en tant que fille d'immigrée, immigrée moi même par la force des choses puisque contrairement à elle, je suis née là bas – 2000 bornes à vol de pigeon, bienvenue chez Air Portugal. D'ailleurs c'est grâce à une discussion via msn que nous avions eue l'idée d'écrire un billet là dessus. Pour tout français de souche, la question ne se pose pas comme l'a si justement soulevé Sébastien. Dans une moindre mesure, en tant que petite portugaise mal fagotée et pas à l'aise, j'ai eu droit à mon lot de réflexions toutes aussi débiles les unes que les autres. Et des fois, honnêtement, il vaut mieux être sourde comme ce cher Ludwig, que d'entendre de telles bêtises.

L'avantage principal, il faut bien le dire, c'est qu'étant de confession catholique, il est plus facile de s'adapter à un pays qui est majoritairement de même confession que la vôtre. Encore que, même maintenant je cherche toujours la mienne, de religion, me considérant avant tout comme déiste plutôt que réellement catholique, malgré un parcours des plus classiques (baptême, communion et j'en passe). Mais ceci est une autre histoire, juste pour souligner le fait que, non, on n'est pas toutes et tous forcément ultra pratiquants parce qu'on vient de là bas.

L'apprentissage de la langue française a été très facile. En tant qu'étrangère – sic – le français est devenu pour moi ma langue d'adoption et, je le crains – hélas, je le parle bien mieux que ma langue maternelle, un comble ! La faute à personne ou plutôt au fait qu'il fallait tout simplement s'adapter le plus rapidement possible... et puis mes parents ne nous parlaient pas souvent en portugais ; pourtant cela me revient doucement mais quand je le parle, c'est avec un accent à couper au couteau.

Durant ma scolarité, mon patronyme m'a souvent posé problème. J'aime mon nom, hein, mais au regard de l'administration, j'ai toutes les peines du monde parfois à mettre mon nom au complet dans les petites cases que l'on veut bien m'attribuer. La plupart du temps, mes petits camarades écorchaient mon patronyme qui, franchement quand on le traduit, est des plus banal. Par dessus le marché, pour l'état civil portugais, nous héritons toujours du nom paternel et maternel. Je m'explique, d'abord vient celui de la mère, ensuite celui du père. J'ai donc un nom composé mais, fainéantise ou pas, les gens s'arrêtent tout le temps à mon premier patronyme – imaginez la tête de mon père qui n'est même pas mentionné, y compris par moi qui cède parfois à cette facilité...

Malgré ma bonne intégration à la société française, je le suis devenue il y a 13 ans en la demandant, j'ai quand même eu le droit à mon lot de remarques déplaisantes. Les "la valise en carton", "retourne dans ton pays" par un gamin bien plus jeune que moi, ou les plaisanteries douteuses sur ma supposée pilosité excessive, j'y ai eu droit. Préjugés quand tu nous tiens ! Durant l'enfance et l'adolescence, ce sont des remarques qui vous blessent indubitablement et durablement. Aujourd'hui, je ne réponds pas ; c'est stérile et je laisse les imbéciles à leur imbécilités. J'ai fait des études sans ne rien devoir à personne, à force de volonté et parce que j'aimais ça tout simplement – en ce sens je rejoints tout à fait Boubou, et je ne suis pas non plus aigrie en posant ce parcours noir sur blanc.

J'ai eu de la chance d'avoir une famille relativement ouverte qui ne m'a jamais imposé de suivre des préceptes religieux à la lettre – n'oubliez pas que le Portugal reste encore très ancré dans un ultra catholicisme que je déplore. J'ai le même sentiment que Boubou quand elle nous dit qu'elle se sent le cul entre deux chaises. Je l'ai déjà écrit ailleurs : ici ni toute à fait française, là bas plus tout à fait portugaise. Comme si un être humain résidait uniquement dans le lieu de sa naissance et non dans un ensemble – ses convictions, ce qu'il peut apporter comme richesse intellectuelle, culturelle ou par le travail.

Avec l'âge, cette dualité se gomme en un savant brassage de toutes mes influences. Je m'intéresse de plus en plus à mon histoire, mon passé, ce petit bout de terre à deux mille kilomètres de moi. J'essaie de partager, d'apporter ma voix, mon expérience.

En conclusion, je suis certes bien enracinée en France, mon pays d'adoption, mais je n'en oublie pas pour autant qu'il me reste un cep... un cep de porto. Le vin et ma ville, pour terminer par un petit pied de nez.

* L'aluzejo est une faïence de couleur bleue, que nous ont laissé en héritage les maures.

samedi 10 octobre 2009

Les pots cassés

Mes parents sont nés au Maroc et je suis née en France, je suis donc issue de ce qu’on appelle « la deuxième génération ».

J’ai la double nationalité et une double culture. Je fais sans cesse le grand écart entre l’Orient et l’Occident (tout ça pour ne pas dire que j’ai le c*l entre deux chaises ! Ah si, c’est dit !). Cela a ses avantages mais aussi ses inconvénients. C’est en ce sens que je dis que nous sommes la génération qui payons les pots cassés.

Commençons par les inconvénients : mes parents ont des traditions qui peuvent être pesantes quand on vit dans un pays occidental.

Mes parents se sont toujours « excusés » d’être en France, ils ne se sont jamais sentis à leur place, il ne faut surtout pas se faire remarquer, ne pas poser de problèmes et certains, malheureusement, ont en profité. C’est quelque chose que j’ai du mal à admettre. Après tout, je ne dois rien à personne, tout ce que je fais, je le fais sans l’aide de personne (études, boulot…). Attention, je ne suis pas aigrie, loin de là ! Je suis très heureuse de vivre en France, je crois aux valeurs républicaines et démocratiques (je dois être la seule à y croire encore!) et je crois énormément à l’ascenseur social qu’est l’école (j’en suis la preuve!)

Un autre inconvénient, de taille celui-là, c’est que je ne me sens ni totalement française (même si j’ai la nationalité française et même si je suis née et ai grandi en France, j’ai beaucoup de mal à me définir totalement française, j’ai un physique, un patronyme et une religion qui diffèrent pas mal !) mais je ne me sens pas totalement marocaine non plus (je considère le Maroc comme le pays de mes parents et de la famille de mes parents et comme le pays de mes vacances d’enfance). Quand je suis en France, je suis considérée comme « étrangère » et quand je suis au Maroc, c’est la même chose !

C’est difficile à expliquer ce que je peux ressentir, je ne suis pas malheureuse, loin de là! Mais les choses n’ont pas été faciles pour moi. Comme mes parents, je ne me suis jamais sentie à ma place, ni en France, ni au Maroc, ni auprès des français, ni auprès des marocains. J’envie mes cousins et mes cousines qui sont nées et ont grandi au Maroc, pour eux leur présence est légitime, c’est leur pays. Pas pour moi.

Mais je sais que mes enfants se sentiront plus français que moi et mes petits-enfants aussi, etc… ils se poseront moins de questions et c’est tant mieux !

Mais cela a aussi ses avantages : j’ai une double culture, une double langue, une double nationalité… Je m’adapte très facilement selon les situations, j’arrive à passer du français à l’arabe (même si mon arabe est de plus en plus bancal !), je vois ce qui se passe ailleurs et j’apprends à relativiser pas mal. J’ai une vision orientale sur certains aspects et une vision occidentale sur d’autres. J’ai également des valeurs orientales et des valeurs occidentales.

Je suis riche de tout cela même si parfois ce n’est pas évident de jongler entre les deux !

Une fille du soleil

Mademoiselle B, Boubou ou Bouchera est, comme moi, une fille du soleil. Nous avons des points communs car toutes deux venues d'ailleurs par la force des choses, ou plutôt la volonté parentale. C'est en cliquant sur des liens, puis d'autres liens que je suis tombée nez à nez, ou plutôt clic à clic dans son chez elle où elle décrit par petites notes, ses envies, son quotidien, ses emmerdes. Elle nous fait découvrir également ses horizons musicaux... d'ailleurs, c'est avec plaisir que je participe régulièrement aux quizz – plaisir et "creusage" de cervelle... ou plutôt ouverture grande d'oreilles. Je vous invite à y faire un tour, c'est par ici... et n'oubliez pas le guide.

De fil en aiguille, nous avons commencé à broder une jolie histoire d'amitié, certes virtuelle pour le moment, mais si d'aventure il m'arrive de descendre dans le midi... en fait non, je préfère le sud de Nino, si d'aventure je descends donc, je n'hésiterais pas à frapper à sa porte afin de boire un thé à la menthe et de continuer nos conversations animées. J'ose espérer qu'elle fera de même. Je pourrais lu prêter une petite laine s'il fait trop froid. Par dessus le marché, mademoiselle B. est une des rares à avoir vu mon vrai visage. Pourquoi, vous pensiez sincèrement que je ressemble à ce chien nonchalant toujours happy ?

Je veux donc vous faire partager ici un peu de sa vie, et de sa réflexion sur le sentiment que nous avons de n' être pas tout à fait d'ici, mais plus vraiment d'ailleurs.

mercredi 7 octobre 2009

Un

Il paraît que ça fait un an que ce blog existe, il paraît... Même si j'avais commencé à écrire des articles ici et là un peu avant. Quoiqu'il en soit, le premier billet a été publié à cette date. Le suivant le même jour dans la foulée. Bon, évidemment on va souffler les bougies tous ensemble sur ce magnifique gâteau virtuel que j'ai préparé de mes petites mains agiles. Bon évidemment, je vais vous faire travailler un peu. Pour l'instant je réfléchis à ce que je vais pouvoir vous demander - chouette un concours !

lundi 5 octobre 2009

L'oeil du photographe

J'ai toujours admiré les personnes qui, d'un simple coup d'oeil, sont capables de saisir l'instant lorsque celui-ci est magique. C'est simple, je n'y arrive pas. Bien sûr, grâce aux nouveaux appareils numériques, il est bien plus facile de prendre un cliché sur le vif et parfois je ne suis pas trop insatisfaite, mais tout de même, cet oeil du photographe, je ne l'ai pas, encore moins comme ce jeune homme dont l'un des derniers clichés est tout simplement magnifique. Bien sûr, allez-vous me rétorquer, on ne peut pas tout avoir. J'en suis consciente. Bien sûr aussi, il m'arrive fréquemment, quand l'attente se fait trop longue dans une gare ou un quai de métro, de croquer mentalement les passagers qui m'entourent, en tentant d'imaginer un bout de leur vie, de deviner où ils se rendent - pressés ? Pas pressés ? Distraits ? Affairés ? Angoissés ? Timides ? Amoureux ? Heureux ?

Bien sûr aussi, je dois un minimum exercer mon regard quand il s'agit de dessiner un portrait, même si la plupart du temps celui-ci sort tout droit de mon imagination désormais. Mais rien à faire, cet oeil qui permet de saisir le centième de seconde où la pose sera idéale, où la lumière sera la meilleure, je n'y arrive tout simplement pas. Encore moins lorsqu'il s'agit de diriger le modèle afin que le cliché ressemble le plus à ce qu'il devrait car, nous ne leurrons pas, la perfection n'existe pas vraiment, tout au plus l'approche t'on. Parfois je m'arrête longuement sur ces photos éclatantes de vie - un sourire lumineux, un regard troublant ou malicieux ; en noir et blanc avec cet aspect granuleux des photos d'antan en sépia ; des paysages que l'on redécouvre comme si c'était la première fois, comme s'ils n'existaient pas sur cette terre. Et encore je ne parle pas d'iso ou de focale, tous ces termes techniques que je ne possède aucunement.

Tout ça pour vous dire que je suis admirative de ces gens qui ont cet oeil, d'autant plus quand l'image est si bien prise qu'elle évoque immanquablement un souvenir ou provoque une émotion.

samedi 3 octobre 2009

Invitation au voyage - 1ère partie

Pour initier mes "sucreries et autres douceurs", je vais commencer par décrire un peu la fièvre qui nous prenait quand, enfants, nous étions en Grandes Vacances et, par là, je précise qu'il s'agit des fois où nous nous rendions dans notre pays natal. Ces souvenirs se composent en plusieurs billets. En voici le premier.

Les grandes vacances qui arrivaient à grands pas et la perspective de revenir dans notre pays natal était toute une épopée.

A l'époque, il n'y avait pas encore véritablement de vol régulier pour le Portugal, aussi nos parents chargeaient la voiture familiale la veille du départ. Je me souviens notamment d'une Ford Taunus bien fatiguée qui nous a fait tout de même quelques années. Le vieux break était gonflé à bloc car il fallait non seulement prendre nos affaires pour un mois, mais ramener aussi des cadeaux pour la famille restée là bas. Ensuite, avec l'ajout d'une caravane, la chose s'avérerait plus aisée y compris pour la délicate question du couchage durant le trajet. Encore aujourd'hui, mon père refuse de céder à la facilité de l'avion et prend toujours son véhicule afin de s'y rendre – question de mobilité, d'indépendance... et puis les habitudes sont bien ancrées.

La veille du départ, donc, après que nous ayons aidé notre mère à préparer les sandwichs du lendemain – encore que "aider" est un bien grand mot, nous nous couchions exténués extrêmement tôt étant donné que l'heure du lever était bloquée à 4 heures du matin tapantes. Je ne sais pas si vous avez l'habitude de conduire pendant les mois de juillet et d'août, mais partir dans la fraîcheur de la nuit nous permettait de mettre en échec la fournaise de la journée. Il faut bien dire aussi qu'ainsi nous évitions les embouteillages du côté du périphérique – c'est bien connu, Paris c'est l'enfer !

Malgré la perspective que le lendemain nous devions nous lever aux aurores, nous avions du mal à trouver le sommeil. L'excitation du voyage, la joie de retrouver notre famille et le sentiment de savoir que nous étions enfin en vacances même si les derniers cours de l'année était loin derrière nous, tout cela mélangé nous empêchaient de trouver un sommeil réparateur – ce qui d'ailleurs arrangeait mon père afin de se concentrer sur la conduite. Jusque minuit, la chambre résonnait de nos bavardages incessants et nos parents venaient souvent nous rappeler à l'ordre.

Le lendemain, après une courte nuit, c'est avec une grande fébrilité que nous préparions pour notre long périple de deux jours en voiture.

C'était alors le pied de guerre et le défilé dans la salle de bains. Il fallait faire vite car nous étions nombreux, 6 enfants et deux adultes, sans compter le chien. Pour ma part, j'avais toutes les peines du monde à avaler quoi que ce soit au petit déjeuner malgré les conseils avisés de ma mère qui m'exhortait à ne pas partir l'estomac vide. Enfant, j'étais ce que l'on peut qualifier de malade des transports. Le moindre trajet et je devenais livide. La vraie inconnue du voyage, c'était donc moi. Combien de temps tiendrais-je le coup et à quel moment exactement demanderais-je d'arrêter la voiture ? Heureusement, maintenant j'ai le ventre mieux accroché et, à moins d'être ivre ou pas dans mon assiette, prendre la voiture ne me pose plus aucun problème. Il paraît que c'est une question d'équilibre interne.

Après le check up d'usage – tout était-il bien éteint ? Les volets étaient-ils bien ouverts à moitié ? Les portes donnant sur le jardin étaient-elles bien fermées à double tour ? Avions-nous remis un double des clés à nos voisins afin qu'ils viennent arroser les plantes, relever le courrier ? - après ce check up donc, nous étions enfin prêts pour la Grande Aventure.

A suivre...